Mort le vendredi vers la troisième heure après midi, Jésus n’est plus là où on l’avait déposé quand les femmes viennent au tombeau le dimanche. Le Sauveur est donc ressuscité deux jours après sa mort selon le mode actuel de calcul. Les évangiles parlent cependant du "troisième jour". Ce qui pourrait sembler incongru n’est pourtant pas anecdotique mais fortement symbolique : les jours, dans la tradition juive, commencent la veille au soir. Encore aujourd’hui, en Israël, le shabbat et les grandes fêtes sont chômées d’une tombée de la nuit à l’autre.
Déjà dans l’Ancienne alliance, la nuit est associée au mal. Et, donc, au combat spirituel, comme l’atteste la scène biblique de la lutte de Jacob avec une créature indéterminée (cf. Gn chap. 32). L’arrivée du jour vient ainsi rappeler que Dieu demeure auprès de son peuple malgré les ténèbres, et qu’il aide l’homme à sortir vainqueur de ses épreuves. Dans une logique néotestamentaire, le matin de Pâques est l’archétype de tous les autres matins ; le Soleil levant est désormais le Christ lui-même venu sauver les hommes du péché et de la mort.
De “premières” vêpres pour inaugurer un nouveau jour
Ainsi explique-t-on que le dimanche, jour honorant la résurrection dans la semaine chrétienne, commence la veille au soir. Comme pour les solennités, mais non pas les fêtes liturgiques, on dit alors des "premières" vêpres, qui inaugurent un nouveau jour…la veille.
Voilà expliquées quelques déconvenues, quand on pense par exemple venir pour la messe de la saint Ambroise un 7 décembre à 18h30, mais qu’il s’agit en fait de la messe solennelle de l’Immaculée conception. Cela dit, la chose n’est le cas que si l’on a dit avant – le célébrant tout du moins – lesdites premières vêpres. Voilà aussi justifiée l’existence de messes faussement dites "anticipées" dans les paroisses le samedi soir. Liturgiquement, elles ont bien lieu le dimanche, même si elles ne doivent pas réduire le jour de la Résurrection à une facilité horaire.