Lors de la conférence de presse dans l'avion qui le ramenait à Rome, le pape François n’a laissé aucune ambiguïté sur ses intentions, assénant par deux fois son verdict : « Je ne viendrai pas à Paris » pour la réouverture de Notre-Dame de Paris le 8 décembre prochain. Il a parlé plus longuement du cas de l'abbé Pierre, accusé de violences sexuelles sur des femmes et des enfants. Le pape François a décrit ce cas comme « très douloureux, très délicat ». « C’est un homme qui a fait tant de bien, mais c’est aussi un pécheur », a-t-il commenté, y voyant une défaillance propre à la « condition humaine ».
« Je suis heureux quand ces cas sortent », a déclaré le pontife, qui a dit ne pas savoir quand le Vatican avait découvert l’affaire. « Je ne sais pas parce que je n’étais pas là et l’idée de faire des recherches là-dessus ne m’est jamais venue à l’esprit, mais certainement après la mort c’est certain. Mais avant, je ne sais pas », a-t-il assuré. Il a expliqué qu’il fallait poursuivre le travail contre tous les types d’abus. Il a élargi la problématique à ce qu’il a désigné comme des abus sociaux ou éducatifs « qui veulent changer la mentalité des gens ou attenter à leur liberté ».
La réponse du pape sur l’abbé Pierre, qualifié de « terrible pécheur », a été écourtée par des secousses dues aux conditions météorologiques, obligeant le commandant de bord à interrompre la conférence de presse. « Ta question a provoqué des turbulences », a lancé le pape au journaliste.
Sa déclaration d’amour à la Chine
Par le passé, le pape François a exprimé plusieurs fois sa volonté de se rendre en Chine. Il a de nouveau exprimé son attachement pour ce pays en répondant dans l’avion à une question de Stefania Falasca, vaticaniste italienne mais correspondante pour Tianou Zhiku, un média lié au ministère des Affaires étrangères chinois. Il a ainsi confié que ce pays est pour lui à la fois "un rêve", "une promesse et une espérance". "J’admire la Chine, je respecte la Chine", a-t-il insisté. Il a loué son histoire millénaire mais aussi sa "capacité de dialogue" malgré "les différents systèmes démocratiques qu’elle a eus".
Le pontife a ensuite salué la "bonne volonté" à l’œuvre concernant le processus de nomination des évêques, fruit de l’accord secret ratifié par la Chine et le Saint-Siège en 2018 et qui pourrait être renouvelé pour la troisième fois consécutive en octobre prochain. "J’ai entendu comment vont les choses de la part de la secrétairerie d’État et je suis content", a-t-il expliqué.
Kamala Harris ou Donald Trump ?
Interrogé sur le dilemme que doivent affronter les catholiques américains, appelés à choisir prochainement entre une candidate qui défend l’avortement – la démocrate Kamala Harris – et un candidat qui veut expulser des migrants – le républicain Donald Trump –, le pape François a rappelé que ces deux lignes politiques étaient "contre la vie", et a appelé à choisir le "moindre mal". "Il faut voter", a insisté le pape argentin, refusant de donner une consigne de vote. "Qui est le moindre mal ? Cette dame, ou ce monsieur ? Je ne sais pas. Chacun, en conscience, pense et agit", a-t-il déclaré.
Le pontife a évoqué sa visite de la frontière avec le Mexique lors de sa visite en 2016, à proximité d’El Paso. Il s’est souvenu des "chaussures" perdues sur les rives du Rio Grande par des migrants qui avaient "mal fini". "La migration est un droit, un droit qu’on retrouve déjà, dans les Écritures saintes, dans l’Ancien Testament", a-t-il insisté, dénonçant l’esclavage que subissent aujourd’hui certains migrants en Amérique centrale.
S’en prenant à un argument de campagne porté par la candidate démocrate Kamala Harris, le pape a réitéré sa position intransigeante : "faire un avortement c’est tuer un être humain. La parole te plaît ou elle ne te plaît pas, mais c’est tuer". Il a critiqué ceux qui voient en l’Église une institution "fermée" en raison de cette position. "Renvoyer un enfant du sein de sa maman, c’est un assassinat", a-t-il martelé.