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En Indonésie, l’appel du Pape au dialogue

Pope Francis looks at a gift presented by Indonesia's Deputy Minister of Religious Affairs Saiful Rahmat Dasuki during an inter-religious meeting at the Istiqlal Mosque in Jakarta on September 5, 2024.

François reçoit un cadeau des mains du ministre des affaires religieuses en Indonésie, 5 septembre 2024.

Jean-Baptiste Noé - publié le 11/09/24
La première étape du voyage du pape François aux frontières de l’Asie et de l’Océanie s’est achevée en Indonésie par un appel au dialogue, dans le droit fil de ses priorités : rencontre avec les autorités musulmanes, attention portée à l’écologie, visite aux minorités chrétiennes.

François a pu honorer sa promesse : en Indonésie, première étape de son voyage en Asie, il a rencontré le pays musulman le plus grand du monde. Un déplacement difficile pour un homme de 87 ans à la santé déclinante, pour le périple le plus long de son pontificat. Ce voyage s’est inscrit pleinement dans les thèmes que François porte depuis le début de son pontificat : sa volonté de se rendre dans des pays périphériques de la catholicité, de promouvoir le dialogue, de tisser les plans prophétiques du monde à venir. La dernière visite d’un pape en Indonésie remonte à 1989. Jean-Paul II s’était alors rendu dans cet archipel qui comprend 3% de catholiques. Un autre temps pour un monde qui était autre. 

Beaucoup de choses ont changé depuis, notamment le déploiement de l’islamisme. L’Indonésie n’est pas épargnée par ces tensions religieuses : la Jemaah Islamiyah s’infiltre dans le pays, des chefs religieux formés en Arabie saoudite apportent avec eux leur conception de l’islam, la charia est instaurée dans certaines îles. L’équilibre fragile de ce pays est ainsi menacé. Or ce qui se passe en Indonésie, avec ses 270 millions d’habitants, a nécessairement des répercussions sur le reste du monde musulman.

Nécessité du dialogue

Pour être compris, ce périple indonésien doit être placé dans le contexte des précédents voyages de François, et notamment ses séjours aux Émirats arabes unis (EAU, février 2019) et au Kazakhstan (septembre 2022). Un même fil rouge relie ces voyages : celui de la nécessité du dialogue. Face aux talibans, à Boko Haram, au Hamas, à l’État islamique, il est crucial de mettre en avant les dirigeants musulmans responsables, de leur donner la parole et de tisser un dialogue avec eux. C’est le pari diplomatique suivi par le cardinal Jean-Louis Tauran (1943-2018), qui a structuré la diplomatie pontificale en matière de dialogue interreligieux.

Aux EAU, François avait rencontré le grand imam de la mosquée Al-Azhar du Caire, Ahmed el-Tayeb pour signer le document sur « La fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune ». À Astana, il avait participé au Congrès des responsables des religions mondiales et traditionnelles, là aussi pour parler de la paix et de la coexistence pacifique. Jakarta en 2024 est dans la prolongation de ces voyages. François veut casser l’idée selon laquelle le monde musulman serait un bloc uniforme et identique. Bien au contraire. L’islam n’est pas vécu de la même façon dans le monde asiatique, dans les plaines de l’Eurasie ou sur les rives de la Méditerranée. Là où les islamistes veulent créer une oumma internationale pour créer une guerre mondiale dont ils seraient les acteurs, François insiste sur la diversité des cultures et des traditions historiques et mettre en avant les praticiens d’un islam non violent. Cette politique de la main tendue peut paraître irénique, voire irréaliste. Elle l’est de fait un peu, il y a une part de rêverie dans l’idée que les tensions mondiales pourraient disparaître et qu’une paix universelle pourrait émerger. Mais il n’y a pas d’autre alternative. Le dialogue est une nécessité : soit il y a dialogue, soit il y a la guerre.    

Tunnel de l’Amitié

Ce dialogue est symbolisé par la construction d’un "Tunnel de l’Amitié", réalisée à la demande du président indonésien Joko Widodo, qui relie la cathédrale de Jakarta à la grande mosquée de la capitale. Un chemin d’une centaine de mètres qui symbolise l’amitié et la fraternité humaine. Le tunnel a été béni par François, en présence du grand imam de Jakarta. Preuve là aussi qu’il est possible de s’entendre entre confessions différentes et que la guerre n’est pas une fatalité. Le pape et l’imam ont ensuite ratifié un appel conjoint "contre l’instrumentalisation religieuse des conflits". Dans cette "Déclaration d'Istiqlal", les deux signataires s'inquiètent de la "déshumanisation" liée à la "généralisation des conflits et de la violence". Ils demandent également à mieux prendre en considération l’environnement et à prendre soin de la nature afin de pouvoir prendre soin de l’homme. Des thèmes qui sont une constante du pontificat de François, témoignant de son espérance continue dans la paix et la coexistence mondiale. 

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