Les Jeux paralympiques vont bientôt se terminer. On y a vu d’authentiques athlètes dépasser leur handicap en suscitant l’admiration du monde entier. Une surprise pourtant chez certains commentateurs : les sportifs déficients mentaux n’y sont pas admis. Cela peut en effet étonner. En réalité, cela est dû au fait que les personnes en situation de handicap mental ont déjà leurs Olympiades : les Jeux Olympiques spéciaux, plus connus sous leur nom anglais : Specials Olympics.
"Concourir avec courage"
Créé aux États-Unis en 1968, le mouvement des Jeux Olympiques spéciaux est présent dans 172 pays. Il s’adresse à plus de quatre millions de sportifs, 7.000 participent aux Jeux d’été et 2.500 aux Jeux d’hiver. On y compte trente disciplines olympiques. Sa devise est : "Donnez-moi l'occasion de gagner. Mais si je n'y arrive pas, donnez-moi la chance de concourir avec courage." Les Specials Olympics ont été créés par Eunice Kennedy Shriver et son mari Sargent. Eunice était la sœur du président John Fitzgerald Kennedy. Quant à Sargent Shriver, il est connu comme le premier directeur des Peace Corps, organisation de coopération américaine fondée par JFK. Il fut membre du gouvernement de Lyndon Johnson en charge de la "guerre contre la pauvreté".
Eunice Kennedy Shriver présidait quant à elle la Fondation Joseph Kennedy Jr pour les personnes en situation de handicap mental. La famille Kennedy était très sensible à leur cause en raison de Rosemary, la sœur d’Eunice, déficiente en raison d’une lobotomie (la médecine de l’époque avait des pratiques cruelles abandonnées depuis). Eunice commence par organiser un camp sportif pour une trentaine de personnes en 1961 chez elle, dans le Maryland. Elle continue les années suivantes avec des "Camps Shriver" qui deviennent en 1968 les premiers "Jeux Olympiques spéciaux".
Protection du plus faible et solidarité
Le couple Shriver est connu pour sa foi chrétienne, Sargent était d’ailleurs Chevalier de Colomb. La création des Specials Olympics était motivée chez les Shriver par l’idée que toute vie vaut la peine d’être vécue et que les personnes avec un handicap mental peuvent accomplir de grandes et belles choses dans leur vie. Le mouvement est apolitique, mais il est juste de rappeler que Sargent Shriver était un homme politique pro-life, co-signataire avec Eunice et d’autres personnalités, d’une longue tribune dans le New York Times, appelant à mettre un terme à la jurisprudence Roe v Wade. Sous le titre "For a new american Compact", la tribune proposait un nouveau contrat social américain fondé sur la protection du plus faible et la solidarité. Malheureusement, le Parti démocrate auquel appartenait Sargent et Eunice a évolué vers une direction pro-choice comme le confirme l’actuelle campagne présidentielle américaine.
