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[HOMÉLIE] Face aux hypocrites, Jésus sort l’artillerie lourde

jésus et les pharisiens

Les pharisiens questionnent Jésus par James Tissot.

Gaëtan de Bodard - publié le 31/08/24
Aumônier de la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, le père Gaëtan de Bodard commente les lectures du 22e dimanche du temps ordinaire. Mettre la Parole de Dieu en pratique, avec cœur et non par devoir, voilà ce qui fait de nous des hommes libres !

Visiblement, les vacances sont terminées et bien terminées ! Après le chapitre 6 de l’évangile selon saint Jean, nous retrouvons l’évangile selon saint Marc que nous allons suivre pendant plusieurs semaines. D’emblée, ce passage d’évangile met les choses au carré, un peu comme ces professeurs qui veulent prendre leur classe en main dès leur rentrée dans la salle de cours : "Sortez une feuille : interro surprise !" Ceux qui viennent de Jérusalem pour rencontrer Jésus, ce n’est pas n’importe qui. Il s’agit d’une part de "pharisiens", ces juifs pieux, très attentifs au respect de la Loi, et, d’autre part, de "quelques scribes" qui sont ces spécialistes de la Loi, proches des milieux érudits et sacerdotaux, des docteurs et des prêtres du Temple. 

Jésus connaît le cœur des hommes 

C’est la première rencontre entre les membres de l’intelligentsia religieuse de Jérusalem et Notre Seigneur. Sans doute sont-ils missionnés pour venir tâter le terrain, pour sentir les choses et revenir auprès des grands-prêtres avec des éléments qui permettront de mieux comprendre qui est ce Jésus de Nazareth et quelle est la mission que s’est donnée ce prédicateur qui, décidément, commence à faire parler de Lui. On aurait pu imaginer que pour cette première rencontre, Jésus ferait le choix de jouer sur du velours, tout en délicatesse, pour donner de Lui une image nette, lisse, policée. Les informateurs seraient repartis à Jérusalem avec des informations rassurantes sur ce nouveau prédicateur. Eh bien ! pas du tout. À leur question quelque peu formaliste, portant sur des points du rituel, Jésus sort l’artillerie lourde : "Hypocrites ! Vous laissez le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes !" (Mc 7, 8).

« Hypocrites ! Vous laissez le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition des hommes ! »

Se trompe-t-Il, y va-t-Il trop fort ? Bien sûr que non : Jésus connaît le cœur des hommes, Il sait quelles sont leurs pensées intimes, Il lit dans leur for interne comme dans un livre ouvert. Ceux qui sont venus L’interroger sont des tatillons, chafouins et sournois. Ils ne viennent pas seulement aux informations, pour connaître et comprendre : ils viennent pour tester, pour piéger. Leur attitude est tout sauf bienveillante. Jésus est déjà jugé, jaugé, considéré comme un trublion par ceux qui détiennent le pouvoir spirituel : "Emballé, c’est pesé !" Si jamais ses interlocuteurs avaient été des hommes pieux, humbles, à la recherche sincère de Dieu — et il y en a chez les pharisiens tel Nicodème — très certainement que la réponse aurait été autre, moins incisive sans doute. 

Suivre la volonté de Dieu, c’est vivre libre

Cette discussion devient aussitôt confrontation. Jésus prêche l’amour de Dieu et du prochain, authentique, désintéressé — et nous savons que non seulement Il en parle mais qu’en plus Il le mettra en application : un simple regard vers la croix nous rappelle à quel point Jésus nous a aimés. En face, il n’est question que de gestes rituels, d’attitudes conformes, de rubriques scrupuleusement exécutées : la norme, calibrée, encadrée, millimétrée. D’où cette colère de Jésus et ses mots qui claquent pour recadrer les choses. Suivre la volonté de Dieu — ce que nous disons à chaque fois que nous récitons la prière du Notre Père — vouloir suivre Jésus, se faire disciple de Sa Loi d’amour, c’est vivre libre. 

Bien sûr qu’il y a des règles, des commandements, des recommandations, mais acceptés et reconnus comme profondément justes, appliqués avec cœur — et non pas seulement par devoir —, voilà ce qui fait de nous des hommes libres ! Et c’est cela que Jésus veut pour Ses disciples, et non pas l’application tatillonne de prescriptions froides et rigides ! 

Être véritablement ami de Dieu 

C’est là le problème de ces pharisiens, scribes, docteurs et autres lévites qui grenouillent autour du Temple : ils n’aiment pas, ils n’aiment plus. Ils remplissent une fonction — peut-être avec sérieux et application, mais de façon stérile ; ils se servent de la Loi comme d’un absolu et non pas comme d’un moyen pour tourner davantage leur cœur vers Dieu. Tout faux ! À côté de la plaque !

Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter.

En ce début d’année scolaire, nous sommes invités nous aussi à vivre par amour. Pour cela, il nous faut nous débarrasser de tous ces polluants que décrit Jésus : "Inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure" (Mc 7, 21-22)  et, comme le dit saint Jacques, "se garder sans tache au milieu du monde" (Jc 1, 27). Comment ? En décidant d’être véritablement ami de Dieu, de Le fréquenter assidument, dans la lecture de Sa vie — c’est là encore une recommandation expresse de saint Jacques — et dans l’imitation : "Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter" (Jc 1, 21-22).

Lectures du 22e dimanche du temps ordinaire :

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