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La rentrée (sur)chargée du pape François

Le Pape sur la place Saint-Pierre au Vatican, lors de l'audience générale du 28 août 2024

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I.Media - publié le 30/08/24
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À 87 ans, le pape François s’apprête à vivre des prochaines semaines intenses, avec notamment son plus long et lointain voyage à l’étranger depuis son élection en 2013. Le point sur les grands rendez-vous à venir du Pape.

Le pape François est sur la ligne de départ d'une année marathon. Entre le plus long voyage entrepris depuis le début de son pontificat, la préparation du Jubilé, un autre voyage en Europe et l'éventuelle tenue d'un consistoire, la rentrée 2024 du Pape s'annonce particulièrement chargée.

Un voyage de tous les records

Du 2 au 13 septembre, François effectuera le 45e voyage à l’étranger de son pontificat, le plus long (12 jours) jamais effectué depuis son élection en 2013. Le Pape doit visiter quatre pays : l’Indonésie, le Timor oriental, Singapour et la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Avec ce dernier pays, il se rendra pour la première fois en Océanie, à plus de 14.000 km de Rome, un record pour lui. À noter que François détient aussi, depuis son déplacement au Canada en 2022, le trophée du Pape en exercice le plus âgé à voyager. Sa santé semble meilleure que cet hiver, mais son agenda sera malgré tout adapté lors de son périple – comme c’est le cas depuis plusieurs années – pour lui permettre d’avoir des temps de récupération.

Cet aménagement ne sera pas de trop étant donné le programme difficile annoncé : 44 heures de vol – dont quatre en hélicoptère au-dessus de la Papouasie Nouvelle-Guinée –, près de 32.000 kilomètres à parcourir au cours de sept vols, et seize discours et homélies à prononcer. "Même à l’âge de 50 ans, conduire un agenda pareil nécessite une énergie exceptionnelle. Je me demande où puise-t-il sa force à 87 ans ?", s’interroge un diplomate en poste à Rome.

Un consistoire pour de nouveaux cardinaux ?

Dans la capitale italienne, nombre d’observateurs s’attendent à ce que le pape François convoque prochainement un consistoire pour créer une nouvelle promotion de cardinaux. Actuellement, le collège compte 124 prélats en droit de voter en cas de conclave. Mais d’ici la fin de l’année, quatre cardinaux atteindront 80 ans, et ne pourront donc plus élire un successeur au pontife sud-américain. Avec le temps, le plafond théorique de 120 cardinaux électeurs fixé par Paul VI est devenu une limite basse, et il est probable que le pape François n’attende pas de descendre sous cette barre pour renforcer les effectifs du collège. Vaticaniste réputé et ami de longue date du Pape, Gerard O’Connell a d’ailleurs confié dans une récente interview que François prévoyait bien d’organiser un consistoire avant la fin de l’année.

Si certains s’essayent à des pronostics, il faut rappeler que le Pape est le seul décisionnaire, et qu’il a souvent créé la surprise par le passé. Ainsi, il a en partie rompu avec la tradition des "sièges cardinalices" qui donnaient la barrette – le fameux chapeau carré rouge – de façon quasi automatique aux évêques de très grands diocèses. Aujourd’hui, par exemple, Milan, Venise, Naples, Turin, Cracovie, Paris, ou encore Dublin, Berlin et Los Angeles n’ont pas de cardinal. François a par ailleurs souvent opéré des choix très personnels. L’exemple du jeune italien Giorgio Marengo, créé cardinal en 2022, est révélateur. Missionnaire en Mongolie depuis le début des années 2000, il est à la tête d’une Église qui compte seulement 1.400 fidèles.

Un voyage à enjeux en Belgique et au Luxembourg

Après son voyage en Asie-Océanie début septembre, le pape François opérera une sorte de grand-écart géographique et culturel en se rendant au Luxembourg et en Belgique du 26 au 29 septembre. Dans ces deux pays situés au cœur de l’Europe, l’Église catholique a joué par le passé un rôle central. Mais elle fait face, depuis quelques décennies, à une très forte vague de sécularisation. Au fil de son voyage motivé par le 600e anniversaire de l’université catholique de Louvain, le Pape devrait proposer une réflexion sur ce qu’est être catholique dans une société sécularisée. Il pourrait aussi évoquer dans ses discours aux autorités le thème de la fin de vie, alors qu’au Luxembourg comme en Belgique, l’euthanasie a déjà été légalisée. La question des abus sexuels dans l’Église catholique sera également un enjeu de la venue du Pape. En Belgique, il est d’ores et déjà prévu que François rencontre des victimes en privé.

Enfin, en faisant une courte étape à Luxembourg, le pontife argentin vient honorer le diocèse du cardinal Jean-Claude Hollerich, grand artisan du Synode sur la synodalité et fidèle du Pape. En Belgique, François retrouvera un épiscopat qui a à cœur d’avancer sur des questions sensibles comme celles du diaconat féminin ou bien de l’ordination d’hommes mariés, mais avec une approche moins frontale que celle des Allemands qui sont entrés dans un bras de fer avec Rome.

Un Synode mondial à conclure

En octobre prochain, plus de 450 participants (cardinaux, évêques, prêtres, laïcs hommes et femmes ) se rassembleront de nouveau à Rome pour tenter de faire accoucher le chantier ecclésial lancé par le Pape en 2021 autour du thème officiel : "Pour une Église synodale. Communion, participation, mission". Après des mois de consultations locales puis continentales, l’Église réfléchit depuis octobre 2023 au niveau mondial sur la manière de devenir plus accueillante et participative, et moins cléricale. En cela, la présence et le vote des laïcs lors de cette assemblée composée ordinairement d’évêques veut être le signe d’une institution déjà plus inclusive.

Fin octobre, pour cette dernière session romaine, les membres du Synode devront proposer au Pape des pistes de réformes. Si la question du diaconat féminin a été évacuée, le Synode devrait insister sur le besoin de promouvoir les femmes à des postes à responsabilité. Il pourrait aussi proposer des ministères institués pour les laïcs, hommes et femmes, notamment celui de "l’écoute et de l’accompagnement". La question de laisser les laïcs prêcher durant la messe est par ailleurs sur la table. Le Synode veut enfin mettre l’accent sur la nécessité de rendre l’Église plus transparente dans les processus de décision et de gestion, tant au niveau pastoral que sur le plan des abus sexuels ou financiers.

À noter toutefois que le pape François a fait le choix en mars dernier de confier à dix groupes de travail un grand nombre de thématiques pouvant comprendre des sujets aussi sensibles que le diaconat féminin, le célibat des prêtres, l’inclusion des personnes homosexuelles, le processus de nomination des évêques, etc. Ces groupes devront rendre leurs conclusions en 2025, soit après la clôture d’un Synode qui avait initialement soulevé ces enjeux.

Un Jubilé à ouvrir

À Rome, le Jubilé 2025 est dans toutes les têtes, mais surtout à cause des chantiers qui recouvrent la ville depuis de longues semaines. Pour accueillir plus de 30 millions de visiteurs à l’occasion de ce jubilé ordinaire – qui a lieu tous les 25 ans -, la Cité éternelle s’est lancée dans une politique de grands travaux aux délais incertains. En se rendant début juin à la mairie de Rome, le pape François, a voulu rassurer : "L’énorme afflux dans l’Urbs de pèlerins, de touristes et de migrants […] pourrait être considéré comme un alourdissement, un fardeau". Mais, a-t-il ajouté, les problèmes de Rome sont "le revers de sa grandeur" et peuvent devenir "une opportunité de développement : civil, social, économique, culturel".

Le 24 décembre prochain, le pape François, qui aura fêté une semaine plus tôt son 88e anniversaire, ouvrira la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre. À sa suite, les fidèles du monde entier seront invités à se mettre en marche "à la recherche du sens de la vie", a expliqué le Pape dans la Bulle d’indiction du Jubilé. En tout, 35 temps forts seront organisés à Rome tout au long de l’année – jubilé des familles, des jeunes, des prêtres, des malades, des politiques, des sportifs, des prisonniers, etc. Soit l’équivalent d’un marathon pour un pape qui prévoit aussi de se rendre en Turquie pour célébrer le 1700e anniversaire du Concile œcuménique de Nicée.

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