En Suède, les catholiques ne représentent qu’environ 2% de la population. Pourtant, cette toute petite communauté a connu ces dernières années une croissance insoupçonnée. En dix ans, le nombre de fidèles a augmenté de 20% dans l’Église rapporte le quotidien suédois Göteborgs-Posten, ce qui représente un peu plus de 19.400 nouveaux membres. Un succès pour le moins surprenant dans ce pays fort de cinq siècles de tradition luthérienne. Comme la plupart des pays nordiques, la Suède est souvent associée au libéralisme social, à une liberté illimitée, à une société dont l’accent est mis sur le confort de vie et à une sécularisation croissante. Mais depuis quelques années, le catholicisme serait devenu "cool" en Suède, selon les mots du cardinal Anders Arborelius, rapportés par l'hebdomadaire La Vie. Premier évêque originaire du pays depuis la Réforme, cet ancien luthérien converti à l’âge de 20 ans confirmait déjà en 2017 une nette progression du nombre de fidèles, en partie issus de l’immigration. Mais les Suédois d'origine sont aussi concernés par les conversions. La plus emblématique de ces dix dernières années a sans doute été celle d'Ulf Ekman, un célèbre pasteur protestant et fondateur de la plus grande "megachurch" de Suède. En 2014, l'annonce de sa conversion et de celle de son épouse au catholicisme avait fait la une des journaux suédois. Leur fils Benjamin s'est aussi converti et a intégré l'ordre dominicain en 2020.
Retour aux valeurs traditionnelles
La plupart des convertis sont des personnes instruites, le plus souvent des médecins, des enseignants et d’anciens pasteurs. Ils se caractérisent par leur responsabilité envers la paroisse, leur zèle et leur implication dans les affaires communautaires. Les jeunes sont aussi concernés par la vague de conversions, en particulier ceux qui n'ont pas bénéficié d'une éducation religieuse. Un autre signe de vitalité de cette petite Église est la hausse des membres du clergé. Ces derniers sont encore majoritairement polonais, mais de plus en plus de Suédois entrent dans les ordres, qu'ils soient issus du clergé protestant ou non.
Comment expliquer un tel engouement dans une société de tradition protestante et aujourd'hui largement déchristianisée ? "L’Église catholique est cohérente dans ses vues et, contrairement aux tendances mondiales, n’accepte pas les nouvelles tendances, contrairement à l'Église protestante qui a déjà introduit de nouveaux rites liturgiques mettant l'accent sur les relations homosexuelles, ce qui indigne la partie conservatrice de la société", explique à Radio Maria le père Marian Jancarz, curé de la cathédrale Sainte-Erika de Stockholm. "Lorsque les fidèles remarquent des incohérences sur des questions morales ou théologiques dans les opinions du clergé protestant, ils commencent à chercher quelque chose de certain."
La soif de sacré
Mais au-delà des questions morales, ce qui attire le plus les Suédois vers l'Église est une inépuisable soif de Dieu. "Les Scandinaves des églises catholiques sont captivés par le sacré : le tabernacle et le Saint-Sacrement", ajoute le prêtre. À mesure que le nombre de catholiques augmente, la demande de nouvelles églises se fait, elle aussi, plus importante. Et les offices plus nombreux. Exemple parmi d'autres, l'église de la ville de Skellefteå, au nord est de la Suède, a doublé le nombre de ses messes du dimanche, rapporte le journal Göteborgs-Posten. Autant de signes qui permettent d'espérer, même si les catholiques demeurent une infime minorité dans le pays, que l'Église retrouve une place significative dans ce pays scandinave.