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L’histoire du scoutisme catholique en France ressemble à celle des cinq pains et des deux poissons de l’Évangile. Nous sommes au début du XXe siècle. En 1916, le jeune Paul Coze a alors 13 ans. Au gré des déplacements de ses parents, il découvre le scoutisme, mouvement fondé par Baden-Powell en 1907, en Égypte où il a fait sa promesse, avant de le pratiquer dans le Var avec l’accord du curé local. Revenu à Paris, le scoutisme lui manque et il rapporte dans ses souvenirs, consultables aux archives historiques du diocèse de Paris, ce petit dialogue avec sa mère :
– Maman, s’il y avait des scouts catholiques est-ce que je pourrai en faire partie ?
– Oui, mais il n’y en a pas.
– On peut essayer d’en faire. Me donnes-tu l’autorisation ?
Autorisation maternelle accordée, Paul va rencontrer le chanoine Cornette, vicaire de la paroisse Saint-Honoré d’Eylau. Celui-ci ne connaît pas particulièrement le scoutisme. Il laisse toutefois Paul tenter l’aventure avec son frère, et ils sont jusqu’à une vingtaine à se retrouver régulièrement.
Paul Coze se débrouille afin de se procurer la version française du célèbre Scouting for boys de Baden-Powell, et la confie au chanoine Cornette. Ce dernier, encouragé par un confrère, décide d’officialiser l’expérience. Le 2 octobre 1916, la première réunion compte 12 inscrits, davantage curieux que convaincus au départ. Deux patrouilles sont constituées, le Coq et le Lion. Les réunions se succèdent, les débats sur l’uniforme aussi, certaines familles trouvant la tenue trop débraillée.
Le chanoine Cornette propose un nom pour le petit groupe, ce sera les « Entraîneurs ». Il donne aussi un code d’honneur, sorte de guide moral pour les jeunes. Le premier camp a lieu à Pâques 1919. Un lycéen, Edouard de Macédo, fait office de chef de troupe.
Le chanoine Cornette constate le succès du mouvement auprès des jeunes, qui se tournent vers les groupes neutres ou protestants, et prend conscience de la nécessité de fonder en France un scoutisme catholique. Son cheval de bataille va être désormais de convaincre les évêques, ce qui n’ira pas sans difficultés. Le curé de Saint-Honoré d’Eylau lui vient en aide dans une lettre à l’archevêque de Paris : "Le scoutisme est en marche, nous ne l’arrêterons pas. Il s’agit de le discipliner et de l’organiser." En parallèle, le père Sevin, lui aussi porté par son intuition et son sens pédagogique hors du commun, travaille pour montrer le caractère profondément chrétien du scoutisme. Il rencontre le chanoine Cornette en 1919.
En juillet 1920, les Entraîneurs participent à un camp organisé par le Comité américain pour les régions dévastées – une œuvre qui vient en aide aux populations éprouvées par la guerre. Le 25 du même mois, la fédération française du scoutisme catholique, unissant diverses troupes présentes en France, est officiellement fondée sous la direction du général de Maud’huy, avec le chanoine Cornette comme aumônier et le père Sevin commissaire général. Les Entraîneurs deviennent les Scouts de France, et les trois troupes de Saint-Honoré deviennent les troupes Saint-Louis.
Depuis, le scoutisme n’a cessé de se développer. Au 25 juillet 1920, les scouts de France comptent moins de 20 troupes. Moins d’un an après, le 27 février 1921, on compte 75 troupes affiliées aux Scouts de France. En 1933, ce sont en France plus de 10.000 louveteaux, scouts et routiers qui vivent l’aventure scoute. En juillet 2023, en réunissant les trois grands mouvements de scoutisme catholique français, pas moins de 122.000 jeunes s’apprêtaient à partir en camp. Les cinq pains et les deux poissons se sont bien multipliés, et le scoutisme a ouvert à des milliers de jeunes un nouveau chemin vers la sainteté.