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Le conservateur du sanctuaire de Lourdes : “Je suis au service de la Vierge Marie !”

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Robin Dupont, conservateur du sanctuaire de Lourdes, tenant entre ses mains la crosse de Mgr Schoepfer, évêque de Tarbes entre 1899 et 1927, réalisée par l'orfèvre Armand Calliat.

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Agnès Pinard Legry - publié le 26/08/24
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Robin Dupont, 50 ans, travaille à la conservation du sanctuaire de Lourdes depuis 2001. Devenu conservateur du patrimoine, il veille sur un incroyable héritage composé d’offrandes, de somptueux vêtements liturgiques ou encore de touchants témoignages de foi. Rencontre.

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Quand on pense au métier de conservateur du patrimoine, on imagine volontiers une personne veillant sur des tableaux de l’école florentine au musée du Louvre, sur le flamboyant château de Versailles, de Blois ou encore d’un site archéologique qui n’a pas fini de révéler ses secrets. C’est pourtant au sanctuaire de Lourdes, au pied des Pyrénées, que Robin Dupont exerce ce passionnant métier. Aujourd’hui âgé de 50 ans, il est entré au sanctuaire en tant qu’assistant de conservation en 2001 avant d'en devenir le conservateur en 2019. "Cela fait bientôt vingt-cinq ans que je travaille ici et une chose est sûre : je suis loin d’avoir fait le tour de mes missions", confie-t-il volontiers.

Arrivé dans la région vers l'âge de 15 ans au gré d’un déménagement, il est titulaire d'un doctorat en histoire de l’art et archéologie et a enseigné l’histoire de l’art à Pau pendant quelques années. "C’est un peu par hasard – si tant est qu’on y croit – que je suis arrivé au sanctuaire", reprend le conservateur. "J’ai répondu assez classiquement à une offre d’emploi… et me voici aujourd’hui !". Ses missions sont au nombre de trois : la conservation, l’inventaire et la diffusion. "La partie conservation comprend la veille sanitaire c’est-à-dire le contrôle du mobilier extérieur et intérieur, c'est suivre l’état des objets mis à disposition du culte ou encore ceux nécessaire à la pérégrination des reliques", détaille Robin Dupont. "Il y a ensuite l’entretien, c’est-à-dire que l’on nettoie et reconditionne les objets, on établit des protocoles etc. La dernière partie concerne la restauration. Nous ne restaurons pas d’objets nous-mêmes mais nous faisons des propositions de pièces à restaurer et nous sélectionnons ensuite les restaurateurs."

De fabuleux trésors de foi

L’inventaire consiste au référencement des objets, tableaux, statues ou encore bannières de procession (le sanctuaire en possède plus de 300, ndlr). "Nous avons un logiciel dans lequel nous enregistrons les entrées, c’est-à-dire les objets régulièrement donnés au sanctuaire. Nous gérons également les mouvements des œuvres". Et le conservateur de poursuivre : "Nos collections ne sont pas des salles de musées sclérosées. Nos vêtements liturgiques sont par exemple amenés à être utilisés pour le culte. Nous pouvons mettre à disposition nos œuvres majeures si les autorités pastorales le demande."

À la question de connaître le nombre de pièces sur lesquelles il veille, Robin Dupont refuse de répondre. "C’est une question dont la réponse n’est pas aussi simple. Cette semaine par exemple, j’ai reçu trois nouveaux objets qui sont actuellement en cours d’analyse et qui viendront enrichir l’héritage du sanctuaire de Lourdes", analyse-t-il. "Et puis dans ces pièces certaines ont une valeur inestimable, je pense par exemple au ciboire offert par Charles III de Monaco en 1872 ou à la Couronne dite "de France", c’est-à-dire de Notre-Dame de Lourdes, de 1876. Commandée par le Pape Pie IX pour orner la statue de Notre-Dame de Lourdes, cette couronne a été réalisée par le célèbre joailler et orfèvre Mellerio !" Mais il y a aussi de nombreux ex-voto dont la valeur financière n’est peut-être pas importante mais qui méritent "toute notre attention", souligne encore le conservateur. "Ces objets de foi, de piété, sont extrêmement précieux à nos yeux. Ils méritent eux aussi toute notre attention."

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Couronne dite "de France", c’est-à-dire de Notre-Dame de Lourdes, réalisée en 1866 par l'orfèvre Mellerio.

Quand on lui demande si un objet a particulièrement retenu son attention, il lui semble difficile de choisir tant il y en a, chacun avec son histoire. Il y a bien sûr l’ensemble de vêtements liturgiques offert par la reine Astrid de Belgique à l’occasion de l’ouverture du jubilé de la rédemption en 1930 de style art déco encore souvent utilisé, les vêtements liturgiques offerts par Jean Paul II et Benoît XVI mais aussi des objets plus insolites comme un khata, une écharpe de bénédiction donné par le Dalaï-Lama à l’occasion d’un temps de prière inter-religieux à Lourdes. "Et puis il y a aussi les quelque 300 incroyables bannières dont dispose le sanctuaire !", s’émerveille Robin Dupont. L’histoire des bannières commence en octobre 1872, sous l’épiscopat de Mgr Pichenot, quand tous les diocèses de France apportent à Lourdes une bannière pour la Procession des bannières. La basilique de l’Immaculée Conception accueille alors plus de 300 bannières qui sont suspendues aux triforia et sous les voûtes pour la décorer. Par la suite des bannières du monde entier affluent vers le sanctuaire, encore aujourd’hui. "Nous disposons d’une émouvante bannière de la duchesse d’Alençon, décédée lors de l’incendie du Bazar de la charité. Extrêmement simple elle a été réalisée dans le tissus d’une de ses robes."

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Bannière réalisée dans une tenue de la duchesse d'Alençon, 1898.

"Le métier de conservateur au sanctuaire de Lourdes est aussi fait de surprises", poursuit-il après quelques secondes de réflexion. Et Robin Dupont de raconter cette émouvante anecdote. "Un jour j’ai reçu dans une enveloppe à bulle un chapelet qui me paraissait anodin. Il était accompagné d’une lettre précisant qu’il s’agissait du chapelet de la dixième miraculée de Lourdes, en 1912, Lisa Cesson. Sa famille l’avait retrouvé dans un tiroir. Je peux vous dire que ça m’a remué." Objets de foi, de dévotion, de piété, les "collections" du sanctuaire de Lourdes ont décidément beaucoup plus de valeur que seulement matériel. "Ce sont des objets vivants", reprend-t-il. "Je n’ai jamais exercé dans un musée traditionnel, c’est donc la normalité pour moi ! Mais je ne m’imagine pas veiller sur des objets qui n’ont pas fonction de foi." "Voir l’émotion des pèlerins quand ils sont en contact avec certains objets… C’est incroyable. Vraiment. Je n’échangerai cela pour rien au monde". Et Robin Dupont de conclure dans un sourire : "Ici, nous sommes au service de la Sainte Vierge, on a l’impression d’être auprès d’elle en permanence. Nous sommes directement à son service !"

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Chapelet ayant appartenu à Lisa Cesson, la dixième miraculée de Lourdes.
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