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[HOMÉLIE] À l’Assomption, la joie de Marie est notre avenir

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"L'Assomption" de Giovanni Battista Tiepolo (1696–1770).

Marc Dumoulin - publié le 07/08/24
Curé de la paroisse Notre-Dame de Vincennes, le père Marc Dumoulin commente l’évangile de la solennité de l’Assomption de la Vierge Marie. Marie révèle qu’à l’égard du Seigneur, la seule richesse est d’avoir faim de Lui. Sa joie est de nous enfanter au désir de son fils.

En la solennité de l’Assomption, l’Église célèbre Marie accueillie dans la gloire du ciel, et nous donne à méditer le récit de la Visitation et la louange du Magnificat. Notre regard se fait plus authentique sur Marie, Mère de Jésus, Mère de Dieu, Mère des croyants. Marie était venue visiter Élisabeth, sa cousine. Toutes deux, à leur grande joie, se trouvaient enceintes selon des voies improbables et inespérées. Marie parce qu’elle n’avait jamais connu d’homme, Élisabeth parce qu’elle était d’un âge avancé. Un geste du ciel les avait élevées chacune de leur condition, stérile pour Élisabeth, virginale pour Marie.

L’humiliation de sa servante

Quand Marie arrive chez sa cousine et la salue, cette dernière sent l’enfant tressaillir en elle et en vient à bénir Marie. Marie, quant à elle, ne se bénit pas elle-même, ni non plus sa cousine. Elle bénit le Seigneur. Tout est dit : Marie est Mère de Jésus, Mère de Dieu, Mère des croyants parce que, vidée d’elle-même, elle laisse le Seigneur prendre toute la place en elle. "Le Seigneur s’est penché sur son humble servante" (Lc 1, 48). La traduction liturgique est pudique. Le texte dit plutôt : Le Seigneur a porté le regard sur l’humiliation de sa servante. Humilité, humiliation, humus. Terre à terre et banale, la condition initiale de Marie la relie à la terre, et le Seigneur viendra naître en Marie, nouvelle Ève, pour avec elle, relier la terre au ciel.

Le Seigneur n’a pas choisi quelqu’un de superbe, encore moins de puissant ou d’assis sur un trône, ni non plus un riche. En choisissant Marie, le Seigneur désarçonne les superbes et les orgueilleux, ceux dont le cœur, saturé d’eux-mêmes, ne voit plus celui qui souffre à leur côté. En choisissant Marie, le Seigneur révèle la boursouflure de tout pouvoir dès qu’il n’est pas guidé par l’amour, prêt à s’abaisser jusqu’au plus humble et au plus démuni, jusqu’à se déposséder de tout ce qui pourrait être lui-même. 

Avoir faim de Lui

En choisissant Marie, le Seigneur révèle la vanité des richesses, celles que l’on croit tenir en main et qui, un jour, finissent par nous filer entre les doigts. Des possessions qui en viennent à damner, malgré eux, ceux qui croyaient posséder. Marie révèle qu’à l’égard du Seigneur, la seule richesse est d’avoir faim de Lui, car seul le Seigneur comble cette faim, comme il la creuse tout en la comblant. C’est comme cela que "le Seigneur se souvient de son amour" (Lc 1, 54). Le Seigneur ne peut pas sauver, et ne sauvera pas, ceux qui n’ont pas besoin de Lui, ayant le cœur trop encombré pour Lui laisser une place. Cette soif et ce désir du Seigneur étaient déjà ceux d’Abraham, un homme qui a quitté son pays et sa fortune pour partir vers une terre inconnue où le Seigneur l’appelait. Voilà la foi d’Abraham et celle de Marie : marcher, sans autre certitude que l’appel amoureux du Seigneur.

La Vierge Marie peut s’identifier tout entière et sans réserve à l’amour qu’elle porte en elle.

On dit que Marie est vierge, la Vierge. Elle l’est, non pas tant pour des raisons physiques ou anatomiques propres à l’esprit de notre temps. Si Marie est vierge, c’est surtout parce qu’elle s’est vidée d’elle-même. Elle peut s’identifier tout entière et sans réserve à l’amour qu’elle porte en elle, pour elle, et pour tous les hommes et femmes en attente de cet amour, en attente de salut. 

La route du Ciel

Contemplons et aimons la Vierge Marie, Vierge éternelle, qui en enfantant Jésus, son fils et Fils de Dieu, nous enfante aussi nous-mêmes à notre propre virginité, en nous apprenant à devenir enfin pauvres de nous-mêmes et riches de la vraie richesse qui est de ne rien posséder, sinon le Seigneur Lui-même. Virginité que nous recevons en donnant tout, pour laisser toute place au Seigneur qui viendra répandre en nous la grâce de sa propre vie. Seule Marie a pleinement suivi cette route. Voilà pourquoi elle nous ouvre la route du Ciel, en nous invitant à la suivre, chemin du Seigneur. Lui, vérité, chemin et vie. 

Pour finir, écoutons ce que dit le répons de l’office des lectures du jour de l’Assomption pour mieux célébrer Marie :

Vierge Marie, tu as trouvé la joie : elle est notre avenir !
Tu es belle, ô Marie, pur reflet du cœur de Dieu.
Ton amour a triomphé de la mort, le Christ est ta victoire. 
Le Père t'appelle par ton nom et les anges s'émerveillent. 
Ton regard transfiguré découvre les profondeurs de l'Infini. 
L'Esprit te donne pour Mère à tous ceux qu'il fait naître d'en haut. Amen.

Lectures de la solennité de l’Assomption

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