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La ménopause, un temps de grâce ?

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Morgane Afif - publié le 29/06/24

Bouffées de chaleur, fin de la fertilité, prise de poids, hormones et libido en berne… La ménopause fait couler beaucoup d’encre et effraie de nombreuses femmes. Et si tout était une question de points de vue ? Loin des idées reçues, la ménopause peut-elle être un temps de grâce ?

“Ménopause (n.f.) : Terme de physiologie. Cessation des règles, temps critique des femmes” définit le Littré dans son dictionnaire. La sentence n’est pas flatteuse. Pourtant, le mot n’est pas si vieux et n’est apparu qu’en 1816 sous la plume du médecin français Charles de Gardanne. La ménopause aurait donc un temps, le XIXe siècle et un lieu : la France. La science, au lendemain du siècle des Lumières qui a vu naître l’encyclopédie, croit alors que le corps et la santé dépendent de l’équilibre des quatre humeurs, le sang, le phlegme, la bile jaune et la bile noire. L’arrêt des règles et la fin du sang qui s’écoule chaque mois de l’appareil féminin marquait alors, dans les études des médecins, un déséquilibre considéré comme une pathologie. Le mot demeure : ce sang, qui ne s’écoule plus, la médecine le croit emprisonné dans le corps de la femme. Néfaste d’après les scientifiques, il est alors considéré comme la cause de nombreuses maladies qui se combattaient à coups de saignées et de sangsues. 

Pathologie et physiologie

Ce n’est qu’au XXe siècle que les médecins se penchent sur le rôle des hormones et définissent le processus naturel qui mène à l’arrêt définitif des règles. La science comprend alors que l’augmentation des taux de FSH (hormone de stimulation folliculaire) et de LH (hormone lutéinisante), sécrétées par l’hypophyse, prennent le pas sur la baisse de la progestérone et l’oestrogène produites par les ovaires. Ce déséquilibre hormonal, comme tout ce qui touche à la fertilité des femmes depuis la puberté, est envisagé par les laboratoires pharmaceutiques sous l’angle de la pathologie à traiter et non sous l’angle de la physiologie à accompagner. La logique économique pousse au traitement hormonal et la ménopause est devenue une maladie dont on parle en termes de symptômes et de risques. 

Dans certaines sociétés traditionnelles, […] les femmes qui n’ont plus de règles ont un statut social plus valorisé que les femmes menstruées.

“Il est intéressant de voir que le mot ménopause n’existe pas dans toutes les cultures, explique Cécile de Williencourt, sage-femme de formation qui n’exerce plus comme telle. Au Japon traditionnel, par exemple, il n’y a pas de mot pour définir cette période de la vie d’une femme, c’est un non-événement. Là-bas, d’ailleurs, les femmes sont nettement moins sujettes aux maux qu’on décrit en France, comme les bouffées de chaleur, les sueurs nocturnes ou les maladies cardio-vasculaires”. “Dans certaines sociétés traditionnelles, comme chez les Baruyas en Nouvelle Guinée, ou encore les Beti au Cameroun, souligne la sociologue Cécile Charlap dans une conférence donnée à l’ENS-Lyon, les femmes qui n’ont plus de règles ont un statut social plus valorisé que les femmes menstruées et fécondes, qui les rapproche de celui des hommes”. La transformation de leur rôle social leur accorde dès lors “davantage de libertés, d’autorité et elles peuvent accéder à des fonctions de pouvoir réservées aux hommes, telles que la participation à certains rituels religieux”. 

Une perception culturelle

La recherche est encore récente et peu avancée sur le sujet et “le fait de l’envisager sous le signe de la pathologie physique, psychologique et émotionnelle dont on parle en termes de symptômes influence indéniablement la manière qu’ont les femmes de vivre cette période, explique Cécile de Williencourt. Toutes, pourtant, ne ressentent pas nécessairement de symptômes. En Occident, cette période est associée à la dégradation et marque plus la fin d’une période, la fertilité, que celle d’une nouvelle, la maturité”. Dans les cultures à la ménopause se vit comme une étape positive, les symptômes sont bien moins présents, voire absents : “c’est là le signe de l’action du cerveau sur le corps”.

C’est parfois un deuil à faire, notamment dans le cas où une femme n’a pas pu avoir d’enfant. D’autres, au contraire, le vivront comme un soulagement et une libération.

La périménopause, qui débute en général vers 40 ans, est une période délicate, “tout simplement parce qu’elle annonce la fin de la période fertile d’une femme, estime la spécialiste du cycle féminin. C’est parfois un deuil à faire, notamment dans le cas où une femme n’a pas pu avoir d’enfant. D’autres, au contraire, le vivront comme un soulagement et une libération. Une fois la ménopause venue, en moyenne à 51 ans, c’est désormais la femme qui définit ses propres cycles sans être soumise aux siens”. Cet âge va souvent de paire avec une plus grande disponibilité : les enfants ont grandi et sont plus indépendants, la situation financière de la famille s’est stabilisée et les femmes ont plus de temps à consacrer à leur loisirs, à leurs amis et à leurs engagements, elles sont plus confiantes en elles et savent ce qu’elles veulent, ou ne veulent pas.

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Des avantages à mettre en valeur

L’arrêt des règles et la fin du syndrome pré-menstruel sont vus comme une libération par de nombreuses femmes qui n’ont plus à se préoccuper de leur flux et de leurs protections périodiques. Elles n’ont plus non plus à se soucier des maux qui annoncent le début du cycle menstruel, comme les crampes abdominales, les douleurs mammaires ou l’état dépressif passager. Pour celles qui en souffrent, l’endométriose, elle aussi, diminue et disparaît généralement après la ménopause. La fin de la fertilité biologique est aussi souvent attendue par les femmes et les couples qui pratiquent les méthodes naturelles de régulation des naissances. La sexualité du couple, ainsi affranchie de l’éventualité d’une naissance, est désormais libérée de la temporalité propre au cycle féminin qui détermine les périodes fertiles lors desquelles une grossesse est possible. La sexualité garde tout son sens : faire grandir l’amour des époux. “Les corps changent, pas en mieux, ni en moins bien, mais ils évoluent : le plaisir se vit différemment, mais se vit tout autant” appuie Cécile de Williencourt. 

La ménopause constitue une étape de développement : elle n’est pas un problème à soigner, ni une maladie à traiter, mais un passage.

“C’est une période transitoire qui peut être vécue très différemment selon les femmes, estime Cécile de Williencourt, tout comme la puberté à l’adolescence. La ménopause constitue une étape de développement : elle n’est pas un problème à soigner, ni une maladie à traiter, mais un passage. Contrairement à ce que la société fait croire aux femmes, la fin du cycle ne veut pas dire la fin de rôle actif à jouer dans la famille, ni dans la société d’ailleurs”. En Chine, ainsi, la ménopause est appelée “deuxième printemps”, signe que la femme est appelée à fleurir et porter du fruit. “Beaucoup de saintes, d’ailleurs, ont été fécondes une fois la ménopause venue, conclut Cécile de Williencourt, comme sainte Hildegarde ou sainte mère Teresa !”

Pour en savoir plus

Trésors de femme : un nouveau regard sur le corps féminin de la puberté à la ménopause, Cécile de Williencourt, Mame, juin 2020
La fabrique de la ménopause, Cécile Charlap, CNRS éditions, juin 2022

Tags:
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