Coup de tonnerre en France : alors que se clôturaient les élections européennes, Emmanuel Macron a pris la décision, dimanche 10 juin, de dissoudre l'Assemblée nationale. Outre un véritable charivari politique, cette dissolution surprise a également provoqué un bouleversement de la vie législative, avec l'interruption de l'ensemble des projets et propositions de lois en discussion dans les deux chambres, à l'image de la fin de vie. Mais pas que. Le projet de mise en place de vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris pourrait bien lui aussi être concerné. Porté par le ministère de la Culture, il doit permettre le remplacement des vitraux anciens.
Une centaine d'artistes avaient déjà présenté leur candidature pour participer à cette installation, mais seuls cinq vitraillistes devaient être présélectionnés au cours de la troisième semaine de juin. Le président de la République et l’archevêque de Paris devaient présenter le projet lauréat lors de la réouverture de la cathédrale, prévue le 8 décembre 2024, "en vue d’une mise en réalisation en 2025". L'installation des vitraux contemporains dans six chapelles du bas-côté sud doit intervenir en 2026. À ce jour, avec les élections législatives le 30 juin et le 7 juillet, aucune précision n'a été apportée par le ministère ni l'archevêché de Paris sur de nouvelles échéances. Mais si la présélection sera donc vraisemblablement reportée, le calendrier initial soumis par le ministère de la Culture ne devrait pas être bouleversé au point de générer un grand retard dans la livraison finale.
Un projet sensible
Dès le mois de décembre 2023, Emmanuel Macron avait annoncé la création de vitraux censés porter "la marque du XXIe siècle". Ces six œuvres sont ainsi appelées à remplacer les œuvres originales dessinées par Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Parmi les artistes candidats figurent notamment Daniel Buren, Hervé Di Rosa, Yan Pei-Ming ou Pascal Convert. Pour la plupart, leurs œuvres ne sont pas reliées au domaine religieux. Tous ont imaginé un programme iconographique dédié à la Pentecôte, comme le requiert le cahier des charges.
De nombreuses voix se sont élevées depuis l'annonce d'un tel projet pour dénoncer ce changement de vitraux. Une pétition lancée par La Tribune de l'Art avait ainsi récolté 130.000 signatures avant son dépôt à l’Élysée en janvier 2024. Elle fustigeait un manque de cohérence dans le remplacement de vitraux qui n'ont pas été détruits lors de l'incendie de la cathédrale, en 2019, demandant le maintien de l'œuvre de Viollet-le-Duc. Ce n'est pourtant pas la première fois qu’un tel projet est mis en œuvre. En 1937, déjà, un projet de vitraux contemporains destinés à remplacer les verrières de Viollet-le-Duc avait été proposé au concours de douze artistes, avant d’être abandonné au début de la Seconde Guerre mondiale. De nouveaux vitraux figuratifs devaient alors remplacer les grisailles en place, qui tiennent leur nom de la peinture noire chauffée sur le verre.