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Marie Bancel : “Chacun est appelé à fleurir, pas à végéter !”

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Clarisse Tannhof - publié le 24/05/24
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Après des études d’histoire-géographie et quelques années en politique à Paris, Marie Bancel travaille désormais à la maison, en Bretagne. Elle y instruit ses quatre enfants, non scolarisés, entre 5 et 11 ans. Elle propose aussi des parcours pédagogiques ou spirituels pour les enfants et pour les mères de famille. Ces sentinelles de l’invisible, rappelle Marie, sont appelées à prendre avec courage et confiance la voie de la sainteté, avec la force de l’Esprit saint. Aleteia est allée à sa rencontre.

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Aleteia : Que trouvez-vous de plus difficile et de plus enthousiasmant dans votre quotidien de maman ?
Marie Bancel : Il y a quelques années, comme jeune maman, j’aurais répondu que le plus dur était la fatigue, certainement ! Aujourd’hui, je dirais que c’est la répétition des tâches domestiques, qui sont ingrates et qu’on a souvent l’impression de porter seule. Ce qui m’enthousiasme le plus… les yeux de mes enfants qui s’allument pour une joie ou une curiosité. Mon compte instagram et mon site s’appellent “Admire et fais tiennes”, en référence à la première phrase du livre “Etoile au grand large” de Guy de Larigaudie : “Admire et fais tiennes toutes les beautés du monde éparses autour de toi. Tâchant maladroitement de les traduire en pages imparfaites, fais les monter en humble hommage jusqu’à ton Dieu.” Je crois que mon rôle de maman est vraiment de nourrir mes enfants, intellectuellement et spirituellement, par le contact avec la nature, l’histoire, les œuvres d’art, la parole de Dieu. 

Admire et fais tiennes toutes les beautés du monde éparses autour de toi. Tâchant maladroitement de les traduire en pages imparfaites, fais les monter en humble hommage jusqu’à ton Dieu.

Quelle est la place de la Bible dans votre vie familiale ?
En famille, nous essayons de découvrir régulièrement la Bible dans un format adapté. Pendant le carême, par exemple, je lisais chaque jour aux enfants un livre relatant l’histoire sainte en quarante épisodes. Pour ma vie de prière personnelle, je me nourris des lectures du jour chaque matin. Il y a quelques années, j’ai eu une révélation avec le livre M is for Mama de l’américaine Abbie Halberstadt. J’ai compris que c’était dans la Bible que je devais apprendre à chercher des réponses à chaque question concernant une attitude à avoir, une décision à prendre, un sentiment à démêler. Je prends le réflexe d’ouvrir ma Bible fréquemment. Je souhaite que, doucement, les paroles bibliques viennent remplacer mes propres mots.

Avez-vous une dévotion particulière à l’Esprit saint ?
C’est vrai que c’est la personne de la Trinité dont je me sens la plus proche. J’ai ce sentiment d’avoir rencontré l’Esprit saint et d’être guidée par Lui au quotidien. Je désire vraiment être remplie des fruits de l’Esprit saint, qui sont un cadeau pour notre vie : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur, maîtrise de soi. Après les avoir beaucoup médités et travaillés, j’ai lancé, depuis deux ans, une “mission douceur”. C’est un parcours quotidien pour faire grandir ces fruits de l’Esprit dans nos vies de mamans. La mère est le thermostat du foyer, elle peut le transformer de l’intérieur ! Pour la douceur, par exemple, il s’agit d’efforts pour maîtriser sa langue, son regard, son cœur. Je viens d'ailleurs d’écrire un livre qui s’appelle Mission douceur. Je crois que nous devons tous, et particulièrement les mères de famille, demander chaque jour que ces dons grandissent en notre âme.

Quel modèle féminin vous inspire ?
Ma maman, d’abord, qui a toujours été élégante et serviable, sans jamais nous faire sentir comme un poids le fait d’avoir arrêté de travailler pour s’occuper de nous. Maria Beltrame Quattrocchi, également, qui fut béatifiée, avec son époux, par Jean Paul II. C’est une figure édifiante de la sainteté dans le quotidien, en couple et en famille. Elle me touche particulièrement parce que je me reconnais dans certains aspects de sa personnalité, comme le fait qu’elle écrivait beaucoup ou qu’elle avait une attention particulière aux prêtres autour d’elle.

Comment vous ressourcez-vous ?
Saint Bernard de Clairvaux rappelle qu’on ne peut donner que si on est rempli : nous devons nous faire vasque car c’est en étant rempli de charité que nous pourrons déborder. La question est de savoir de quoi on se remplit ! Car ce qui sort de la bouche, c’est ce qui déborde du cœur. Il est donc fondamental de se remplir de beau et de bon ! Mais aussi de toujours considérer ces temps comme un cadeau, pas comme un dû, car cela nous conduirait à nous aigrir s’ils nous étaient retirés, s’ils étaient interrompus.

Nous devons nous faire vasque car c’est en étant rempli de charité que nous pourrons déborder. La question est de savoir de quoi on se remplit !

Au quotidien, je me ménage des temps de prière, de lecture et, autant que possible, du temps dans la nature. J’essaye aussi d’avoir une maison fleurie et apaisante. Un vrai défi avec quatre enfants ! Je m’organise pour confier les enfants - ce qui n’est pas simple quand la famille habite loin. Mais il faut oser demander, et ne pas rester derrière l’excuse du compliqué. Oui, tout ne se passera pas comme je l’aurais voulu en mon absence, mais j’essaye de lâcher prise. Cela me permet de prendre de temps en temps des cours d’aquarelle, de me rendre à un rendez-vous, de voir mon père spirituel, de faire une retraite… En famille, nous avons pris l’habitude, depuis trois ans, de marcher l’été en montagne. C’est un vrai temps de ressourcement, en plein air, loin de tous les soucis liés au quotidien et à la maison.

Quelle prière ou quel passage de la Bible vous porte ?
J’aime beaucoup la courte prière d’abandon “Jésus, j’ai confiance en Toi.” Mon temps de prière du matin est primordial, même s’il est aride - ce qui est le cas 90% du temps ! C’est vraiment là que je m’ancre dans la Bible, que je confie ma journée et que, parfois, je reçois quelque chose qui me touche et me porte. Dans l’Évangile, il y a plusieurs passages qui me parlent particulièrement. “Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi je vous procurerai le repos” (Mt 11, 28). Une véritable invitation à faire halte et à faire confiance. Et puis la lettre de saint Paul aux Galates, qui développe les fruits de l’Esprit saint en nous. C’est une révélation de ce que peut être la vie dans l’Esprit, que l’on peut vivre dès à présent sur Terre ! “Marchons sous la conduite de l’Esprit” (Ga 5, 25) : quel plus beau programme ?

Comme le dit saint François de Sales, chacun est appelé à devenir la meilleure version de soi-même et à fleurir là où le Seigneur nous a plantés. Fleurir, pas végéter !

Quel est, selon vous, le plus grand défi pour une mère catholique aujourd’hui ?
Je crois qu’il s’agit d’accepter d’embrasser son chemin de sainteté, aussi crucifiant soit-il. Oui, cela demande patience, douceur, travail, prière. Cela exige aussi de ne pas toujours écouter le monde, ou de ne pas se comparer avec telle amie qui est différente. Il est si tentant, parfois, de se complaire dans la médiocrité, parce que la mission est difficile. Notre époque ne cesse de nous dire “sois toi-même, c’est suffisant”. Oui, je suis comme je suis, une merveille créée et voulue par le Seigneur. Mais une merveille pécheresse, qui a besoin d’être sauvée et de se convertir ! Comme le dit saint François de Sales, chacun est appelé à devenir la meilleure version de soi-même et à fleurir là où le Seigneur nous a plantés. Fleurir, pas végéter ! Accepter de modeler sa maternité sur le Christ et non sur le monde, pour devenir ces “sentinelles de l’invisible” dont parle Jean Paul II dans son  appel aux femmes, quel défi ! Il s’agit de dire pleinement oui à cette mission de sainteté, chacune avec ses talents propres. Bien sûr, ce serait plus facile pour moi de rester colérique et impatiente. Mais je choisis de me mettre en chemin, parce que je crois que c’est ce qui m’est demandé et ce qui me rendra heureuse !

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