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L’actualité de ces dernières semaines est dense et lourde, avec son lot de drames. La guerre en Ukraine, avec les débats qui entourent les manques de soutiens américains et européens, révèle la faiblesse d’une Europe divisée et sans armée. L’attaque terroriste d’Israël du 7 octobre par le Hamas et l’occupation militaire israélienne de Gaza qui a suivi n’en finit pas, avec ses ramifications au Proche-Orient. Et cette nuit du 13 au 14 avril, les attaques de drones de l’Iran sur Israël précipitent cette région dans un risque d’escalade aux conséquences graves et imprévisibles.
Pourquoi être bouleversés ?
Le chaos climatique continue par ailleurs de se manifester de diverses manières, que ce soit dans les inondations au Kazakhstan, au Pakistan et en Sibérie, les sécheresses dans la Corne de l’Afrique et les records historiques de chaleurs en Europe. La journée du 14 avril a été la plus chaude jamais enregistrée en France avant un 15 avril ! Autant cela nous réjouit de prendre le soleil, autant les dérèglements climatiques des autres régions du monde mettent des vies en péril… et l’avenir s’annonce plus problématique encore. Nous pourrions aussi parler de l’Église, avec ces annonces d’abus sexuels à répétition, touchant des religieux, des congrégations, avec des révélations qui assombrissent nos âmes. Ces événements peuvent naturellement nous conduire à la désespérance et fragiliser notre foi.
Laissons le Christ apaiser notre cœur.
Dans ce contexte sombre, le texte de l’Évangile de dimanche dernier (Lc 24, 35-48) m’a profondément touché. Les disciples sont encore déstabilisés par la mort terrible de Jésus. Ils écoutent les disciples d’Emmaüs venus leur raconter leur rencontre avec Le Christ quand celui-ci se rend présent au milieu d’eux. Et il leur dit : "La paix soit avec vous !" L’évangile précise que "saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit", ce qui montre qu’ils n’étaient pas du tout paisibles, comme nous probablement devant les drames du monde. Et voilà Jésus qui leur dit, et qui nous dit aussi : "Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi !"
La paix plus profonde que l’angoisse
J’ai été touché par ce texte car il vient révéler que la paix que je recherche est d’une autre nature que ma soif d’apaisement par des solutions humaines. Bien sûr j’aimerais tellement que les guerres terminent, que le chaos climatique soit résolu et que l’Église retrouve sa pureté des origines. Mais si je m’accroche à ces attentes, aussi légitimes soient-elles, je vais mettre mon espérance dans la résolution technique et humaine des problèmes. Or Jésus nous invite à une démarche plus profonde : "La paix soit avec vous !" De quelle paix parle-t-il ? Quelle paix nous demande-t-il d’accueillir ? Il me semble que quand il parle de la paix, Il parle de Lui. Il est la paix ! Le parallèle entre "La paix soit avec vous !" et "C’est bien moi !" est saisissant. Nous sommes invités à accueillir en nous une paix plus profonde que l’angoisse des guerres, du chaos climatique et des drames de l’église car cette paix, c’est le Jésus lui-même qui a vaincu la mort, les guerres, le péché des hommes. Entrons dans cette invitation à accueillir en nous le Christ, source de toute paix, et mettre notre confiance en lui malgré les circonstances qui peuvent nous paraître désespérées. Et laissons-le apaiser notre cœur. Laissons-le nous donner cette paix à laquelle nous aspirons et que nous ne pouvons obtenir par nos propres forces car elle est don de Dieu.
La tempête apaisée
Cette invitation peut nous paraître incongrue, inappropriée. Comment être paisible devant de tels drames dans le monde ? Pourtant la Bible ne cesse de nous inviter à mettre notre confiance dans l’amour de Dieu qui ne s’éteint jamais. Relisons le psaume 46 (2-3) : "Dieu est pour nous refuge et un appui, un secours qui ne manque jamais dans la détresse. Ainsi nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée, quand les montagnes chancellent au cœur des mers, lorsque mugissent et bouillonnent leurs eaux et que tremblent les monts à leur soulèvement." Le texte de la "tempête apaisée" (Mc 4, 35-41) est aussi stupéfiant :
Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait d’eau. Jésus dormait sur le coussin à l’arrière. Ses compagnons le réveillent et lui crient : “Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?” Réveillé, il interpelle le vent avec vivacité et dit à la mer : “Silence, tais-toi !” Le vent tomba, et il se fit un grand calme. Jésus leur dit : “Pourquoi avoir peur ? Comment se fait-il que vous n’ayez pas la foi ?”
Nous sommes bien comme les disciples, criant vers Dieu pour lui dire : "Seigneur, nous sommes perdus, viens à notre secours !" Et lui nous répond : "Mettez votre confiance en moi. Pourquoi avoir peur ?"… L’heure n'est pas à vouloir comprendre, mais plutôt à accueillir, à nous laisser interpeller dans notre foi. Croyons-nous que Dieu agit au-delà de ce que nous voyons, au-delà de notre ressenti, de notre panique ? Acceptons-nous de replacer notre confiance en Lui ?
La force d’âme
Au moment où je termine cette tribune, je découvre que le pape François, lors de son audience générale du 10 avril dernier sur les vices et les vertus, s’est penché sur la "force d’âme" qui rend capable selon lui "de vaincre la peur, même de la mort" et "d’affronter l’épreuve et les persécutions". Il ajoute : "En effet, nous pouvons essayer de prévoir ce qui va nous arriver, mais la réalité est en grande partie faite d'événements impondérables, et dans cette mer, notre bateau est parfois ballotté par les vagues. La force d'âme fait alors de nous des marins résistants, qui ne s'effraient pas et ne se découragent pas." Aussi demandons à Dieu cette force d’âme qui nous fasse désirer mettre notre confiance en Lui pour recevoir cette paix profonde à laquelle nous aspirons, dans, malgré et bien au-delà des turbulences que le monde traverse actuellement !