"Nous devons relever le défi qui est de participer à la vie de la société avec fraternité, en restant respectueux de ceux qui ont la mission de faire la loi". Alors que les évêques de France se réunissent en Assemblée plénière à Lourdes du 19 mars au 22 mars, l'épineux sujet de la fin de vie demeure au centre des préoccupations, peu de temps après qu'Emmanuel Macron a dévoilé les contours d'un projet de loi on ne peut plus inquiétant le 10 mars dernier. Depuis, les voix des représentants de l'Église catholique en France n'ont eu de cesse de s'élever pour dénoncer la rédaction et les intentions de ce texte. Ils refusent d'inciter à des manifestations ou à toute forme de protestation "Il n'est pas question de rompre le lien" avec les institutions gouvernementales et parlementaires, dont ils sont "très respectueux".
"Nous allons continuer à travailler avec les autorités", affirme ainsi Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges et porte-parole de la Conférence des évêques de France, lors d'un point presse le 19 mars. Ce qui n'exclut pas, selon l'évêque, de faire entendre "une parole forte lorsqu'il s'agit de sujets graves et existentiels". Celui de la mort, en l'occurrence, "demande du tact, de l'écoute mutuelle", a encore relevé Mgr Bozo, car "quand la conversation s'échauffe, on déforme le message que l'on porte".
« Ne dévoyons pas la fraternité »
Alors que s'ouvrait cette nouvelle Assemblée plénière, les évêques de France ont rappelé dans une déclaration commune intitulée "Ne dévoyons pas la fraternité" la nécessité du respect de la vie humaine, de son commencement à sa fin naturelle. "Nous exprimons notre grande inquiétude et nos profondes réserves à l’égard du projet de loi annoncé sur la fin de vie. Nous proclamons sans nous lasser que toute vie humaine mérite d’être inconditionnellement respectée et accompagnée avec une authentique fraternité."
"C’est un impératif d’humanité et de fraternité que de soulager la souffrance et d’offrir à chacun la fin de vie la mieux accompagnée plutôt que de l’interrompre par un geste létal", affirment encore les évêques. "Notre idéal démocratique, si fragile et si nécessaire, repose sur l’interdit fondateur de donner la mort." Un interdit qui s'accompagne du besoin urgent du développement des soins palliatifs, afin de les rendre accessibles partout en France. "Le vrai défi d'une fraternité réelle est dans l'accompagnement du malade jusqu'au bout", souligne ainsi Mgr Joly, car "la plus grande souffrance est souvent la solitude".