Coup d’arrêt au dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église copte orthodoxe. Dans un communiqué publié le 7 mars 2024, l’Église orthodoxe copte annonce "suspendre le dialogue théologique avec l’Église catholique" et souligne son rejet de l’homosexualité en tant que "perversion sexuelle". Cette décision intervient près de trois mois après la publication de Fiducia supplicans, une déclaration qui autorise les prêtres catholiques à accorder des bénédictions non liturgiques aux couples homosexuels.
Le communiqué a été rendu public à l’issue de la réunion des 133 membres du Saint Synode dans le Monastère Saint-Bishoy en Égypte, lieu de résidence du chef de l’Église copte orthodoxe, le pape d’Alexandrie Tawadros II. Le Saint Synode est l’entité qui gouverne cette Église autocéphale, séparée des autres Églises chrétiennes depuis le concile de Chalcédoine en 451.
L’Église copte orthodoxe annonce avoir "décidé de suspendre le dialogue théologique avec l’Église catholique" et souhaiter "réévaluer les résultats obtenus depuis le début du dialogue", initié en 2004, afin "d’établir de nouvelles normes et de nouveaux mécanismes pour que le dialogue se poursuive à l’avenir". Cette décision a été prise après consultation des "églises sœurs de la famille orthodoxe orientale", dont font partie les églises orthodoxes éthiopienne, érythréenne, syriaque, assyrienne, ou encore arménienne.
Un revers œcuménique après des avancées significatives
Cette annonce survient peu de temps après le 20e anniversaire de la fondation de la Commission mixte internationale de dialogue théologique entre l’Église catholique et les Églises orthodoxes orientales, qui a été célébré le 23 janvier dernier lors d’une cérémonie à l’Université Pontificale Saint Thomas d’Aquin à Rome.
De plus, le 15 février, le cardinal Kurt Koch, président du dicastère pour l’Unité des chrétiens, avait en outre présidé dans la basilique Saint-Pierre une prière œcuménique pour la première commémoration des 21 martyrs chrétiens de Libye reconnus par l’Église catholique le 11 mai dernier après une visite de Tawadros II au Vatican. Il s’agissait des premiers saints reconnus par les deux Églises depuis leur rupture du Ve siècle.
Réaction négative à Fiducia supplicans
La raison de la suspension du dialogue théologique semble se trouver dans un désaccord dans la publication par Rome de la déclaration Fiducia supplicans le 18 décembre dernier. Dans son communiqué, le Saint Synode copte publie une note sur les "convictions de l’Église orthodoxe copte sur la question de l’homosexualité", qui pourrait être une réponse à cette autorisation catholique des bénédictions non liturgiques pour les couples homosexuels.
En janvier dernier; le cardinal Koch, en charge des relations œcuméniques au Vatican, avait en effet confié avoir "reçu une longue lettre de toutes les Églises orthodoxes orientales" qui souhaitaient avoir des explications et des éclaircissements sur la déclaration. Le Suisse avait aussi évoqué "des réactions négatives de la part du monde œcuménique".
Le Saint Synode copte insiste dans sa note sur le fait que la Bible "condamne, met en garde et interdit les pratiques sexuelles entre deux personnes du même sexe". "L’Église copte orthodoxe rejette ce que l’on appelle la perversion sexuelle dans son acception générale et globale, ainsi que tous les types de pratiques sexuelles en dehors du cadre sacré du mariage", peut-on lire.