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Attentat de Trèbes : l’acte héroïque d’Arnaud Beltrame plane dans la salle d’audience

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Croquis du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne, 22 janvier 2024.

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Agnès Pinard Legry - publié le 26/01/24
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Aux premiers premiers jours du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne perpétrés en 2018, la figure d’Arnaud Beltrame, l’officier de gendarmerie qui a pris la place d’une otage et a été tué par le terroriste, a plané dans la salle de la cour d’assises spéciale de Paris. Une figure tant inhabituelle qu’héroïque.

Six ans après, la douleur est toujours vive. Le procès des attentats de Trèbes et Carcassonne perpétrés en 2018 s’est ouvert le 22 janvier devant la cour d’assises spéciale de Paris. Pendant un mois, sept personnes de l'entourage de l'auteur de ces attaques jihadistes, sont jugées. L’auteur, Radouane Lakdim, a tué quatre personnes avant d’être abattu par les gendarmes. Parmi elles, Arnaud Beltrame. Aux premiers jours du procès, c’est bien l’ombre de cet officier de gendarmerie qui planait dans la salle d’audience.

Le 23 mars 2018, Radouane Lakdim, après avoir tué un homme à Carcassonne, arrive au Super U de Trèbes, une commune voisine, où il abat à bout portant le chef-boucher puis un client qui déposait ses achats sur le tapis de caisse. Criant "Allah Akbar", il se retranche avec une otage, Julie Grand, dans un local jusqu’à ce que le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame le convainque de prendre la place de celle-ci. L'assaillant est abattu lors de l'assaut, après avoir mortellement blessé de coups de couteau le militaire. Des faits qui traduisent l’héroïsme "hors cadre" qui habitait Arnaud Beltrame. Et c’est bien ce côté "hors norme" qui a été abordé dès le 23 janvier par les gendarmes qui sont intervenus lors de l’attaque du supermarché et entendus à ce titre par la cour d’assises. "Il décide de négocier, de s'échanger avec la caissière. Je lui réponds que non, il ne peut pas faire ça. Il me répond que si", explique ainsi le major Garcia qui dirigeait la première unité à intervenir au Super U. "Le fait de s’échanger n’est pas prévu par nos circulaires, c’est pas prévu par le protocole.".

Ce n'est pas du tout dans les procédures […] Mais c'est un acte de courage héroïque.

Intervient ensuite le colonel Gay, collègue et ami d’Arnaud Beltrame. A la question d’un avocat lui demandant si un tel choix lui ressemblait il répond : "Je pense que pour lui, une fois qu'il se substituait il solutionnait une partie de la crise", avance le militaire. "Plus de civils dans le supermarché" ça voulait dire que "c'était un problème entre un soldat et un terroriste". Ancien négociateur du GIGN, David Corona a abondé : "Ce n'est pas du tout dans les procédures […] C’est une erreur au sens militaire mais c'est un acte de courage héroïque." Et de saluer « ce militaire qui a donné sa vie. »

Au lendemain de ces témoignages, mercredi 24 janvier, l'écoute de la bande audio des échanges entre le négociateur du GIGN, le terroriste Radouane Lakdim et le colonel Arnaud Beltrame, où l’on entend la lente agonie de ce dernier, a bouleversé la salle d’audience. Mais c’est peut-être ce vendredi 26 janvier que l’émotion a été la plus vive avec le témoignage des "survivants". Parmi eux, Julie Grand, l'otage dont Arnaud Beltrame a pris la place. "Je me sens obligée d'être là pour témoigner en la mémoire d'Arnaud Beltrame", a-t-elle commencé avant de décrire ce qu'il s'est passé ce funeste jour de mars 2018. "Vos gueules les gars, reculez, je prends" Ce sont les premiers mots du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame entendus par Julie Grand. "Il trouvait bien ses mots alors que le terroriste veut mourir", se remémore-t-elle douloureusement. L'ancienne otage a ensuite prononcé cette phrase de l'officier de gendarmerie : "Prends-moi à sa place." Arnaud Beltrame a ensuite remplacé Julie Grand.

Le témoignage de Julie Grand

En prenant la parole, Julie Grand a tenu à défendre la mémoire d'Arnaud Beltrame en rappelant le "grand professionnalisme" dont il a fait preuve. "J'ai entendu plein de choses totalement décalées sur lui. Comme quoi il était passé outre les procédures ou qu'il avait fait le cow-boy. Ce n'est pas ce que j'ai vécu avec lui", a-t-elle résumé. Elle a aussi raconté sa rencontre avec Marielle, la femme d'Arnaud Beltrame. "Je pensais que c'était la femme qui me détestait le plus au monde. Ce n'était pas le cas. Je me devais de lui raconter ce que j'ai vécu." "Je prie souvent pour Arnaud Beltrame", a tenu à préciser Julie Grand, qui s'est convertie au christianisme.

Répondant à la question d'un avocat lui demandant ce qu'elle pense de l'épouse du défunt, elle a confié : "C'est quelqu'un avec beaucoup de dignité, qui ne cherche pas la lumière des projecteurs et d'une très grande finesse. J'ai un infini respect pour elle. C'est un être exceptionnel."

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