L’église du village était tellement en mauvais état que son toit s’est effondré. Le 2 janvier, le toit de l’édifice de Garbic, dans la commune de Monferran-Savès (Gers) s'est écroulé. Rien de vraiment surprenant, depuis 2020 le sanctuaire était sous le coup d'un arrêté de péril. Mais la maire de la commune dit son impuissance. Elle n’a pas trouvé les 200.000 euros nécessaires pour entreprendre des travaux de rénovation. "Il y a un problème de fond. Quand on prend la responsabilité d'un village, on a envie de faire le bien, mais on est confronté à des problématiques financières", s'agace Michel Baylac, président de l'Association des maires de France du Gers auprès de France 3.
Il y a bien "des aides venant de la Dotation d'équipement des territoires ruraux, qui est un bon outil mais qui n'est pas toujours suffisant." "Ce n'est pas le nombre d'habitants qui fait que l'on a une petite ou une grande église", ajoute l’élu. De plus, les églises détériorées sont souvent démolies avant qu’elles ne s’écroulent. C’est le cas de l’édifice de La Baconnière (Mayenne) qui a été déconstruit en août, car il était en trop mauvais état. La restauration aurait coûté sept millions d'euros à la commune. Toutes ces églises ont en commun de ne pas être inscrites aux Monuments Historiques, rendant leur rénovation plus difficile.
5.000 églises en péril
Cette actualité met en exergue l’insoluble sauvegarde du patrimoine religieux en France. Dans l'Hexagone, on recense 50.000 édifices religieux, dont 5.000 sont jugés en péril. Face à cet état des lieux, Emmanuel Macron a annoncé le 15 septembre 2023, une campagne de préservation, notamment via le lancement d'une grande collecte nationale qui "a vocation à nous permettre de collecter, sur 4 ans, 200 millions d'euros", a détaillé le président de la République. "Ceux qui aident auront les mêmes avantages fiscaux que pour la cathédrale Notre-Dame", avait-il ajouté. L’argent sera reversé aux communes de moins de 10.000 habitants en métropole et 20.000 en outre-mer.
Les Français ont répondu présents à cette initiative puisque trois semaines seulement après son lancement, la Fondation du patrimoine avait récolté près de 300.000 euros auprès de particuliers. Début janvier, les Français avaient donné plus de 2 millions d’euros. "Car cette somme, ce sont exclusivement des petits dons, faits par des particuliers. Sur le fond, c’est très bien d’avoir lancé cet appel aux dons pour les communes de moins de 10.000 habitants. Il y a longtemps que je dis au Président qu’il faut agir pour le patrimoine religieux. Les maires que j’ai croisés depuis sont très contents", s'enthousiasmait à l’époque Stéphane Bern.
Emmanuel Macron s’est aussi engagé à allonger la liste des édifices classés au titre des monuments historiques afin de rendre plus facile, pour le ministère de la Culture, le financement de leur restauration et accorder des crédits. Sur les cinq dernières années, le ministère de l'Intérieur et le ministère de la Culture ont alloué respectivement 280 millions et 600 millions d’euros pour la préservation du patrimoine.