separateurCreated with Sketch.

Comment mener le combat spirituel ?

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Aliénor Strentz - publié le 29/12/23
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
L’apôtre Paul exhortait déjà les premiers chrétiens à "lutter contre les esprits du mal". Le combat spirituel est inhérent à notre vie chrétienne. Il nous demande beaucoup de vigilance et de persévérance, mais il nous conduit aussi à vivre dans la paix et la joie des béatitudes. Contre quoi combattre et comment ?

Le thème du "combat spirituel" traverse les Saintes Écritures, et fait partie également de l’enseignement de la Tradition et du Magistère. Comme le précise le Catéchisme de l’Eglise catholique  : "Le Baptême, en donnant la vie de la grâce du Christ, efface le péché originel et retourne l’homme vers Dieu, mais les conséquences pour la nature, affaiblie et inclinée au mal, persistent dans l’homme et l’appellent au combat spirituel." (CEC, 405)

Trois ennemis à combattre

Défini simplement, le "combat spirituel" est un combat contre le mal, en vue d’atteindre la sainteté dans ce monde, et de vivre ici-bas et dans l’au-delà dans un état bienheureux avec Dieu. Ce combat se mène contre des "ennemis acharnés" selon l’expression du religieux Lorenzo Scupoli, auteur du fameux ouvrage du XVIème siècle "Le combat spirituel", qui fut un classique de la littérature chrétienne pendant plusieurs siècles. 

Ces ennemis sont au nombre de trois : il s’agit de satan, l’ange qui s’opposa à Dieu et veut encore entraîner tous les hommes en enfer, du monde (en tant que réalité organisée de manière hostile à Dieu) et enfin, de "la chair". Pour bien comprendre ce que recouvre cette dernière réalité, il est nécessaire de bien la différencier du "corps", et d’y voir plutôt, selon les mots du Père Pascal Ide, "notre fragilité blessée et pécheresse, ou encore notre ‘ombre’ pour parler comme Carl Jung". 

Le lot de tous les saints

Le but du combat spirituel est une croissance spirituelle dans l’amour, une charité plus vive, et une union plus profonde à Dieu. Tous les saints ont mené et remporté ce combat, y compris sainte Thérèse de Lisieux, la maîtresse de "la petite voie de l’enfance spirituelle", qu’on pourrait penser à tort éloignée de ce genre de pratiques. Pourtant, elle raconte dans l’Histoire d’une âme comment elle livrait un combat quotidien contre son amour-propre par l’offrande de petits sacrifices et pénitences invisibles aux yeux des hommes, mais lui coûtant beaucoup. De façon poétique, elle considérait que par tous ses combats infimes, elle  "jetait des fleurs" à Jésus, son seul amour, et obtenait de Lui en retour la conversion des pécheurs.

Jeter des fleurs, Jésus, voilà mon arme
Lorsque je veux lutter pour sauver les pécheurs
La victoire est à moi, toujours je te désarme
Avec mes fleurs

Une mentalité de guerrier 

De nos jours, si nous avions des coachs de combat spirituel, ils nous diraient tout d’abord de développer une mentalité de guerrier ! Pour être un bon guerrier, il faut avoir un juste discernement. Aussi, nous devons demander à l’Esprit saint de répandre la lumière dans nos cœurs afin de mieux discerner nos inclinations mauvaises de nos bonnes inclinations (pour transformer ces dernières en bonnes habitudes quotidiennes). Avant de lutter contre les péchés de notre prochain, luttons d’abord contre les nôtres, avec humilité. Combattre avec l’arrogance d’être meilleur que les autres aurait l’effet de nous éloigner de Dieu.

Nous devons aussi ne pas nous tromper d’adversaire. Nous ne combattons pas contre des personnes, mais contre des esprits mauvais et contre notre propre péché (Ephésiens 6, 12). Cela suppose de croire en l’existence du diable (le diviseur) et d’avoir conscience de son action en vue "de perdre les âmes", comme nous l’enseigne la prière à saint Michel Archange du pape Léon XIII. Lorenzo Scupoli nous rappelle la stratégie du Malin : nous aveugler afin que nous ne connaissions pas notre état de péché ; nous habituer à nos inclinations mauvaises ; nous faire tomber régulièrement dans le même péché et dans de plus grands encore en multipliant les occasions dangereuses par rapport à notre faiblesse numéro 1.

Ensuite, nous devons déclarer une guerre continuelle à notre amour-propre. Un petit moyen est de laisser d’abord la volonté des autres s’exprimer : il peut s’agir d’un acte aussi anodin que de se servir le dernier d’une part de dessert ou de donner en dernier son opinion.

Lorenzo Scupoli nous donne un conseil original : il vaut mieux, selon lui, se concentrer sur une seule vertu à acquérir. "Il suffit d’une vertu fortement ancrée dans notre cœur pour y attirer bientôt toutes les autres". Dès lors, il nous faut saisir les moindres occasions de pratiquer cette vertu dans la journée, sans s’étonner des adversités qui ne manqueront pas d’arriver. 

Par exemple, si nous avons tendance à médire, nous pouvons dès le matin demander à Dieu la force de résister à la tentation de médire dans la journée. Nous pouvons décider que nous allons volontairement dire du bien de quelqu’un avant la tombée de la nuit. Tous ces efforts nous permettent de développer la vertu contraire à la médisance, qui est la bienveillance : dire du bien des autres, et faire le bien aussi.

Un dernier élément clé pour développer une mentalité de guerrier est d’accepter la lutte quotidienne, de poser des actes avec détermination et de persévérer. Il faut une volonté ferme, du courage, de la persévérance. Bref, se lancer dans le combat spirituel suppose déjà d’en avoir la volonté. 

De nombreux outils à notre disposition

Le premier outil du combat spirituel est la prière pour rester uni à Dieu. Le Catéchisme de l’Eglise catholique la présente elle-même comme un "combat contre nous-mêmes et contre les ruses du Tentateur qui fait tout pour détourner l’homme de la prière, de l’union à son Dieu" (paragraphe 2725). 

Une courte prière proposée par Lorenzo Scupoli lorsque nous combattons spirituellement contre le mal est la suivante : "O mon Créateur et mon Rédempteur, délivrez-moi de mes ennemis, en l’honneur de votre Passion et de votre ineffable bonté". 

On peut aussi prier le Notre Père (où nous demandons à Dieu de nous "délivrer du mal"), invoquer les noms de Jésus et de Marie, prier son ange gardien, les saints (dont notamment saint Padre Pio), l’Archange Saint Michel surtout, ou encore la Vierge Marie (avec la prière indulgenciée par saint Pie X "Auguste Reine des Cieux et souveraine Maîtresse des Anges" spécialement dédiée au combat spirituel). La méditation au travers du chapelet de la vie et de la passion du Seigneur est aussi un outil puissant pour éloigner le péché et les maux de notre vie, mais aussi les guerres et autres catastrophes.

Le jeûne total, ou au pain et à l’eau, constitue un autre outil puissant lorsqu’il est associé à la prière.

Une méthode utilisée par Jésus lui-même est la méthode antirrhétique qui consiste à citer textuellement un passage de l'Écriture en réponse à une tentation qui se présente à nous (Mat, 4, 1-11). Pour exemple, si nous sommes fréquemment tentés par l’impureté, nous pouvons apprendre par cœur le verset suivant et le dire de tout notre cœur lorsque se présente la tentation : "Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification" (1 Th, 4, 7).

Le jeûne total, ou au pain et à l’eau, constitue un autre outil puissant lorsqu’il est associé à la prière. Toutefois, Lorenzo Scupoli voit les ascèses corporelles comme secondaires face à des pratiques qu’il juge plus essentielles encore : la patience dans l’épreuve, l’empressement à rendre le bien pour le mal, les mortifications de l’amour-propre.

Les sacrements de réconciliation et de l’Eucharistie, et de façon secondaire l’usage des sacramentaux (des objets bénis comme le scapulaire du Mont Carmel, les médailles miraculeuse et de saint Benoît ou encore l’eau bénite) sont aussi indispensables. Nous luttons alors contre nos "ennemis" en compagnie de Jésus-Christ Lui-même. 

Si nous ne pouvons bénéficier de la communion sacramentelle tous les jours, Lorenzo Scupoli nous invite à pratiquer au moins la communion spirituelle. En voici une formule simple :

"Seigneur Jésus, je crois fermement que tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Je t’aime plus que tout et je te désire de toute mon âme. Je voudrais te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie, avec la joie et la ferveur des saints. Puisque je suis empêché de te recevoir sacramentellement, viens au moins spirituellement visiter mon âme". 

En fin de journée, l’examen de conscience est un outil conseillé pour éloigner le mal de notre vie. En effet, nous prenons un temps pour regarder les fautes commises pendant la journée, observer le contexte dans lequel nous sommes tombés, demander pardon à Dieu et lui dire notre vif désir de ne plus l’offenser et d’acquérir la vertu contraire au mal que nous avons commis.

En acceptant chaque jour la lutte contre le mal, nous réaffirmons notre désir d’union à Dieu, notre engagement envers Jésus-Christ notre Roi, et notre renonciation à satan. Il en résulte une joie profonde, non pas celle superficielle du monde, mais celle-là même de la Vierge Marie, qui, écrasant la tête de satan, chante éternellement son Magnificat !

Aliénor Strentz est fondatrice du blog « Chrétiens heureux »  et Missionnaire de l’Immaculée Père Kolbe. Elle est aussi docteur en ethnomusicologie et formatrice pour adultes.

Vous avez aimé cet article et souhaitez en savoir plus ?

Recevez Aleteia chaque jour dans votre boite e−mail, c’est gratuit !

Tags:
Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)