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Sans avoir bénéficié d’aucune vision de la Vierge Marie, ni ne l’avoir entendue comme Bernadette ou à Catherine Labouré, il est possible de penser que sa voix possède une grâce extraordinaire et produit un effet tout à fait prodigieux sur la personne qui l’entend. Ce ne sont pas les récits des apparitions mariales qui nous persuadent de la force enchanteresse de la voix de la Vierge mais un verset de l’Évangile selon saint Luc (Lc 1, 44) : "Car, vois-tu, dès l’instant où ta salutation a frappé mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en mon sein" : c’est Élisabeth qui parle ainsi en s’adressant à la Vierge Marie, sa cousine. Et l’enfant qui a tressailli de joie en son sein, c’est saint Jean-Baptiste, le plus grand des prophètes.
La voix qui a fait bondir Jean-Baptiste
Ainsi, ce n’est pas la seule présence de Jésus qui a d’abord fait bondir le Précurseur mais la voix de la mère du Messie ! En effet, avant que Marie ne salue Élisabeth, Jésus était déjà présent chez la cousine de la Vierge, lové dans le sein de Marie. Pourtant, Jean-Baptiste a attendu que Marie salue sa mère pour bondir dans son sein ! C’est donc la voix de Marie qui a produit cet effet sur le Précurseur.
Qu’est-ce à dire ? D’une part, il est indéniable que Jean-Baptiste bondit de joie à cause de l’événement messianique que constitue la venue de Jésus parmi nous. Le Christ est la cause de sa joie et partant de la nôtre. D’autre part, c’est à la voix de la mère de Jésus que le Précurseur, Jean-Baptiste, reconnaît la présence du Messie attendu. C’est la voix de la Vierge qui porte littéralement Jésus, de la même manière qu’elle le fait avec son corps, comme toute femme enceinte, en se déplaçant dans l’espace. De même que la voix de la Vierge exprime ses sentiments à elle, sa pensée et son âme, de même cette voix est le véhicule de son Fils puisqu’elle a fait réagir Jean-Baptiste comme si Jésus lui adressait la parole en personne (ce qu’il ne pouvait pas faire puisqu’il n’était pas encore né).
Deux cœurs unis
Que conclure de cette scène étrange ? En fait, Marie est unie si fortement, si fondamentalement à son Fils que sa voix devient le vecteur de la Présence du Verbe divin au point de faire tressaillir de joie Jean-Baptiste, c’est-à-dire celui qui sera le héraut de la présence du Messie au milieu des hommes !
Si la voix de Marie porte Jésus, on peut pressentir quelle doit être sa puissance, sa vertu et sa grâce pour arriver à un tel résultat. Un tel effet nous laisse également deviner l’union qui existe entre les deux cœurs de la mère et de son fils — une union d’une telle force qu’à la voix de la première le prophète Jean-Baptiste reconnaît d’emblée la présence du second ! D’ailleurs, c’est Élisabeth qui prophétise cette union du Fils et de sa mère, de Jésus et de Marie, en employant pour eux deux le même adjectif : "béni". "Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de ton sein est béni" (Lc 1,42). Ainsi, la sainteté de Marie est liée à celle de Jésus. Si la sainteté de Jésus est constitutive de son être, en rejaillissant sur l’être de sa mère, elle la marque de façon essentielle et ontologique du sceau de la sainteté divine. Marie est la « Toute-sainte ».
Une voix cristalline
Revenons à la voix de Marie. En elle éclate la pureté de son âme, une pureté au-delà de l’effort, de l’ascèse pour l’acquérir. Dans cette voix se fait entendre une pureté native, comme le premier matin du monde tout droit sorti des mains du Créateur. Encore que le premier matin du monde était établi dans une pureté naturelle, au lieu que la Vierge est pleine d’une grâce surnaturelle dès sa conception — une grâce qui n’arrêtera pas de grandir au fur et à mesure de son pèlerinage de foi sur la terre. Quelque chose de cette grâce devait donc affleurer dans sa voix. Il est des voix qui charment, qui paralysent d’admiration dès la première écoute. Telle est la voix de la Vierge. En elle se conjuguent l’extrême ingénuité de la jeunesse et la force de Celle qui sait, charitable à l’excès, ce qu’elle veut et connaît les moyens d’y parvenir, zélée et prudente à la fois. Une voix cristalline, transparente à la pureté et à l’éternelle jeunesse de Dieu, et dans le même temps pétrie de toute la sagesse de la tradition de son peuple.
Une candeur surnaturelle, reflet de la clarté divine
La voix de la Vierge fouette en nous la vie engourdie qui ne demande qu’à s’éveiller aux merveilles de la Création et plus encore à celles de la Rédemption et à s’en réjouir. En somme, la voix de Marie répercute les vertus de celle de son Fils. N’est-ce pas en entendant la voix du Fils de Dieu que les morts vivront (Jn 5, 25) ? Ainsi, la voix de Marie nous donne d’apercevoir un coin de la réalité ultime de la Vie en sa source première. C’est une voix de jeune fille où joie et candeur s’allient pour lui former une couronne impérissable. Une musique unique. Unique comme la Vierge. Unique comme chacun de nous. Car la voix révèle, autant que le visage, notre unicité à nous tous.
Sur ce plan-là, l’écoute possède plus d’atouts que la vision. C’est le curé d’Ambricourt qui le confesse dans le Journal d’un curé de campagne de Bernanos :
Je ne suis pas bon physionomiste, comme on dit, mais j’ai la mémoire des voix, je ne les oublie jamais, je les aime. Un aveugle que rien ne distrait doit apprendre beaucoup de choses des voix.
Quels secrets nous révèlerait la voix de la Vierge si nous avions la chance de l’entendre !