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La vie de la Vierge Marie : le mariage de Marie

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Le Mariage de la Vierge (Raphaël).

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Philippe-Emmanuel Krautter - publié le 05/12/23
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L’Annonciation et la Nativité du Christ ont souvent occulté le thème important du mariage de Marie. Promise à Joseph, Marie devra malgré les événements miraculeux qu’elle rencontrera répondre aux coutumes juives de son temps…

L’évangile selon saint Matthieu livre une information brève et concise sur cette alliance promise de Marie avec Joseph (Mt 1,18) : "Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit saint." Cette source biblique précieuse ne doit pas nous faire oublier que le mariage à l’époque de Marie et de Joseph n’était pas celui que nous connaissons aujourd’hui en occident influencé par le droit romain, puis par le code Napoléon. 

À cette époque, le mariage juif se réalisait en plusieurs étapes successives. Lors de ce processus qui pouvait prendre du temps, la femme était tout d’abord promise à son futur époux, ce qui l’engageait dès cette promesse à lui être fidèle au risque d’un adultère puni de lapidation… La remise d’argent sous forme d’une pièce ou d’un anneau et son acceptation par la jeune femme manifestait alors son consentement et par là même son engagement. Puis l’époux devait rédiger un contrat par lequel il épousait la femme avant de lui remettre une dot. À la première étape rappelée par l’évangile de Matthieu, le mariage était déjà ainsi engagé et seule une répudiation par le mari pouvait mettre un terme à cette alliance…

Une répudiation évitée

Alors que l’évangile de Matthieu rapporte que Marie se trouve enceinte bien que déjà promise à Joseph, il ne restait à Joseph a priori selon la tradition juive qu’une alternative : la dénoncer publiquement et que Marie soit lapidée ou la répudier discrètement afin de lui éviter le scandale. Joseph commença par envisager cette deuxième voie. Mais, la divine providence allait cependant en décider autrement et lui offrir une troisième voie, ainsi que le souligne l’évangile de Matthieu dans le même chapitre (Is, 7,14) : Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : "Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés." 

L’ange poursuivit en rappelant le prophète Isaïe selon lequel le Seigneur donnerait un signe à son peuple : "Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous)". Au sortir du songe, Joseph accomplit ce que l’ange lui avait annoncé, il décida de prendre avec lui Marie son épouse… 

Le regard des artistes

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Le Mariage de la Vierge du Pérugin.

Si les détails proprement dits du mariage de Marie avec Joseph ne sont pas parvenus jusqu’à nous, les artistes se sont chargés cependant d’en offrir de splendides représentations telle celle réalisée par l’artiste italien Pietro di Cristoforo Vannucci, dit Le Pérugin (1448-1523). Le peintre influencé par Verrocchio et Piero della Francesca accordera une grande importance au dialogue entre paysage, architecture et personnages au premier plan, priorité parfaitement évidente sur ce tableau conservé au musée des Beaux-arts de Caen évoquant le Mariage de la Vierge. La remise de l’anneau symbolisant le mariage se trouve au cœur de cette représentation d’une parfaite maîtrise stylistique et d’une association virtuose des couleurs.

Soulignons que parallèlement à cette toile de Pérugin, son illustre et prestigieux élève Raffaello Sanzio ou Raphaël (1483-1520), disparu trop précocement et qui avait travaillé dans son atelier, rivalisera avec son maître en exécutant sa propre version du mariage de la Vierge. Dans ce monumental tableau conservé à la Pinacoteca di Brera de Milan, le peintre situe le mariage de Marie et de Joseph également sur le parvis du majestueux Temple de Jérusalem en une préfiguration de l’Église à naître.

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Raphaël, Le Mariage de la Vierge, 1504, Huile sur panneau de bois, Milan, Pinacothèque de Brera.

Mais, c’est peut-être par la seule grâce et les poses des protagonistes que cette toile peut se distinguer du tableau de son maître, Le Pérugin, justifiant ainsi que l’artiste ait été retenu par le pape Jules II pour décorer ses appartements pontificaux et notamment les fameuses Chambres portant son nom, les célèbres Chambres de Raphaël du Vatican.

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