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Gérard Collomb, la laïcité à la lyonnaise

GÉRARD COLLOMB ET MGR PHILIPPE BARBARIN

Gérard Collomb et Mgr Barbarin, le 30 novembre 2016 sur la place Saint-Pierre.

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Pierre Durieux - publié le 29/11/23
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Les Lyonnais ont rendu hommage ce 29 novembre à leur ancien maire lors de ses obsèques célébrées dans la cathédrale Saint-Jean, présidées par l’archevêque Mgr Olivier de Germay. Ancien collaborateur de l’archevêché, Pierre Durieux salue la mémoire d’un élu local dont la "laïcité à la lyonnaise" respectait profondément la culture de la "Ville des lumières", une laïcité qui pourrait inspirer bien des maires.

L’ancien maire de la capitale des Gaules, Gérard Collomb, a déposé les armes, après un cancer. Il avait 76 ans. "La mort du roi Lyon", a titré le Progrès. Les chrétiens de la ville de sainte Blandine garderont le souvenir d’un maire qui avait une certaine idée de la laïcité, positive, participative, inclusive même ! À Lyon, se tenait deux fois par an le déjeuner "concorde et solidarité" qui réunissait les représentants des cultes juifs, chrétiens et musulmans. Il écoutait attentivement ce que chacun disait de sa communauté, de ses questions et de ses espérances. Il s’intéressait — pour de vrai — au fait religieux en général et à chacun en particulier. Homme de lettres, professeur, sa culture lui permettait d’en parler avec justesse. 

Il connaissait sa ville jusque dans ses fractures

Les Lyonnais étaient d’accord avec lui, ou pas, mais tous reconnaissaient ses discours très construits, nourris… et nourrissants ! Son phrasé, si facilement imitable, servaient des textes profonds qui multipliaient les citations de grands chrétiens lyonnais : le cardinal de Lubac, Gabriel Rosset, le père Paul Couturier ou Pauline Jaricot… Il connaissait sa ville jusque dans ses fractures et ses entrailles et il savait qu’être maire, c’est être l’édile d’un tout complexe : il avait choisi de composer avec chacune de ses parties, sans en négliger aucune. Cette laïcité à la lyonnaise pourrait inspirer bien des maires, au moment même où certains s’appliquent à déconstruire les crèches ou à scier l’arbre de Noël sur lequel nous sommes pourtant tous assis ! 

Les exemples ne manquent pas de son attention aux sources chrétiennes de la Ville des lumières.

Après son élection au fauteuil de maire, en 2001, le diocèse de Lyon avait envoyé Mgr Payen, le fondateur de RCF, en émissaire spécial pour demander — timidement — si le nouveau maire serait représenté au Vœu des échevins, célébration de la grande tradition lyonnaise. Sa réponse ne se fit pas attendre : "J’y viendrai cette année et j’y viendrai d’ailleurs chaque année", avait-il répondu. Et il l’a fait ! Les exemples ne manquent pas de son attention aux sources chrétiennes de la Ville des lumières. Il fit même réaliser des campagnes d’affichage qui encourageaient les Lyonnais à placer des lumignons à leurs fenêtres au soir du 8 décembre ! Pour lui, le souvenir de sainte Blandine sur l’Amphithéâtre des Trois Gaules était sacré depuis dix-huit siècles et cette ancienneté demandait que ce lieu soit respecté. 

Les uns avec les autres

En 2014, il emboitait le pas du diocèse dans son jumelage Lyon-Mossoul, déclarant : "Ce que le diocèse a fait au plan spirituel avec Mossoul, la ville de Lyon veut le faire au plan matériel !" Deux ans plus tard, il rejoignait la fin du pèlerinage des 260 élus de la région Rhône-Alpes à Rome, pour l’audience du pape François, aux côtés de plusieurs de ses adversaires et de ses amis.  

Un soir du 8 septembre, dans un discours improvisé, il confessait que lorsqu’il rentrait de vacances, avec sa famille en voiture, c’est en apercevant Notre-Dame de Fourvière, qu’il se sentait "arrivé" à la maison. Ministre de l’Intérieur, il craignait que les Français ne vivent plus côte à côte mais face-à-face. Maintenant qu’il est arrivé à la grande Maison, nous prions pour que Notre-Dame, cette juive, honorée dans le Coran, mère du Christ, l’accueille et qu’elle nous apprenne à vivre ni côte à côte, ni face-à-face, mais bien les uns avec les autres !

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