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Au cœur des monastères, le langage des cloches

Cloches Eglise
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Morgane Afif - publié le 25/11/23
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Elles rythment encore les heures du jour dans nos villages et nos campagnes. Dans le silence des monastères, les cloches ont leur propre langage.

Matines, eucharistie, glas ou angélus : les cloches accompagnent la vie de l’Eglise depuis ses origines. Par-delà les bruits du monde, dans nos villes où fourmillent les passants et les pots d’échappement, les cloches sont les compagnes discrètes qui invitent celui qui veut bien les entendre à la prière, comme un rappel que Dieu est là, passant sur le trottoir au milieu de la foule. Elles sont le signe des grands événements et annoncent à grands bruits ce qui fait les joies et les peines d’une communauté : baptême, noces ou funérailles. 

Au cœur des monastères, les cloches ont leur propre langage et sont le reflet de la vie contemplative de ceux qui les habitent. Elles portent un nom différent en fonction de leur taille et de leur fonction, allant du bourdon, qui peut peser plusieurs tonnes, à la clochette. Selon Ángel Fraile de Pablo, campaniste, il en existe 30 tonalités différentes, qui peuvent être classées en trois groupes : l’appel, l'annonce et la louange.

L’appel, pour indiquer le rythme de la journée

Ce sont les cloches qui convoquent les moines et les moniales à l’oraison, au travail, ou au réfectoire pour les repas. Ces cloches sonnent à heure fixe, tous les jours et commencent avec le tout premier office de la journée, très tôt le matin avec les matines. Elles s’achèvent avec le dernier office du jour, les complies, qui marquent l’entrée dans le silence de la nuit. Elles annoncent la liturgie dite « des heures » qui rythme les journées : laudes, terces, sextes, nones et vêpres. On les reconnaît à leurs coups brefs et répétitifs qui permettent de ne pas les confondre avec les autres sonneries. C’est du terme « signum » que naît le « saintier », c'est-à-dire celui qui fond les cloches, et on retrouve sa forme simplifiée ; « sin » dans le tocsin, qui signifie littéralement « toucher la cloche ».

MONASTERE-DE-SARRANCE-AFP
Monastère de Sarrance.

Jean Belethus, théologien († 1182), décrit dans son Rationale divinorum officiorum les différentes cloches et sonneries : « Il y a six types d’instruments que l’on secoue : tintinnabulum, cymbalum, nola, nolula, campana et signa. On sonne le tintinnabulum dans la chambre et le réfectoire ; le cymbalum dans le chœur, la nole dans le monastère, la nolule dans l’horloge, la cloche dans les tours. […] A la troisième [heure], on sonne trois cloches selon le nombre d’heures [...], une pour se déplacer, une autre pour rassembler et la troisième pour commencer. On procède de la même façon pour sexte et none, et les cloches doivent simplement être sonnées dans le même ordre aux matines. Pour la messe et les vêpres, on doit sonner deux cloches. Dans les petites églises, la sonnerie doit seulement être plus simple. Pour le jour du Seigneur et les grandes fêtes, selon la mesure où l’on sonne dans les autres temps ».

L’annonce, pour marquer les événements de la vie de l’Eglise et de la communauté 

Ce sont celles qui informent les religieux des événements importants qui ont trait à la vie de l’Eglise ou de la communauté. On peut notamment citer l’Angélus, qui sonne trois fois au cours de la journée et qui fait mémoire du grand mystère de l’Incarnation du Seigneur. Il peut aussi s’agir d’événements heureux, comme lors des fêtes solennelles, pour manifester la joie et l’action de grâce ; ou graves, comme lorsqu’un membre de la communauté est rappelé à Dieu, pour inviter chacun à prier pour le repos de son âme. Ces sonneries-là sont plus variées que les précédentes et sont propres à chaque événement. 

La louange, pour signifier l’action de grâces de l’Eglise

Elles sont sonnées en hommage au Seigneur, à la Vierge Marie et aux saints de l’Eglise. Elles marquent, entre autres, le Salve Regina, la prière du rosaire, la consécration des espèces lors de la messe quotidienne, ou certains événements particuliers comme une ordination sacerdotale, dont elles manifestent le caractère solennel. Ces cloches-ci ont une tonalité plus mélodieuse que les précédentes. Certaines d’entre elles portent même un nom, souvent lié à un événement particulier de leur fabrication, comme le nom du donateur qui les a financées. L’usage veut même que certaines cloches au son particulièrement harmonieux soient appelées « voix de Dieu », comme pour rappeler que le Seigneur est là, qui veille, et que de Lui jaillit toute beauté.

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