Depuis les années 1970, les séparations conjugales (divorces, ruptures de PACS ou d’union libres) sont de plus en plus fréquentes. Une réalité qui dépasse la sphère privée étant donné les conséquences sur les conditions et le niveau de vie des enfants concernés, qui ont en moyenne 9 ans au moment de la séparation de leurs parents, avec un pic autour de 7 à 8 ans (Insee). Selon la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques du Ministère des Affaires sociales et de la Santé, depuis le début des années 2010, 425.000 séparations conjugales ont lieu en moyenne par an, et chaque année, 379.000 enfants mineurs en font les frais. De nombreuses études démontrent en ce sens l’impact immédiat de la séparation sur le niveau de vie de l’enfant, mais aussi les conséquences à plus long terme, au niveau de la réussite scolaire par exemple.
Des chiffres qui ont fait réagir pas moins de 550 conseillers conjugaux qui ont uni leurs voix dans une tribune publiée récemment dans le JDD. Ils estiment que la détresse des enfants concernés par les séparations est sous-estimée, que les conséquences sont minimisées, alors même qu’une politique de prévention consistant à accompagner les couples permettrait d’éviter de nombreuses séparations.
Un risque accru de pauvreté
Les séparations conjugales accroissent le risque de pauvreté. Elles sont à l’origine d’une baisse de niveau de vie marquée pour les enfants, et d’une dégradation générale de leurs conditions de vie, "en particulier quand ils vivent avec leur mère seule", soulignent les auteurs d’une récente étude de l’Ined. Les taux de pauvreté des enfants l’année de la séparation sont en ce sens bien plus élevés (29%) que ceux des enfants vivant avec leurs deux parents (13%). Un écart qui ne s’estompe pas les années suivantes.
Les centaines de milliers de ruptures chaque année deviennent un sujet de santé publique en raison de leur volume !
Pour les professionnels de la relation conjugale, le nombre d’enfants concernés fait des ruptures un sujet de santé publique. "Les centaines de milliers de ruptures chaque année deviennent un sujet de santé publique en raison de leur volume ! De nombreuses études l’ont démontré : la vie familiale et ses dynamiques relationnelles sont en effet de puissants déterminants de santé, au même titre que l’environnement ou l’alimentation", soulignent-ils. Et de pointer du doigt les répercussions à long terme : "Le risque de redoublement est deux fois plus élevé chez les enfants de familles monoparentales. Ceux-ci ont deux fois moins de chances d’être diplômés du secondaire. Les probabilités d’obtenir un diplôme bac + 5 chutent de 45% à 25% pour les enfants de parents séparés."
La prévention des ruptures, c’est efficace
Selon les signataires de la tribune, une solution réside dans la prévention des ruptures et l’accompagnement des couples en difficulté. Une solution mise en œuvre au Danemark, où une baisse de 17% des séparations serait observée.
Les conseillers conjugaux préconisent deux mesures simples : communiquer auprès des couples sur l’utilité et les bénéfices du conseil conjugal, notamment à certains moments clés de la vie : arrivée du premier enfant, adolescence, deuil ou maladie, déménagement, chômage… et soutenir les consultations de conseil conjugal et familial. Une prévention efficace, aux dires des experts en conjugalité, qui avancent que les trois-quarts des séparations qui seraient survenues compte tenu de la situation du couple au moment du premier entretien ont été évités.
Des mesures qui répondent à l’une des préoccupations actuelles de Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l’Enfance, qui a introduit, le 13 octobre 2023, un colloque à l’Assemblée Nationale sur le thème "prendre soin du couple pour mieux protéger l’enfant".