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Rien de plus contraire au christianisme que l’antisémitisme

Des étoiles de David, symbole de la religion juive et de l’Etat d'Israël taguées sur plusieurs bâtiments de la capitale. Paris, 31 octobre 2023.

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Benoist de Sinety - publié le 05/11/23
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Que faire face à cet antisémitisme qui ne demande qu’à s’exprimer sans pudeur ? Comme tous les peuples, les fils d’Israël peuvent se soumettre à la violence en raison de leur politique, mais rien ne justifie qu’un Juif subisse en raison de ce qu'il est la haine et le rejet, estime le père Benoist de Sinety, curé de la paroisse Saint-Eubert de Lille.

"Pourquoi avez-vous jugé utile de préciser à la fin de la messe que Marie était “fille d’Israël” ? Ne faites-vous pas une différence parmi les victimes de la guerre au Moyen Orient en évoquant le lien d’une des parties avec la Vierge Marie ? N’est-ce pas une manière de prendre parti ?" La jeune femme, un peu intimidée et très émue, m’interroge doucement. Quelques minutes plus tôt, j’invitais l’assemblée à porter dans nos prières nos frères et sœurs juifs en France qui se retrouvent voués à la vindicte de certains au seul prétexte de leur judaïsme. D’autant qu’il n’y a plus besoin de se cacher : après tout, ne sont-ils pas un peu responsables de tout ceci ? N’occupent-ils pas une terre et ne se montrent-ils pas injustes et violents avec les Arabes qui y habitent ?

Cet antisémitisme contenu

La fureur des canons et les images apocalyptiques de Gaza font frémir. Comme font frémir toutes les images de guerre qui nous rappellent qu’aucun conflit n’éclate sans qu’aussitôt les civils en paient le prix le plus élevé. En répondant à cette jeune femme, je tente de lui expliquer que mes paroles ne visaient pas les combats en cours, mais bien cet antisémitisme qui ne demande qu’à trouver un prétexte pour s’exprimer sans pudeur. Lors des attentats de Toulouse en 2012, contre l’école juive, lorsqu’on a tiré sur des enfants, pourquoi dans notre pays, seules quelques dizaines de milliers de personnes se sont-elles manifestées dans les rues de la capitale occitane alors qu’après l’assassinat des journalistes de Charlie ce sont plus d’un million de Français qui sont descendus... ?

Pourquoi aucune ONG française n’affiche-t-elle sur son site un message de soutien aux 250 otages aux mains du Hamas parmi lesquels des enfants, des tout-petits, des vieillards, tout en, parfois, n’évoquant "que" la violence de Tsahal ? N’y a-t-il pas, enfoui, ce sentiment que "c’est malheureux, mais que voulez-vous, ils jouent avec le feu ces Israéliens". Pour ne pas dire "ces Juifs"... Un peu comme l’on dirait à une femme violée que, si elle s’était mieux habillée et avait évité de sortir tard le soir, rien ne lui serait arrivé.

L’antisémitisme, condamné, avec une certaine condescendance, par le Saint Office dès 1928, est aujourd’hui clairement dénoncé par le Catéchisme de 1994, reprenant le concile Vatican II :

"À la différence des autres religions non chrétiennes, la foi juive est déjà la réponse à la révélation de Dieu dans l’Ancienne Alliance. C’est au peuple juif qu’appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, lui de qui est né selon la chair le Christ (Rm 9, 4-5) car les dons et l’appel de Dieu sont sans repentance (Rm 11,29)" (CEC 839).

Le choix de Dieu

L’expression fameuse de Pie XI est connue sur le chrétien "spirituellement sémite". On pourrait résumer d’une formule : il n’y a rien de plus contraire à la vérité de l’Évangile que le racisme, il n’y a rien de plus contraire à la compréhension de ce qu’est le christianisme que l’antisémitisme. Chacun peut évidemment choisir de soutenir un camp contre un autre dans la guerre atroce qui se déroule en Terre sainte. Il semble cependant que les chefs des deux camps n’ont besoin ni de nos supports ni de nos encouragements dans un combat qui ne leur coûte guère à eux mais qui saigne leurs peuples. Ce dont ces peuples justement ont le plus besoin, c’est de nos prières pour que des hommes raisonnables l’emportent chez eux et deviennent artisans de paix.

Rien ne justifiera jamais pour celui qui veut suivre le Christ qu’un Juif subisse en raison de ce qu’il est la haine, le rejet et la méchanceté.

Israël est le nom par lequel Dieu dans les Écritures choisit de baptiser Jacob. Celui-ci était né en s’agrippant au talon de son frère jumeau Esaü et lui déroba par la ruse son droit d’aînesse. En se mesurant à Dieu, il reçut de son Créateur le nom d’Israël, qui signifie "Dieu s’est montré fort". Lorsque les fils de Jacob se comportent comme tous les peuples, qu’ils veulent établir leur puissance et leurs frontières, ils sont toujours soumis à la violence des nations environnantes. Parfois même, ils la provoquent. Lorsqu’ils choisissent de vivre au plus juste l’alliance divine scellée en eux, ils s’exposent aux persécutions car ils présentent au monde un visage d’un Dieu qui vient vers l’homme et lui déclare son amour, là où beaucoup d’autres préfèrent évoquer un Dieu qui veut voir devant lui des êtres soumis et craintifs. Le choix est cornélien. 

La prière de Marie

Mais rien ne justifiera jamais pour celui qui veut suivre le Christ, et pour tout homme de bonne volonté, qu’un Juif subisse en raison de ce qu’il est la haine, le rejet et la méchanceté. Il n’est pas inutile que nous ayons au cœur, comme nous y invite les évêques de France, cette prière en ces jours rudes :

"Pour les victimes des attentats du Hamas et les otages, pour les victimes de la guerre qui s’en est suivie, pour que des couloirs humanitaires puissent rapidement être mis en place et pour que les artisans de paix l’emportent sur les faucons." 

Et d’en confier l’exaucement à la prière de Marie, fille de Sion et mère de Jésus.

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