Bien que peu connu en France, il est pourtant considéré comme l’un des plus grands écrivains contemporains et depuis ce jeudi 5 octobre, il est devenu le quatrième Norvégien à recevoir le prix Nobel de la littérature. Jon Fosse, 64 ans, est l’auteur d’une trentaine de romans, d’essais, de livres pour enfants et de pièces de théâtre. Ses ouvrages ont été traduit dans plus de 40 langues, et ont connu plus de 1.000 adaptations à la scène.
Deux particularités à son œuvre: Jon Fosse écrit en nynorsk, appelé aussi "néonorvégien", une langue minoritaire en Norvège pratiquée par seulement 10% de la population, et il écrit sans (ou avec très peu) de ponctuation. Son écriture est décrite comme "ardue" ou encore "silencieuse", et pour le président du comité Nobel, Anders Olsson, l’auteur est "ouvert à la divinité". Une belle litote pour ne pas dire que Jon Fosse est profondément croyant, et même converti au catholicisme depuis 2013, et que cela se ressent dans toute son œuvre, relativement mystique.
Écrire est une façon de prier
Né en 1959 dans le sud-ouest de la Norvège, Jon Fosse est élevé par des parents piétistes, un mouvement protestant et mystique. A l'adolescence, il s'éloigne de la religion et se revendique athée, pendant une première partie de sa vie, où il va se faire un nom dans la littérature. Entre ses 20 ans et ses 30 ans, il publiera pas moins de cinq livres. Il se tourne ensuite vers le théâtre, c’est d’ailleurs pour ses pièces qu’il est connu en France, notamment avec "Quelqu’un va venir" et "Mélancholia I", mises en scène par Claude Régy. Parmi les exemples de son écriture mystique, son dernier roman, Septologie (2021), évoque les sept jours de la Création, et suit le quotidien désœuvré d'un peintre. Pas encore totalement traduit en français, chacun de ses sept livres commence par la même phrase et se termine par une même prière à Dieu.
Avant le prix Nobel, Jon Fosse a reçu de nombreux prix ou récompenses, comme l'Ordre national du Mérite français en 2007, ou encore le Prix européen de littérature en 2014. En 2009, le 21 novembre, il reçoit même des mains du pape Benoît XVI une médaille à l'occasion d'une rencontre avec des artistes dans la Chapelle Sixtine. Sa conversion au catholicisme date de 2013, et est particulièrement notable pour un Norvégien où le catholicisme est ultra-minoritaire. S’il est très rare en interview, Jon Fosse n’hésite pourtant pas à témoigner de sa foi et de sa pratique régulière à la messe, avouant même que la pratique religieuse l’a notamment aidé à sortir de l’alcoolisme dont il a souffert de nombreuses années. Il a également partagé que pour lui, écrire est sa "façon de prier".