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La véritable histoire de “Laudato si'”

LAUDATO SI
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Hugues Lefèvre - publié le 03/10/23
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Ce 4 octobre, jour de la saint François d'Assise, le pape publiera l'exhortation apostolique "Laudate Deum", présentée comme une suite de "Laudato si'". Retour sur la genèse de cette encyclique à l’écho planétaire qui appelait toutes les personnes de bonne volonté à une "conversion écologique".

À l'origine de Laudato si', il y a d'abord une conversion personnelle, celle du pape François, survenue alors qu'il était encore archevêque de Buenos Aires, lors de la conférence de l'épiscopat latino-américain à Aparecida au Brésil en 2007. À un groupe de militants écologistes venus le rencontrer au Vatican en septembre 2020, il confiait n'être à l'époque ni informé ni intéressé par ces questions : « Je me disais : 'Mais ces Brésiliens, ils nous fatiguent avec cette Amazonie ! Quel rapport entre l'Amazonie et l'évangélisation' ».

Mais les choses allaient changer: « J’ai vécu un parcours de conversion, de compréhension de la question écologique. Avant, je ne comprenais rien », reconnaissait-il. De fait, quand il est élu pape en 2013, François a déjà beaucoup évolué, et pressent que l'urgence écologique est aussi liée aux questions sociales. 

Peu de temps après le conclave, le cardinal Peter Turkson, alors président du conseil pontifical 'Justice et Paix', évoque avec Nicolas Hulot la possibilité d’une prochaine encyclique du pape consacrée à l'écologie. La première encyclique de son pontificat, Lumen Fidei (2013) est surtout le fruit des réflexions de Benoît XVI sur la foi, mais Laudato si’, première encyclique véritablement personnelle du pape François, a ainsi commencé à s'ébaucher dès le début du pontificat. 

Comme souvent, le texte n'est pas directement rédigé par le pape. Discrètement, le pontife argentin fait appel à une équipe d'experts, des scientifiques, philosophes ou théologiens venus du monde entier. C’est ensuite qu’il se lance avec l’aide de quelques personnes de confiance dans la rédaction de l’encyclique. 

Des travaux nourris par ses prédécesseurs

Ses travaux, déclare le pape dans Laudato si', ont été nourris par ceux de ses prédécesseurs : la Doctrine sociale de l'Église, l'encyclique Pacem in terris de Jean XXIII, la lettre apostolique Octogesima adveniens de Paul VI, de nombreuses invitations à la « conversion écologique » de Jean-Paul II ou encore de Benoît XVI.

Mais c'est une personnalité non-catholique qui, de l’aveu même du pape, lui aura inspiré ce désir d’écrire un plaidoyer pour la protection de la Maison commune : le patriarche œcuménique Bartholomée de Constantinople et ses dénonciations des « crimes contre la nature ». 

La figure tutélaire de saint François d'Assise habite toute la réflexion de la lettre.

Enfin, la figure tutélaire de saint François d'Assise, dont le pontife a choisi de porter le nom, habite toute la réflexion de la lettre, au point de lui donner son titre Laudato si', tiré du célèbre Cantique des créatures. « En lui, on voit jusqu’à quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure », affirme-t-il dans l'encyclique.

Une publication avant la COP21

Tout s'accélère en 2014 lors du déplacement du pape François à Strasbourg pour rendre visite aux instances de l'Union européenne. Il est accueilli à l'aéroport par la représentante du président François Hollande, Ségolène Royal, fraîchement nommée ministre chargée de l'Environnement. Cette dernière se trouve alors en pleine préparation de la COP21. La ministre socialiste tente sa chance : « Est-il vrai que vous écrivez quelque chose sur l’écologie ? », interroge-t-elle le pape. Comme ce dernier lui confirme, elle lui demande alors : « S’il vous plaît, publiez-le avant la rencontre de Paris ! ».

Le pape, convaincu, contacte ses rédacteurs et leur demande d’intensifier leur travail pour faire en sorte que le texte paraisse avant la COP21, organisée en novembre et décembre 2015 dans la capitale française. 

Le but, confiera-t-il, était bien de « faire pression » sur les participants au sommet afin que la rencontre aboutisse à des décisions concrètes et utiles. Le texte paraîtra finalement le 18 juin 2015, soit plus de cinq mois avant la conférence internationale, pendant laquelle il sera particulièrement commenté.

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