Le pape François a déploré, dimanche 1er octobre, la situation dramatique de la région récemment annexée par l’Azerbaïdjan. Ces derniers jours, après la victoire de l’offensive militaire azerbaïdjanaise dans l’enclave séparatiste disputée par les deux pays, 80% de la population arménienne y résidant – quelque 100.000 personnes – a fui, selon l’AFP.
"Je suis ces jours-ci la situation dramatique des déplacés au Haut-Karabakh", a confié le pape François depuis la place Saint-Pierre. Et de lancer un "appel au dialogue entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie", souhaitant "que les discussions entre les parties, avec le soutien de la communauté internationale, favorisent un accord durable qui mettre fin à la crise humanitaire".
Si le 266e pape a déjà exprimé à plusieurs reprises sa préoccupation pour ce conflit, ces derniers mois il n’avait pas mentionné directement les deux pays. Ainsi lors de l’audience générale du 20 septembre dernier, il avait exhorté "toutes les parties en cause" – sans évoquer nommément ni l’Azerbaïdjan ni l’Arménie – et la communauté internationale, à agir "afin que se taisent les armes" dans cette région du Caucase méridional.
Dans son message aux ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège le 9 janvier, le pape François avait plaidé pour le respect du cessez-le-feu et la libération des prisonniers civils et militaires dans le Caucase méridional, là encore sans citer l’Arménie ou l’Azerbaïdjan.
Critiqué, le silence relatif du Saint-Siège vis-à-vis de l’Arménie a été défendu par le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin, plaidant pour un travail diplomatique discret plutôt que des condamnations.
"Nettoyage ethnique dans le Haut-Karabakh"
Depuis le début de l’année civile, la situation s’était dégradée, alors que l’Azerbaïdjan menait un blocus du corridor de Latchine, reliant l’Arménie au territoire du Haut-Karabakh. Quelque 120.000 Arméniens vivent dans cette région passée partiellement sous le contrôle de l’Azerbaïdjan à l’issue de la guerre de 2020, et censée être protégée par la Russie.
À I.MEDIA, l’ambassadeur arménien près le Saint-Siège Garen A. Nazarian dénonçait en avril dernier une action visant "à mettre en œuvre la politique azerbaïdjanaise de nettoyage ethnique dans le Haut-Karabakh".
Prétextant une opération anti-terroriste, Bakou a initié des frappes le 19 septembre, provoquant la mort de près de 600 personnes en prenant le contrôle du territoire. Dans le sillage de sa victoire, l’Azerbaïdjan a annoncé le 28 septembre la dissolution de cette république séparatiste autoproclamée, à la date du 1er janvier 2024.