Jour de grande affluence ce samedi 30 septembre pour les corridors de marbre qui s’alignent derrière la Porte de Bronze, grande ouverte sous le bras droit de la Colonnade du Bernin. Depuis la place Saint-Pierre, une longue file de plusieurs milliers de fidèles attend d’être guidée par les Gardes suisses postés tout au long du circuit, entre la Gallerie Lapidaria et la Salle des Bénédictions, où les nouveaux cardinaux, coiffés de leur barrette rouge, se prêtent au jeu des photos-souvenirs et des échanges continus de poignées de main.
Outre les dignitaires de la Curie romaine – tel le cardinal secrétaire d’État Pietro Parolin accosté à chacun de ses pas –, et les ambassadeurs accrédités près le Saint-Siège, les familles et les proches se pressent, émus, pour embrasser "leur" cardinal. Ils sont une centaine venus d’Afrique du Sud avec l’archevêque du Cap, le néo cardinal Stephen Brislin, également une centaine de Malaisie, autour de l’archevêque de Penang, Sebastian Francis, et 80 personnes du Soudan du Sud, pour féliciter l’archevêque de Djouba, Stephen Ameyu Martin Mulla.
850 Corses
Une délégation touffue de 850 Corses s’est frayé un chemin malgré la foule. Ils sont là pour entourer l’évêque d’Ajaccio, Mgr François-Xavier Bustillo, que le pape a glissé dans sa liste de nouveaux cardinaux. Parmi eux, Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse, était près du podium, dans le carré réservé aux hommes politiques pendant la célébration. "J’ai vécu ce consistoire intensément, en partie dans la prière évidemment parce que je suis pratiquante, mais aussi avec beaucoup de fierté", confie-t-elle à I.Media.
"Lorsque l’évêque s’est approché de l’autel et qu’il a été consacré cardinal, j’ai entendu les cris du peuple corse, ils se sont levés, ça a été une explosion de joie", ajoute encore la femme politique. Quand le pape François a prononcé le nom du cardinal Bustillo, la clameur des Corses a en effet jailli avec une véhémence remarquée dans la foule. "J’espère que le Saint-Père qui dans sa prière nous a appelé à la symphonie, à l’harmonie, à l’unité, sera entendu", confie la présidente.
Maxime, séminariste pour le diocèse d’Ajaccio, a attendu patiemment pendant près de trois heures sous le soleil dans la matinée afin de distribuer les précieuses invitations aux Corses. Ceux-ci transpirent dans la file d’attente sous le bras de Constantin, espérant être introduits dans le palais apostolique avant que le cardinal "ne parte".
Joie des nouveaux cardinaux
"Les visites de chaleur : ça porte bien son nom !", s’exclame une catholique corse, juste après avoir réussi à prendre une photo avec le cardinal Bustillo. Elle se dit "contente d’avoir pu venir le saluer et le remercier à Rome". "On le voit beaucoup, mais jamais en rouge comme ça !", remarque-t-elle, tandis que le cardinal plaisante, amusé, sous les flashs des photographes : "Je suis devenu une superstar !".
Du côté du deuxième cardinal français, le nonce apostolique aux États-Unis Christophe Pierre, une quarantaine de membres de sa famille, qui résident en grande partie autour de Saint Malo, ont fait le déplacement. Issu d’une famille de six, il est accompagné par quatre de ses frères et sœurs. "On aime bouger dans la famille, moi j’ai fait le cap Horn en voilier, mon père a beaucoup voyagé aussi, mais mon frère est hors concours !", souligne un de ses frères, en allusion au parcours du nonce qui a vécu dans neuf pays, et a réalisé d’innombrables voyages pour la diplomatie vaticane.
Les longues files s’écoulent. Malgré la fatigue qui se lit sur leurs traits tirés, les nouveaux cardinaux sourient entre les plantes vertes qui entourent leurs fauteuils molletonnés. "Priez pour moi", demande l’un d’eux au passage. "Et bénédictions sur vous", souhaite un autre.