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Au Haut-Karabagh, des milliers de chrétiens jetés sur les routes

Arméniens Haut Karabagh exil
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Anne-Sophie Retailleau - publié le 26/09/23
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La chute du Haut-Karabagh le 20 septembre dernier, provoquée par l'offensive azerbaïdjanaise, a entraîné l'exil de ses 120.000 habitants. Depuis une semaine, des milliers d'Arméniens sont contraints de prendre la route pour trouver refuge.

Le sang continue de couler dans l'enclave du Haut-Karabagh. Lundi 25 septembre au soir, l'explosion d'une citerne d'essence dans un dépôt de carburants a fait au moins 20 morts et plus de 200 blessés, selon les autorités du Haut-Karabagh - chiffre repris par l'AFP. L'explosion, dont l'origine n'a pas été dévoilée, a eu lieu alors que des "dizaines de personnes" attendaient leur tour pour faire le plein avant de fuir vers l'Arménie, selon Nouvelles d'Arménie.

Ce drame s'ajoute à la tragédie que vivent les 120.000 Arméniens du Haut-Karabagh, qui constituaient l'essentiel de la population de ce territoire. Depuis une semaine, ils sont forcés de fuir la région après l'offensive de l'Azerbaïdjan, le 19 septembre, qui a coûté la vie d'au moins 200 personnes et porté le coup de grâce à la république autoproclamée. Depuis, les images déchirantes de dizaines de milliers de réfugiés en exil affluent sur les réseaux sociaux. Elles montrent des embouteillages interminables de véhicules et de longues files de piétons aux visages exténués, chargés du peu d'affaires qu'ils ont pu emporter avec eux.

Près de 29 000 réfugiés en Arménie

La population, déjà affaiblie par neuf mois de blocus éprouvants imposé par l'Azerbaïdjan, doit désormais chercher refuge en Arménie, dans des conditions particulièrement difficiles. "Ce qui compte pour eux, c'est de sauver leur vie et celles de leurs enfants, ils se disent que la nourriture et les soins viendront après", affirme à Aleteia Hovannhès Guévorkian, représentant de la république d'Artsakh en France.

Le 26 septembre au matin, les autorités arméniennes ont indiqué que 13.350 Arméniens du Haut-Karabagh avaient déjà rejoint le territoire. Le même jour au soir, ils étaient 28.120. Un début, puisque des milliers d'autres sont attendus dans les prochains jours. "Le corridor de Latchine, par où passent les réfugiés, est complètement bouché, et il y a des embouteillages sur plusieurs dizaines kilomètres", précise Hovannhès Guévorkian. "Les embouteillages sont tels qu'il leur faut plus de 20 heures pour faire seulement quelques kilomètres", soulève quant à elle l'Aide à l'Eglise en Détresse (AED). "Certaines personnes ont sans doute été arrêtées par les autorités azerbaïdjanaises, et l'on ne sait pas non plus ce qu'il en est des plus fragiles, qui sont privés de médicaments depuis des mois, d'eau potable, d'électricité. Ces personnes n'ont pas forcément les moyens matériels et la force de partir".

"La peur au ventre"

"La population réfugiée arrive en Arménie appauvrie, en état de malnutrition et la peur au ventre, souligne Hovannhès Guevorkian. Ils vivent dans des abris souterrains depuis le 19 septembre, et il y a encore deux jours, ils ne savaient pas si les Azéris allaient les laisser partir." L'Arménie a déjà annoncé que sur le nombre de réfugiés arrivés sur son territoire, "plus de 2.500" ont été logés ces trois derniers jours. Les autres, épuisés, devront encore attendre. "L'Etat arménien et les familles s'organisent pour accueillir les habitants du Haut-Karabagh, explique l'AED. Mais ils ont besoin du soutien de la communauté internationale, car l'Arménie est un petit pays enclavé qui ne dispose pas des mêmes ressources que l'Azerbaïdjan."

"Un génocide, ce n'est pas seulement tuer des personnes, c'est aussi tuer une culture."

Les Arméniens du Haut-Karabagh le savent, ils ne reviendront pas chez eux. "C'est fini, souffle Hovannhès Guévorkian. Sans population au Haut-Karabagh, il n'y a plus de Haut-Karabagh. Un génocide, ce n'est pas seulement tuer des personnes, c'est aussi tuer une culture, et c'est exactement ce que fait l'Azerbaïdjan. En dispersant une population, c'est toute une culture, un dialecte, qui vont disparaître."

Mais pour le diplomate, il faut désormais penser à la suite, malgré la douleur de la perte du Haut-Karabagh. "Je ferai tout pour que les Arméniens du Haut-Karabagh puissent rester en Arménie, pour faire en sorte qu'ils soient intégrés, et ne soient pas obligés de partir ailleurs", assure-t-il. "Ce serait un nouvel échec".

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