Tandis que les pèlerins quittent Lisbonne pour rejoindre leurs foyers, ils sont déjà nombreux à penser aux prochaines Journées Mondiales de la Jeunesse qui se tiendront en 2027 à Séoul, en Corée du Sud. Le père italien Fabiano Rebeggiani vit en Corée du Sud depuis dix ans et a été ordonné prêtre pour l'archidiocèse de Séoul en 2021. Originaire de Rome et membre du Chemin néocatéchuménal, il était à Lisbonne avec un groupe de 180 pèlerins de son diocèse. Environ 1.200 Coréens sont venus aux JMJ. Le père Rebeggiani partage avec Aleteia la l'impact que les JMJ de Séoul auront, selon lui, sur les Coréens et les catholiques du monde entier.
Aleteia : Pourquoi Séoul a-t-elle décidé de se porter candidate pour accueillir les JMJ ?
Père Fabiano Rebeggiani : Notre archevêque a demandé que les JMJ se déroulent à Séoul parce qu'il ressentait le besoin de renouveler l'Église. Après la pandémie, il y a eu une crise en termes de participation aux messes, en particulier de la part des jeunes. Il pense que cet événement peut réveiller la foi de l'Église en Corée et en particulier celle des jeunes. Il est clair que les jeunes qui sont venus ici à Lisbonne sont enthousiastes. Séoul est une ville beaucoup plus grande que Lisbonne et il y a une bonne capacité d'accueil. C’est un endroit propice pour organiser des JMJ et ce sera une bonne expérience pour ceux qui viendront d'Europe ou des États-Unis parce qu'ils auront un avant-goût de l'Asie. Je pense que c'est quelque chose qui aidera à la fois les fidèles qui viennent de l'Ouest et l'Église coréenne elle-même. L'organisation des JMJ à Séoul, j’en suis certain, fera l'effet d'une bombe et ébranlera la société coréenne, qui est très ordonnée et précise. Voir cette explosion de joie, d'enthousiasme, de foi, je pense que cela aidera beaucoup à connaître le Christ.
Ces JMJ peuvent-elles aussi incarner un message de paix et de réconciliation entre les peuples ?
Absolument. En Corée, il y a actuellement un armistice, le conflit s'est terminé en 1953 et il n'y a pas eu de traité de paix. Pour les pèlerins, aller voir la zone démilitarisée, la frontière, les points de contrôle, les missiles dirigés vers le Nord, se replonger dans l'atmosphère de la guerre froide, c'est une expérience qui aidera à comprendre la souffrance du peuple coréen. Cela peut surtout aider les gens à prier pour la paix. La seule possibilité d'annoncer un jour l'Évangile en Corée du Nord n'est pas seulement par des moyens politiques, mais surtout par une prière constante. Comme le pape Jean-Paul II a consacré la Russie à Notre-Dame de Fatima, l'intercession de la Vierge Marie serait également nécessaire en Corée.
Beaucoup de Coréens se tournent vers l'Église catholique pour trouver un peu de paix.
Quel est le rôle de l'Église en Corée du Sud ?
Environ 10% de la population coréenne est catholique, 20% est protestante, 20% est bouddhiste et 50% est sans religion. L'Eglise catholique a toujours été très bien vue en Corée du Sud parce qu'elle a joué un rôle dans la démocratisation du pays, car il y a eu aussi des dictatures militaires. C'est également grâce à la médiation des évêques coréens et à l'action politique que la démocratie a pu s'installer dans le pays. L'Église est donc bien considérée pour des raisons politiques, mais aussi pour des raisons sociales. La société coréenne est pleine de compétition. Les enfants qui entrent à l'école, puis dans le monde du travail, en souffrent beaucoup. Ils sont stressés et il y a beaucoup de suicides, de dépressions. Beaucoup de gens se tournent vers l'Église catholique pour trouver un peu de paix.
Que pensent les Sud-Coréens du pape François ?
Lorsque le pape François est venu en Corée en 2014, il a été incroyablement populaire, surtout parmi les non-catholiques. Par exemple, lorsqu'il est venu en Corée, il n'a pas voulu de voiture de luxe, il a parcouru la ville dans une KIA, ou encore il a dialogué avec d'autres religions et avec les différentes composantes de la société. Il s'est simplement montré humble, comme un pape qui est parmi les gens et non dans la hiérarchie. Je pense que cela a touché en particulier de nombreux non-catholiques et que cela a eu un effet très fort. En fait, il y a eu de nombreuses conversions après la visite du pape en 2014.