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Que faisons-nous de notre place dans l’Église ?

Pope Francis presides over World Young Day vigil with young people in Tejo Park, Lisbon
Stéphanie de Lachadenède - publié le 06/08/23
L’Église vivante, c’est l’Église des JMJ, mais c’est aussi l’Église de tous les baptisés, reçue dans les sacrements et portée par l’engagement et le service de tous. Avant d’être une institution imparfaite et critiquable, l’Église est le corps du Christ dont nous sommes chacun responsables, à la mesure du don que nous faisons de nous-mêmes.

Cessons de considérer notre clergé et les gens qui participent à la vie de l’Église comme plus responsables que nous de l’image de l’Église contemporaine. Nous critiquons l’Église ? Prenons plutôt notre part. Nous sommes chrétiens ? Faisons-la vivre, nous y sommes tenus et ce n’est pas une option. Nous idolâtrons untel ou au contraire nous n’adhérons pas du tout à l’abbé Je-ne-sais-qui ? Lisons plus attentivement la Bible, méditons sur la position des pharisiens ou des chefs de l’Église lorsqu’ils rencontrent Jésus. Comme eux, nous peinons bien souvent à voir le Christ en l’homme. 

Ne passons-nous pas, nous aussi, à côté de Lui sans le reconnaître, quand nous refusons le ministre qu’il nous envoie ? Et à l’inverse ne trompons-nous pas Dieu lorsque nous nous laissons aller à penser que la Vérité sort de la bouche d’un seul homme ? Abusés par la certitude de savoir bien faire, de penser que nous distinguons aisément ce qui est bien ou pas, dans les deux cas nous nous reposons sur l’humain plus que sur le divin. 

Membres de l’Église par pure miséricorde

Peut-être que la problématique de fond relève de la prise de responsabilité de chacun. L’immense responsabilité d’être chrétien nous oblige. Et doit nous remettre à notre place. Nous sommes membres de l’Église du Christ et des saints uniquement par miséricorde (Paul-Marie Cathelinais). Nous ne sommes pas — pas encore du moins — une des pierres de taille qui la construisent et qui l’honorent. Nous y sommes admis par pure miséricorde. Que faisons-nous de cette place offerte gratuitement ? Que ferons-nous de nos vies terrestres pour qu’elles servent l’Église ? Avons-nous seulement conscience que c’est là que nous sommes attendus ? Et que la seule façon d’en faire un jour partie pour l’éternité est de la servir et de la faire vivre ? Pouvons-nous nous permettre d’exercer un jugement ou de trouver peu à notre goût l’action de ceux qui s’y appliquent ? Ou à l’inverse de prendre comme source de toute notre vie spirituelle une seule personne ou une communauté ?

On ne reçoit pas tout cru les grâces du Seigneur, on doit se donner la peine d’aller les chercher, d’approfondir, de vérifier, de relire, d’interroger.

La Vérité passe par le Christ. Seulement par lui. Notre vie spirituelle doit toujours passer au crible de sa Parole, de son Esprit et de notre prière personnelle. C’est à la fois très intérieur et très vaste. Car Il est le seul chemin vers Dieu et en même temps c’est dans la multitude qui nous entoure que nous pouvons le servir, que nous devons être capable de l’entendre et de le reconnaître. Toute fermeture dans un mode de pensée défini ou définitif est donc un éloignement de lui. Tout renfermement sur soi ou sur une communauté qui marche en circuit fermé est une coupure d’une partie de lui. Pour rester ouverte à sa présence, notre intelligence tout entière doit être appuyée sur la Source de Vérité. Sur Jésus. Fréquenter sa Parole. Recevoir les sacrements. Rester à l’écoute de notre conscience qui, alimentée par le souffle de l’Esprit, est pleinement réceptive à sa voix.

Nos prêtres sont comme des petits cailloux 

On ne reçoit pas tout cru les grâces du Seigneur, on doit se donner la peine d’aller les chercher, d’approfondir, de vérifier, de relire, d’interroger. De sortir de ses zones de confort, de s’aventurer en terrain étranger, d’être conscient d’avoir à apprendre des plus petits, comme des plus grands. Toute impression d’être arrivé est une impasse. On ne peut donc pas enfermer les ministres du Christ dans le rôle de gourous, passeurs tout puissants entre nous et le Ciel. Le chemin de notre salut ne réside pas dans les bonnes relations que nous entretenons ou pas avec notre curé. Ce serait trop facile pour nous, et trop lourd pour eux… En revanche, par leur intermédiaire, nous pouvons recevoir les sacrements : l’action directe de Dieu. Et que nos prêtres soient imparfaits ou saints, dans les sacrements, c’est toujours le Seigneur qui agit pour nous. 

Le Seigneur répond toujours à celui qui le cherche vraiment. Il répond sans jamais imposer, sans choisir à notre place alors même que parfois c’est vrai, nous aimerions avoir des réponses toutes faites et bien claires.

Nos prêtres sont comme des petits cailloux qui viendraient se glisser au fond de nos chaussures trop confortables. Ils nous aident à sortir de notre spiritualité trop tiède. Leur parole, leur action nous interpelle, nous enthousiasme, nous interroge, nous met en garde. Ils sont ceux que notre Salut préoccupe davantage que nous-mêmes. Avec eux, nous pouvons apprendre, débattre, douter, nous confier. Par eux, dans les sacrements nous recevons directement le Seigneur. Si nous pouvons faire de nos échanges la matière qui alimentera notre réflexion, ils ne livrent pas du "prêt-à-monter au ciel". Ce sont des guides, des serviteurs du Seigneur, des coachs de notre spiritualité mais pour finir, l’authenticité de notre foi repose sur la relation toute personnelle que nous parvenons à entretenir avec Jésus. Sur nous seuls repose donc le choix de connaître, d’aimer et de suivre le Christ. Il ne suffit pas d’écouter l’homélie du dimanche, d’inviter le curé à déjeuner une fois par an et puis de repartir satisfait d’avoir coché la case spi de la semaine. 

Choisir et vouloir le bien librement

C’est la curiosité qui alimente le désir du Ciel. Le Seigneur répond toujours à celui qui le cherche vraiment. Il répond sans jamais imposer, sans choisir à notre place alors même que parfois c’est vrai, nous aimerions avoir des réponses toutes faites et bien claires. Son souhait étant que chacun choisisse le Bon en âme et conscience, de son propre chef. Si ce choix est biaisé, parce qu’imposé, suggéré ou pris sans réflexion il n’a pas la même valeur. Ce n’est pas l’élan sincère de mon âme vers le bien. Il faut donc me mettre à l’écoute. Le Seigneur insuffle son esprit tout au fond de nos consciences et de nos cœurs. Il répond par petites touches qui nous font avancer à notre rythme, selon ce que l’on est prêt à entendre, à comprendre et à donner. 

Nous voulons être saints ? Prenons le temps de le devenir, mettons-nous à disposition, servons, soyons prêts à recevoir le coup de pouce du Ciel sans lequel nous ne sommes pas capables d’aller bien loin dans le dépassement de nous-mêmes, dans le don pour l’autre. Cessons de contempler ce qui ne va pas dans l’Église ou ailleurs, commençons par fabriquer du Bien, du Beau, du Juste autour de nous. Le reste s’en trouvera transformé. Nos pasteurs seront épaulés, l’Église grandira car de nouveaux saints viendront en grossir les rangs. Parce qu’en réalité, ce n’est qu’en commençant à se donner pleinement que l’on devient capable de recevoir vraiment. Et l’on a pas idée de la beauté de ce que l’on peut alors recevoir. Et construire. 

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