Au terme de la messe au parc Tejo de Lisbonne, au cinquième jour de son voyage au Portugal, le pontife argentin a annoncé la « suite du chemin » de ces JMJ initiées en 1986 avec Jean-Paul II. « La prochaine Journée mondiale de la jeunesse aura lieu en Asie, en sera en Corée du Sud, à Séoul », a-t-il déclaré, tandis qu’une délégation de jeunes coréens déroulait un drapeau sur le podium, sautant de joie. Ces JMJ, qui seront les 41e, auront lieu en 2027, a aussi indiqué le pape.
Ainsi, a fait observer le chef de l’Église catholique, cette rencontre internationale se transfèrera de « la frontière occidentale de l’Europe », au Portugal, « à l’Extrême-Orient ». Le pape y a vu « un beau signe de l’universalité de l’Église, et du rêve d’unité dont (les jeunes sont) tous témoins ». Le pape François a également lancé une autre invitation aux jeunes, à mi-parcours : « Je vous attends en 2025 à Rome, pour célébrer ensemble le Jubilé des jeunes », a-t-il dit, applaudi par la foule d’un million et demi de jeunes.
Le choix de l’Asie et de la Corée
Le choix d’organiser des JMJ dans ce pays d’Asie n’est pas une surprise. L’Église catholique en Corée du Sud est encore en croissance. En 2020, un rapport de l’Institut pastoral catholique de Corée du Sud établissait que le nombre de catholiques dans ce pays était passé d’un peu moins de 4 millions en 1999 à 5,9 millions en 2018, soit une augmentation de 48,6%. La population du pays n’avait dans le même temps augmenté que de 21,6%, analysait Courrier International.
L’Asie n’avait jusqu’à présent accueilli qu’une seule édition des Journées mondiales de la jeunesse. Il s’agissait des JMJ de Manille, aux Philippines, en 1995. Près de 5 millions de fidèles s’étaient alors rassemblés autour du pape Jean-Paul II pour la messe de clôture. Un record. Le choix de la Corée du Sud souligne le poids croissant du catholicisme en Asie. Depuis le début de son pontificat, le pape François a veillé à valoriser ce développement qui tranche avec la sécularisation galopante en Europe.
En 10 ans, le pape François a par exemple considérablement augmenté la part de prélats asiatiques dans le collège des cardinaux chargés de l’aider dans le gouvernement de l’Église mais aussi d’élire un successeur en cas de siège vacant. Lors du conclave de 2013, les Asiatiques ne représentaient qu’un peu moins de 8% du collège. Ils sont aujourd’hui 16%.
La Corée du Sud compte actuellement 2 cardinaux électeurs : Andrew Soo-Jung, 79 ans, archevêque émérite de Séoul, et le cardinal Lazarus You Heung-sik, 71 ans. Ce dernier a été nommé en 2021 à la tête du dicastère pour le Clergé, l’un des plus importants de la Curie romaine puisqu’il veille sur les près de 410.000 prêtres, 46.000 diacres et 7.000 séminaires actifs dans le monde.
En 2014, le pape François s’était rendu en Corée du Sud pour un voyage de 5 jours, le premier en Asie orientale pour un pontife depuis 15 ans et le voyage de Jean-Paul II en Inde. Il était alors venu rencontrer les jeunes réunis pour la Journée asiatique de la jeunesse qui se tenait à Daejon, à 150km au sud de Séoul. Ce voyage avait été marqué par la béatification de 124 martyrs coréens ou encore la dénonciation de la «culture de la mort » et de la société de consommation.
Le thème de la réconciliation pourrait prendre une place majeure lors de ces JMJ de Séoul. En 2014, une messe pour la réconciliation et la paix en Corée divisée entre le Sud et le Nord avait été célébrée par le pape François lors de son déplacement. Aucun pape n’a jamais foulé le sol de la Corée du Nord mais de timides avancées en ce sens ont été observées durant le pontificat du pape François. En 2018, le pape avait indiqué sa disponibilité à se rendre en Corée du Nord s’il recevait une invitation officielle – qui n’est pour l’heure pas venue. Il répondait à un souhait de l’ex-président sud-coréen Moon Jae-in, fervent catholique et très engagé en faveur de la réunification de la péninsule coréenne.