Notre-Dame du Laus, La Salette, Lourdes et Pontmain. En France, ce sont les quatre apparitions mariales officiellement reconnues par l’Église catholique. Entre 1664 et 1871, la Vierge Marie s’est fait la messagère du Ciel en s’adressant à des enfants ordinaires, souvent pauvres et incultes, dotés d’un cœur pur. C’est à travers le terreau favorable de ces humbles voyants que la mère de Dieu a choisi de s’adresser au monde, suscitant encore aujourd’hui en chaque lieu l’afflux de pèlerins venus du monde entier. Que leur a-t-elle dit ?
Chaque fois, "Marie est l’étoile qui nous guide dans la nuit, chaque fois elle invite à un changement profond dans sa vie, à une vraie conversion", observe le père Michel Desplanches, recteur du sanctuaire de Notre-Dame du Laus, en rappelant que les apparitions officiellement reconnues "renvoient toujours au Christ et à l’Évangile". D’un sanctuaire à l’autre, Aleteia revient sur ces apparitions de Marie, dont les messages sont aujourd’hui d’une incroyable actualité.
1664Notre-Dame du Laus, un appel à la conversion
Les apparitions du Laus sont les plus anciennes dans la chronologie des visions mariales en France. Et aussi les plus longues : Benoîte Rencurel verra la Vierge Marie durant 54 ans. En pleine époque janséniste, le message qu’elle adresse au monde est "un appel à une vie nouvelle, à la conversion", confie le père Michel Desplanches. En mai 1664, sur les hauteurs de Saint-Étienne-d’Avançon (aujourd’hui Saint-Étienne-Le-Laus dans les Hautes-Alpes), la jeune bergère de 17 ans voit "une belle dame" qui lui sourit en silence. Fin août, elle lui dévoile son identité : "Je suis Dame Marie, la Mère de mon très cher Fils".
À l’automne, la Vierge apparaît une nouvelle fois à Benoîte de l’autre côté de la vallée :
"Allez au Laus. Vous y trouverez une chapelle d’où s’exhaleront de bonnes odeurs, et là très souvent vous me parlerez".
Les parfums guident en effet la jeune fille vers une chapelle, où Marie lui confie : "J’ai demandé ce lieu à mon Fils pour la conversion des pécheurs et Il me l’a accordé". Là, Marie lui demande de faire construire une église et une maison pour les prêtres afin qu’ils confessent les pèlerins. Très vite, ces derniers affluent : environ 130.000 les 18 premiers mois. Benoîte qui a reçu le don de lire dans les consciences, écoute les visiteurs et les mène à la confession. Tout au long de son apostolat, malgré les attaques du démon, elle sera soutenue par la Sainte Vierge. "Pendant 54 ans, Benoîte va vivre avec le Ciel. C’est le trésor de ce lieu. Ici les gens déposent leurs misères et redescendent dans la plaine tout chargés de la grâce de Dieu", complète le prêtre.
1846À La Salette, Marie pleure sur les péchés de ses enfants
Le contexte de l’unique apparition de la Salette (Isère), au cœur des Alpes, est plus austère. Le 19 septembre 1846, les jeunes bergers Mélanie et Maximin voient une "belle dame" vêtue comme les femmes du village, assise en pleurs sur un rocher. Puis elle se lève et leur dit :
"Avancez, mes enfants, n’ayez pas peur : je suis ici pour vous conter une grande nouvelle. Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si lourd et si pesant que je ne puis plus le retenir (…)".
Dans un contexte de déchristianisation, Marie fait part, dans un long échange en français et en patois, de son inquiétude de mère face à ses enfants qui ne croient plus, qui jurent "en mettant le nom de son Fils au milieu" et passent leur dimanche aux champs. Elle leur demande de bien faire leur prière, "soir et matin" et « faire bien passer » ce message à tout son peuple.
Elle leur confiera à l’un et l’autre de sombres prophéties. Pèlerinages, retraites, conversions… L’appel de Marie à changer son cœur a fait de ce sanctuaire un lieu visité par les pèlerins de tous les continents.
1858Lourdes : "Pénitence, pénitence !"
À Lourdes, la Vierge Marie est apparue 18 fois à Bernadette Soubirous entre février et juillet 1858. Lors de la troisième apparition, le 18 février, elle confie à la jeune voyante : "Je ne vous promets pas d’être heureuse en ce monde mais dans l’autre". Lors de la huitième apparition :
"Pénitence, pénitence, pénitence ! Priez pour les pêcheurs. Allez baiser la terre en pénitence pour les pécheurs".
Le lendemain, la Vierge demande à Bernadette "d’aller boire à la source", et de "manger une herbe près de la fontaine" d’après les mots de la voyante. Dès les premières apparitions, cette dernière est suivie par des curieux de plus en plus nombreux. Marie demande : "Allez dire aux prêtres qu’on vienne ici en procession et qu’on y bâtisse une chapelle". Alors le curé du village, l’abbé Peyramale, envoie Bernadette s’enquérir du nom de ‘la Dame’. Après être restée silencieuse, la Vierge Marie dévoile son nom en patois le 25 mars : "Que soy era immaculada councepciou", mots que Bernadette répète sur le chemin sans les comprendre, jusqu’à son arrivée chez l’abbé. Ce dernier en sera bouleversé. La grotte de Lourdes attire aujourd’hui les foules du monde entier.
1871Pontmain, une invitation à la confiance
En ce soir du 17 janvier 1871, la nuit est claire et froide. Le petit village enneigé de Pontmain, en Mayenne, retient son souffle car les Prussiens sont aux portes de Laval. 38 soldats originaires du village combattent au front. Ce soir-là, Eugène et Joseph Barbedette travaillent dans la grange du village quand, regardant au dehors, ils voient au-dessus d’une maison du village une belle dame à la robe bleue constellée d’étoiles.
Les voilà rapidement rejoints par leur père puis des voisins, de plus en plus nombreux. La Vierge Marie sourit et les enfants, qui sont les seuls à la voir, sautent de joie. Intrigués, des adultes doutent et se moquent, attristant Marie, puis le curé fait dire le chapelet à l’assemblée, rendant à la Dame son sourire. À la fin de la prière, les enfants voient apparaître un message à ses pieds :
"Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon fils se laisse toucher".
Grâce à la piété du curé et des paroissiens, Laval ne sera pas envahie et les soldats rentreront tous sains et saufs.