La Croix, La Vie et Famille Chrétienne ont révélé ce mardi 13 juin l’ouverture d’une enquête préliminaire diligentée par le parquet de Paris à l’encontre de Mgr Georges Colomb, évêque actuel de La Rochelle et Saintes, pour des soupçons de tentative d’agression sexuelle sur personne majeure. Des faits qui remonteraient à 2013 alors qu’il était supérieur général des Missions étrangères de Paris (MEP). L’enquête fait suite à un signalement effectué par la Commission reconnaissance et réparation (CRR) de la Conférence des religieux et religieuses de France (Corref) et les MEP.
Mgr Georges Colomb conteste vigoureusement les faits qui lui sont reprochés. Dans un communiqué publié quelques heures après les révélations de la presse, il affirme n’avoir "été, à ce jour, contacté par aucun enquêteur, exprime sa stupéfaction et son incompréhension face à ces allégations calomnieuses et les dément vigoureusement". Il déclare se tenir "à la disposition des autorités judiciaires, seules habilitées à faire la lumière sur ces accusations, et n’hésitera pas à agir en justice contre toute personne qui choisirait de les relayer imprudemment".
Le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a appelé au respect de la présomption d’innocence de Mgr Georges Colomb et de Mgr Gilles Reithinger, actuel évêque auxiliaire de Strasbourg et successeur du premier à la tête des MEP. "Les accusations portées sont graves", affirme Mgr Éric de Moulins-Beaufort. "Tous deux nient catégoriquement les faits décrits dans les articles parus mardi 13 juin. La parole des plaignants doit être entendue ; les droits de la défense, respectés. Il appartient désormais aux enquêtes de faire toute la vérité."
Les faits qui leur sont reprochés
Selon le témoignage de "Nicolas", jeune catholique alsacien dont le prénom a été changé, ce dernier logeait de temps en temps à la maison des MEP, rue du Bac, à Paris, lorsqu'il était étudiant. Un matin, le père Georges Colomb l’aurait invité dans son appartement et lui aurait proposé un massage à l’huile avant de l’agresser sexuellement. "Nicolas" aurait bondi du lit sur lequel il était allongé et se serait enfui, choqué.
La victime aurait ensuite signalé les faits au père Gilles Reithinger, ami d’enfance et "numéro deux" des MEP. Mais si "Nicolas" assure avoir parlé, déjà à l’époque, de l’agression sexuelle à son ami Gilles Reithinger, ce dernier affirme qu’il lui aurait simplement parlé d’une "proposition de massage" de la part du supérieur. Gilles Reithinger en aurait néanmoins informé le nonce de l’époque, Mgr Luigi Ventura - rappelé à Rome en 2019 après des faits d’agressions sexuelles – mais ignore si le nonce avait ou non engagé une enquête canonique. Lui-même n’a pas fait de signalement à la justice, estimant que les déclarations de "Nicolas" ne faisaient pas référence à une agression sexuelle.
Mgr Colomb demande sa mise en retrait
Mgr Georges Colomb a annoncé qu’il allait demander au pape François de le mettre en retrait, tout en restant évêque de la Rochelle et Saintes. "Pour pouvoir préparer sa défense et préserver le diocèse de La Rochelle, Mgr Colomb a pris la décision de demander au Pape de le mettre en retrait le temps de l’enquête, tout en demeurant évêque de La Rochelle", précise le communiqué. Un administrateur devrait être nommé pour s’occuper du diocèse durant cette période.
Pas de décision immédiate du Saint-Siège
Selon I.MEDIA, le Saint-Siège devrait examiner "soigneusement" les accusations portées contre Mgr Georges Colomb et Mgr Gilles Reithinger, avant de prendre une décision – notamment concernant la nomination d’un administrateur apostolique. La décision, qui ne devrait pas être prise précipitamment, "est dans les mains du pape".
L’ouverture de l’enquête préliminaire contre Mgr Georges Colomb intervient au moment où les MEP ont mandaté un cabinet extérieur pour faire la lumière sur de potentiels abus sexuels commis dans leur communauté depuis les années 1950.