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Il n’est pas surprenant que le pèlerinage organisé par Notre-Dame de Chrétienté, qui avait pour thème cette année : "L’Eucharistie, salut des âmes", ait trouvé son point d’orgue dans la messe de clôture célébrée dans la cathédrale de Chartres en ce lundi 29 mai après-midi. Les messes précédentes, les enseignements sur l'Eucharistie, la progression spirituelle des pèlerins... Tout ceci a trouvé un écho et un accomplissement au cours de cette majestueuse célébration. La messe, célébrée dans la forme extraordinaire du rite romain, a rassemblé les 16.000 pèlerins qui ont marché durant trois jours de l’église saint Sulpice à Paris jusqu’à la cathédrale de Chartres ces 27, 28 et 29 mai 2023.
Les rues de Chartres sont calmes, en ce lundi de Pentecôte. Il n’est pas encore midi, le soleil brille haut dans le ciel, quelques touristes sont assis aux tables des restaurants. La ville ne semble pas prêter attention aux quelques bénévoles et policiers qui s’affairent pour accueillir les pèlerins. Nul ne peut imaginer l’effervescence qui agitera le parvis de la cathédrale deux heures plus tard, provoquée par les groupes de pèlerins qui se succèderont, bannières au vent, au rythme des Ave Maria. Vers 13 heures néanmoins, la tension monte. "On me dit qu’il y a une colonne place Drouaise", lance un policier.
Quelques minutes plus tard, les premiers pèlerins de la colonne font leur apparition à l’angle de la rue Sainte-Même et de la rue Collin d’Harleville. Des pèlerins fatigués par la chaleur et les 100 kilomètres parcourus, mais joyeux – il suffit de les entendre chanter -, et heureux d’avoir vécu ces trois jours intenses qui les ont rapprochés de Dieu.
"On est soulagé d’être arrivé, et plein d’un bonheur immense", témoignent Hugues et Edouard, 20 ans. Tous deux encadrent un chapitre de nouveaux convertis, sous le patronage du général de Sonis, figure de la Guerre de 1870, dont le procès de béatification est en cours. Un chapitre dédié aux nouveaux convertis, créé en 2022 par l’abbé Matthieu Raffray notamment grâce à Instagram. "Dans ce chapitre, il n’y a que des nouveaux convertis qui découvrent ou redécouvrent la foi. Pas de mondanités, mais des témoignages de foi très forts", précisent-ils.
C’était la première fois… et ils renouvelleront l’expérience !
Bérenger, 25 ans, militaire, faisait le pèlerinage pour la première fois, dans un chapitre de Besançon, Saint Ferréol-Saint Ferjeux. Si, étant bien entraîné, l’aspect physique du pèlerinage ne lui a pas trop coûté, il a été marqué par l’émulation spirituelle entre les pèlerins : "Beaucoup de personnes ici ont une foi forte, profonde, cela se ressent et cela nous porte, c’est un vrai boost spirituel !", confie-t-il. S’il le peut, il le refera l’année prochaine.
Même désir chez Victor, 22 ans, étudiant à Epinal. Il ne connaissait personne, et s’est inscrit deux jours avant la fermeture des inscriptions dans un chapitre de Metz. "Le premier jour, c’est difficile, on a mal aux jambes surtout, mais on se soutient et progressivement, la marche devient plus facile. Ce qui m’a porté, c’est le sens du sacré, qui est très présent, il y a de vrais temps de silence qui permettent de se mettre à l’écoute du Seigneur. Je le referai l’année prochaine, pourquoi pas en donnant un coup de main dans un service logistique". François, originaire de Saint-Cloud, souligne quant à lui le soutien spirituel apporté par les prêtres, très présents et accessibles tout au long du pèlerinage, et par le livret du pèlerin "qui explique la raison de chaque geste", notamment lors des messes.
"Une messe pour le salut du monde"
Et c’est justement par une messe pontificale que s’est clôturé le pèlerinage. Messe présidée par Mgr Thomas Gullickson, archevêque et nonce émérite originaire du Dakota du Sud, ancien nonce apostolique en Ukraine, en Suisse et au Liechtenstein, en présence de l’évêque de Chartres Mgr Philippe Christory. Si les enfants ont pu se tenir à l’intérieur de la cathédrale, les adultes étaient placés à l’extérieur, sur le parvis, dans le jardin de l’évêché et sur la butte des Charbonniers. La messe y était retransmise sur grand écran.
"J’ai admiré votre enthousiasme, jamais altéré par la douleur des pieds, ni la chaleur du soleil", a confié Mgr Philippe Christory au début de la célébration. "Nous sommes ici pour adorer Jésus-Christ, Dieu présent dans l’Eucharistie", a souligné l’évêque de Chartres, avant d’exhorter les pèlerins à se nourrir chaque jour de la Parole de Dieu pour la proclamer au monde, et à être des "cœurs brûlants de charité".
C’est Mgr Thomas Gullickson qui a prononcé l’homélie. Il a cité à plusieurs reprises cette parole de Benoît XVI lancée le 13 septembre 2008 sur l’esplanade des Invalides à Paris : "Rien ne remplacera jamais une Messe pour le Salut du monde !". Il a également fait référence à Dom Gaspar Lefebvre, un moine bénédictin belge auteur de nombreux missels, en soulignant l’importance de la messe et de l’Eucharistie : "Il n’y a rien de plus grand, dans la messe, que la transsubstantiation", a-t-il continué, invitant à réaliser que Jésus se rend vraiment présent dans l’Eucharistie.
Une édition 2024 déjà en préparation
Au vu du succès de cette 41e édition du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté qui a contraint les organisateurs à clôturer quelques jours avant le départ les inscriptions, se pose la question de la gestion d’un plus grand nombre de pèlerins l’année prochaine. Les organisateurs demeurent confiants : "Nous saurons faire", affirme Hervé Rolland, vice-président de l’association, à Aleteia. "Les autorités nous font confiance, elles ont vu en 2022 que nous savions gérer les situations de crise (la 40e édition avait été marquée par de violentes intempéries, ndlr) et nous sommes capables de gérer un plus grand nombre de pèlerins". Les organisateurs planchent déjà. Le président de l’association, Jean de Tauriers, a d’ores et déjà annoncé le thème de l’année 2024 qui évoquera les fins dernières : "Je veux voir Dieu".