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En ce week-end de Pentecôte, 16.000 pèlerins marchent de Paris à Chartres dans le cadre du pèlerinage annuel organisé par Notre-Dame de Chrétienté. Une affluence record cette année qui a contraint les organisateurs à clôturer les inscriptions quelques jours avant le départ. Si l’association Notre-Dame de Chrétienté a fêté ses 40 ans l’année dernière, la tradition des pèlerinages vers Chartres ne date pas d’hier. Le rayonnement de Notre-Dame de Chartres remonte à l’an 876, date à laquelle le roi Charles le Chauve, petit-fils de Charlemagne, offre à la cathédrale l’une des plus précieuses reliques mariales : le voile de la Vierge, exposé désormais dans une chapelle du déambulatoire. Le pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté s’inscrit dans cette longue tradition de dévotion mariale, et continue à porter des fruits spirituels insoupçonnés, en France comme à l’étranger.
Des pélés de Chartres… à l’étranger
Le pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté attire de nombreux étrangers. Cette année, ils sont près de 1.500 à venir des quatre coins du monde, et forment à eux seuls 28 chapitres (sur 180 chapitres "Adultes"). Ils proviennent d’une vingtaine de pays différents : d’Europe (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, Italie, Pologne, Portugal, Lituanie, Malte, Pays-Bas, Suède), d’autres pays voisins comme l’Angleterre, l’Ecosse, l’Irlande, la Suisse ou l’Ukraine, mais aussi des États-Unis, d’Australie et d’Afrique (Gabon, Afrique du Sud).
Et l’expérience vécue sur la route de Chartres est tellement riche que depuis trois ans le pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté fait des émules à l’étranger. C’est le cas en Espagne. Un groupe de laïcs espagnols organise depuis 2020 un pèlerinage annuel sur trois jours, d’Oviedo jusqu'au sanctuaire de Covadonga (Asturies), autour de la fête de l’apôtre Saint Jacques (25 juillet), saint patron de l’Espagne. Ils ont baptisé ce pèlerinage "Nuestra Señora de la Cristiandad" (Notre-Dame de Chrétienté). Directement inspiré du modèle français, la messe y est également célébrée selon le rite extraordinaire. On y retrouve la même liturgie, mais aussi la même volonté de prier pour le rayonnement de la chrétienté, le même désir de sanctification de l’âme… Seule la couleur des drapeaux change !
Outre-Atlantique, ils le surnomment "The American Chartres" ("le Chartres américain"). Lancé en 2020 par un groupe de jeunes garçons de l'Institut Saint-Jean-Bosco (SJBI) avec la bénédiction du Cardinal Burke, le pèlerinage "Three Hearts Pilgrimage" ("Pèlerinage des Trois Cœurs") se déroule dans l’Oklahoma (États-Unis), chaque année au mois d’octobre. Il rassemble plus de mille pèlerins qui marchent en faveur de la vie et de la famille, fidèles à la dévotion des Trois Cœurs unis de Jésus, Marie et Joseph.
De multiples reconversions
Aux dires des fidèles, le pèlerinage de Chartres offre un "ressourcement spirituel", une "bouffée d’oxygène" ou encore un "temps hors du temps", qui affermit, ou ravive la flamme de la foi. Les fruits spirituels sont plus ou moins visibles, plus ou moins immédiats, mais ils sont bien là, comme en témoignent bon nombre de pèlerins. Pour Hervé, 51 ans, restaurateur à Paris, la "conversion" a été assez radicale. Contrairement à de nombreux pèlerins qui "sont tombés dedans quand ils étaient petits", il a commencé à faire le pèlerinage de Chartres il y a une demi-douzaine d’années. Avant cela, il se considérait un peu "perdu" dans l’Église, dans son diocèse et dans sa paroisse. Notre-Dame de Chrétienté a ranimé sa foi, lui a redonné un nouvel élan, de la joie, de l’énergie, en même temps qu’une place au sein d’une communauté. Autant d’éléments qui lui manquaient jusque-là. "J’avais déjà participé à des "petits" pèlerinages, mais là, c’était différent. Quand j’ai vu pour la première fois la colonne de pèlerins s’élancer depuis Notre-Dame de Paris, j’ai été bouleversé. C’était incroyable de voir toute cette jeunesse aller dans le même sens, avec une telle vivacité de cœur et de chants", confie-t-il. "J’y ai trouvé ce que je cherchais depuis longtemps : un esprit de communion fraternelle".
La route de Chartres est aussi l’occasion, pour de nombreux jeunes, de s’approprier une foi transmise par leurs parents. Ainsi Alice, 21 ans, étudiante en histoire à Paris, confie combien le pèlerinage de Chartres a raffermi sa foi à un moment où, adolescente, elle doutait beaucoup. "Vers 14 ans, j’avais des doutes sur ma foi. Mais le pèlerinage permet un tel ressourcement que chaque année, je repars boostée, renouvelée. Et puis cela fait du bien de se retrouver en si grand nombre et de se rendre compte qu’on n’est pas tout seul à croire en Dieu".
Charles, 21 ans également, jeune pro dans le domaine de l’éducation, n’a pas raté une édition du pèlerinage de Chartres depuis l’âge de 8 ans. Ce qui ne l’a pas empêché de traverser une "nuit de la foi" lorsqu’il avait entre 16 et 19 ans. "Le pèlerinage m’a aidé dans ma reconversion. La liturgie traditionnelle, où Dieu est au centre, les sacrements, les topos… Tout ceci m’a permis de retrouver ma relation à Dieu".
Du fruit au-delà des "tradis"
Si les messes du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté sont célébrées selon le rite traditionnel, il n’en demeure pas moins ouvert à tous. Et c’est peut-être là où sa fécondité est la plus éclatante. Car la beauté de la liturgie, l’exigence de la marche, l’entraide fraternelle touchent de nombreuses personnes qui ne sont pas "tradis". C’est le cas de Charlotte, 24 ans, qui s’apprête à faire le pèlerinage pour la deuxième fois, dans un chapitre en provenance de Bretagne. "Je ne suis pas du tout habituée au rite traditionnel, je vais à la messe dans l’église de mon quartier qui n’a rien de tradi mais ce que j’apprécie particulièrement dans ce pélé, c’est le dépassement de soi pour le Seigneur, la beauté des messes, ce silence incroyable pendant la veillée d’adoration alors que nous sommes des milliers de pèlerins, et aussi, les liens d’amitié entre les pèlerins, le contact est simple, facile, on est tous crevé, épuisé, on a mal aux pieds mais on se serre les coudes".
Même si, en dehors du pèlerinage, les pèlerins ne partagent pas la même manière de célébrer leur foi, une communion spirituelle naît sur la route de Chartres. Le meilleur exemple en est le témoignage des chrétiens d’Orient. Leurs rites, qu’ils soient syriens, alexandrins, byzantins ou arméniens, sont relativement éloignés du rite traditionnel. Cela ne les empêche pas de faire l’expérience d’une véritable communion spirituelle à Chartres. "Je ne comprends pas tout mais j’aime le rite extraordinaire, je peux suivre la messe traditionnelle pendant une heure et demie ou deux heures, c’est très beau d’être ainsi en communion tous ensemble", confie Fadi, 30 ans, d’origine irakienne, qui pratique habituellement dans une paroisse animée par des prêtres de la communauté de l’Emmanuel.
Karam, 23 ans, syro-libanais orthodoxe et étudiant en école d’ingénieur, se réjouit de cette relation profonde qui unit les catholiques et les chrétiens d’Orient. Depuis son arrivée en France, il fréquente une paroisse catholique de rite ordinaire. "Quand j’ai fait le pèlerinage de Chartres pour la première fois en 2015, je ne savais pas qu’on pouvait communier à genoux ! Voir ces interactions entre les chrétiens d’Orient et les chrétiens français, c’est magnifique. J’ai reçu un accueil très chaleureux. J’ai vraiment ressenti que, en tant que chrétien, j’avais toute ma place à Chartres, mais aussi en France".