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La Grèce menacée par l’instabilité politique

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Des émeutes éclatent entre la police et les manifestants lors d'une grève nationale après l'accident ferroviaire qui a coûté la vie à 57 personnes (Athènes).

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Jean-Baptiste Noé - publié le 28/04/23
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L’accident ferroviaire du 28 février dernier a rebattu les cartes de la politique grecque. Alors que le parti conservateur Nouvelle démocratie était en tête des sondages, il est désormais talonné par le parti d’extrême-gauche Syriza. Selon le géopoliticien Jean-Baptiste Noé, l’instabilité politique pourrait fragiliser la reprise économique.

Dans le roman d’anticipation politique d’Ayn Rand, La Grève (1957), l’état du chemin de fer est le thermomètre de l’état social et politique du pays où se déroule l’action. Il en va de même en Grèce où l’accident ferroviaire du 28 février qui a provoqué la mort de 57 passagers a précipité le pays dans la crise sociale et politique. 

Un pays fragilisé

La Grèce se remet péniblement de sa faillite économique des années 2010. Les efforts budgétaires entrepris commencent à porter leurs fruits, les infrastructures s’améliorent, l’économie formelle reprend droit de cité. Il reste beaucoup à faire pour un pays qui n’a pas encore digéré le changement de monnaie, ses comptes publics ayant été arrangés pour lui permettre de rejoindre la zone euro alors que son déficit de l’époque ne lui permettait pas d’atteindre les critères nécessaires. Rattachée à une zone monétaire qui n’est pas adaptée à son économie, la Grèce s’est retrouvée dans le même navire que des pays comme les Pays-Bas ou l’Allemagne, ce qui a fragilisé son tissu social et économique. Si les débats sur le maintien de l’euro ont été houleux au cours des années 2010, la question n’est aujourd'hui plus à l’ordre du jour. 

Dans un pays où la bureaucratie est forte, les arrangements administratifs nombreux, le tissu informel important, l’État manque de moyens pour ses fonctions essentielles. Le taux de chômage y est toujours de 11% alors que l’Europe de l’Est connaît le plein emploi. Le PIB par habitant est de 20.200 USD contre 35.600 USD en Italie et 43.700 USD en France. En dépit d’une entrée déjà ancienne dans la Communauté économique européenne (1981), la Grèce n’a jamais réussi à connaître le développement des autres pays du continent. Ce n’est pas faute d’atouts, notamment portuaires et touristiques.    

Tourisme : forces et faiblesses

Le tourisme est l’une des activités économiques principales de la Grèce. Son patrimoine archéologique fait rêver tout comme ses plages. Le tourisme représente 20% du PIB du pays et 25% des emplois. Si l’on ajoute les activités économiques tirées par le tourisme, comme le BTP pour la rénovation des hôtels, l’agriculture, pour la production des aliments consommés par les touristes, c’est une activité d’une grande importance pour le dynamisme du pays. 

Le risque pour la Grèce est d’être un pays mono-tâche, ce qui la fragilise en cas de crise. Les confinements ont brisé l’élan de croissance du pays. Rien d’étonnant donc si la Grèce fut l’un des premiers pays à lever les contraintes sanitaires pour encourager le retour des touristes. Ni que les vols d’avion en direction des aéroports de province, notamment Kalamata dans le Péloponnèse, soient subventionnés pour pratiquer des prix bas afin d’encourager les séjours. Là aussi, la Grèce s’était bien remis des confinements et espérait de bons gains de croissance. 

L’accident du 28 février dernier a brisé cet élan. Des manifestations importantes se sont déroulées dans tout le pays pour demander des réformes profondes. Les élections législatives prévues le 21 mai vont être suivies de façon très attentive par l’Europe. Si aucune majorité ne se dégage, l’instabilité politique fragilisera la reprise économique manifestée depuis quelques années. 

Sous la menace turque

Il n’y a pas que les questions économiques qui agitent la Grèce, les sujets internationaux sont toujours présents, notamment la menace turque. Si la guerre en Ukraine a quelque peu gelé les tensions avec Ankara, les points de frictions n’ont pas disparu. Entre le partage des eaux territoriales autour de l’île de Kastelorizo, l’occupation du nord de Chypre, les menaces en mer Égée, qui avaient conduit la France à intervenir en 2020, la situation demeure tendue. La Méditerranée orientale était considérée, en 2020, comme l’un des points chauds du globe. Ce n’est pas parce que les plaines ukrainiennes ont capté la lumière qu’il faut oublier cette zone où la menace demeure. 

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