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Pourquoi le pape François va-t-il en Hongrie ? 

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Anna Kurian - publié le 27/04/23
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Geste pour la paix aux frontières de l’Ukraine, relations avec Moscou, sécularisation en Europe, réfugiés… Tour d’horizon des enjeux du voyage imminent du pape François en Hongrie, du 28 au 30 avril.

"Un voyage au centre de l’Europe, sur laquelle les vents glacés de la guerre continuent de souffler." Le pape François a présenté lui-même cet événement en ces termes, à l’issue du Regina Caeli du 23 avril. Alors que la Hongrie a accueilli près d’un million de réfugiés ukrainiens depuis le début du conflit selon son gouvernement, le Pape a insisté sur les "questions humanitaires urgentes" que pose la guerre, en évoquant le "déplacement de tant de personnes". Les combats qui se poursuivent depuis 14 mois dans le pays frontalier seront donc au cœur des préoccupations du pontife de 86 ans, qui a tenu à ce déplacement malgré ses difficultés de mobilité et sa récente hospitalisation pour une bronchite, fin mars.

En parlant de ce voyage, le pape François a aussi rappelé qu’il s’était déjà rendu très brièvement en Hongrie en septembre 2021 à l’occasion du Congrès eucharistique international, et a dit sa joie de retrouver "une Église et un peuple qui [lui] sont chers". À l’époque, François n’avait pas souhaité faire un déplacement dans le pays, mais seulement une étape de quelques heures sur le chemin vers la Slovaquie. 

Le Pape en "pèlerin, ami et frère de tous"

Pour ce 41e déplacement hors d’Italie, François se présente comme "pèlerin, ami et frère de tous". Durant ces trois journées à Budapest, le chef de l’Église catholique doit rencontrer les leaders politiques, parmi lesquels le Premier ministre Viktor Orbán, avec lequel les relations ont été fluctuantes. Sa politique restrictive sur l’accueil des migrants en faisait en effet un adversaire du pontife argentin. Mais ces derniers mois, leurs positions sur la guerre russo-ukrainienne, consistant à appeler au dialogue et à la cessation des hostilités, ont rapproché les deux hommes. 

Le thème des réfugiés sera d’ailleurs l’un des points saillants de ce voyage. Le pape doit rencontrer samedi des réfugiés d’Ukraine, du Pakistan, d’Afghanistan, d’Irak, d’Iran et d’Afrique, sur un territoire qui en 2015 a fermé ses frontières avec la Serbie, d’où venaient les migrants de la route des Balkans. 

Autres thèmes attendus, selon le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni : l’écologie, domaine dans lequel la Hongrie est très impliquée ; le rôle de l’Union européenne et son engagement pour la paix globale ; et l’œcuménisme. Bien que l’on ne sache pas encore si des représentants du patriarcat de Moscou seront présents à certains événements, on rappelle, du côté des organisateurs, que tel était le cas lors du premier passage du pape en 2021. Une entrevue avec le métropolite Hilarion, ancien ‘ministre des Affaires étrangères’ du patriarcat de Moscou, à présent en poste à Budapest, est envisagée par certains observateurs. Mais elle n’est pas prévue au programme officiel. 

Soutien aux chrétiens persécutés

Le Pape aura par ailleurs un rendez-vous avec les évêques, prêtres et religieux, et célèbrera une messe avec la communauté catholique, sur la Place Kossuth Lajos de Budapest. Une communauté qui a vécu une renaissance après la persécution sous le régime communiste, mais qui accuse aujourd’hui les effets de la sécularisation du Vieux continent. Le peuple hongrois s’est éloigné de la pratique religieuse et vit "un certain athéisme pratique, […] la vie comme s’il n’y avait pas de Dieu, l’impuissance du bien-être matériel et l’absence de sens spirituel", explique ainsi le jésuite hongrois Zoltán Koronkai, directeur d’un centre intellectuel à Budapest, en évoquant les réalités auxquelles serait confronté le successeur de Pierre. 

Enfin, la promotion de la famille et de la natalité, ainsi que le soutien aux chrétiens persécutés au Moyen-Orient, constituent des points de proximité entre les visions hongroise et pontificale. Tout comme le Pape dénonce régulièrement les "colonisations idéologiques", le gouvernement s’oppose à l’idéologie du gender. La présidente de la République Katalin Novák, élue en 2022, incarne ainsi une défense de la famille traditionnelle ‘père, mère, enfants’, en ligne avec la Doctrine de l’Église catholique. 

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