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Contrairement à une idée reçue, les Phéniciens ne se nommaient pas eux-mêmes ainsi, ce sont les étrangers qui ont fini par les dénommer de cette façon. Aussi, n’est-il pas étrange que la Bible les désigne parfois également du nom de "Sidoniens" ou encore de "Tyriens", nulle part dans les Écritures on ne trouvera le nom proprement dit de "Phénicien" pour les citer.
Le Livre de Josué les présente comme un peuple ayant dû par volonté divine céder aux Israélites lors de leur conquête de la Terre promise (Jos 13, 6) :
Tous les habitants de la montagne, depuis le Liban jusqu’à Misrefoth-Maïm, tous les Sidoniens. C’est moi qui les déposséderai devant les fils d’Israël. Tu auras seulement à faire de ce pays l’héritage d’Israël, comme je te l’ai ordonné.
Par la suite, les Phéniciens de 1 200 à 330 av. J.-C. occuperont un espace allant du sud d’Ougarit à Dor, sur une étroite bande côtière longeant la Méditerranée du nord au sud. Les Phéniciens seront à l’origine de villes prospères et puissantes installées sur des promontoires telles Arvad, Byblos, Sidon, Tyr… Ces villes ont longtemps tiré profit des terres fertiles et des nombreuses forêts de cèdres, sources d’un fructueux commerce non seulement dans la région, mais également en de nombreuses colonies dans toute la Méditerranée.
Une fructueuse alliance
Contrairement à de nombreux peuples bibliques, ce sera plus une collaboration que des relations conflictuelles qui réuniront Phéniciens et Israélites, le meilleur exemple étant les constructions du palais du roi David et du Temple par son fils Salomon. Les Phéniciens fourniront en effet les précieux cèdres du Liban aux rois israélites pour l’édification de leur monumentale construction. À ces matières premières, les Phéniciens apporteront également leurs propres ouvriers qui oeuvreront dans ces chantiers légendaires, ainsi que nous le rapporte le récit biblique : "Hiram, le roi de Tyr, envoya des messagers à David, des charpentiers avec du bois de cèdre, des tailleurs de pierre pour les murs ; et ils bâtirent pour lui une maison." (2 S 5, 11) Le deuxième Livre des Rois de l’Ancien Testament souligne les liens d’amitié qui unissaient les deux rois phénicien et israélite, Hiram et David ; des liens forts qui perdureront après la disparition de David avec le règne de Salomon (1 R 5, 15) :
Hiram, roi de Tyr, envoya des serviteurs auprès de Salomon, car il avait appris qu’on lui avait donné l’onction comme roi à la place de son père. En effet, Hiram avait toujours été l’ami de David.
Salomon rappela alors au monarque phénicien que son père David n’avait pu bâtir la maison de Dieu qu’il souhaitait en raison des nombreuses guerres qu’il avait menées et que ce rôle lui incombait dorénavant une fois le pays en paix. Aussi, Salomon répondit-il au roi Tyr, Hiram : Maintenant donc, ordonne que l’on coupe pour moi des cèdres du Liban. Mes serviteurs travailleront avec les tiens, et je te donnerai pour leur salaire ce que tu me fixeras ; car tu sais qu’il n’y a personne chez nous qui sache couper les arbres comme les gens de Sidon. Hiram se réjouit que leur amitié puisse ainsi perdurer et fit tout ce que Salomon avait demandé en lui fournissant du bois de cyprès et de cèdre que ses ouvriers firent descendre du Liban jusqu’à la mer, avant de les assembler en radeaux sur la mer pour qu’ils parviennent sur la côte à l’endroit que Salomon souhaitait. En échange de ces matériaux précieux, "Salomon livrait à Hiram vingt mille quintaux de blé pour la nourriture de sa maison, plus vingt quintaux d’huile d’olives concassées : voilà ce que Salomon livrait à Hiram tous les ans"…
Des dérives entre les deux religions
Cette entente entre les deux peuples allait susciter par la suite de nombreux mariages et influences culturelles réciproques. Ce fut notamment le cas lorsque le roi Acab devint roi d’Israël et épousa la fameuse Jézabel, fille du roi phénicien Ethbaal. Cette dernière présentée comme ayant tous les vices encouragea son royal époux à suivre ses croyances religieuses et notamment à sacrifier au dieu des dieux Baal. Acab dressa alors un autel à Baal et se rendit coupable de tout ce qui était mal aux yeux de Dieu, ainsi que le rappelle cet épisode connu de la Bible relaté au livre des Rois, par lequel Jézabel poussa son mari à faire accuser injustement l’un de ses sujets et à le faire condamner à mort par de faux témoignages pour s’emparer de sa vigne qu’il refusait jusqu’alors de vendre au roi… Ces actes répréhensibles valurent au malfaisant couple la malédiction prononcée par le prophète Élie et la terrible fin de Jézabel (2 R 9, 10) :
Quant à Jézabel, les chiens la dévoreront dans le champ de Yizréel, et personne ne l’ensevelira.
Ce qui fut accompli…