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Nigeria : les raids armés se multiplient après l’élection présidentielle

pogrzeb księdza w Nigerii

Des prêtres transportent les cercueils des prêtres tués par des bergers peuls,,dans le district de Gwer, à l'est de l'État de Benue le 22 mai 2018.

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Cécile Séveirac - publié le 16/03/23
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Au Nigeria, la multiplication des raids peuls depuis les élections présidentielles du 25 février a ensanglanté les territoires situés au nord du Nigeria, dans des villages catholiques.

C’est un pays où la violence, omniprésente, ne semble pas trouver de répit. Au Nigeria, l'élection présidentielle du 25 février qui a porté au pouvoir Bola Tinubu n’a en rien apaisé le climat délétère qui règne dans ce pays ravagé par la pauvreté, les conflits inter-ethniques et les attaques islamistes. 

Depuis cette élection, de nombreux raids armés, menés généralement par des Peuls ou des membres de Boko Haram, ont ensanglanté plusieurs villages. L'État de Benue, situé au sud-est du Nigeria et majoritairement chrétien, est particulièrement ciblé. Plusieurs attaques meurtrières ont été recensées, dont la dernière en date a eu lieu le 7 mars, selon l’agence de presse Catholic News Agency. Vingt personnes ont été tuées dans le village de Tse Jor par une quarantaine d’assaillants peuls, armés de machettes. Sans distinction aucune, ils ont ainsi assassiné hommes, femmes et enfants. Le massacre a duré deux heures. Les villageois survivants ont dû fuir par centaines et ont trouvé refuge dans des camps de déplacés, situés à plusieurs kilomètres de chez eux.

"Ce peuple mérite-t-il d’être puni comme ça ?"

"Les terroristes ont planifié cette attaque en sachant qu'ils n'obtiendraient que peu de résistance", a déclaré Paul Hemba, conseiller du gouverneur de l'État de Benue, à CNA. "Cette attaque dans une zone rurale reculée a été une surprise pour tout le monde. Les assaillants savaient que l'armée aurait besoin d'au moins une heure pour se rendre sur le site de l'attaque en raison de la difficulté des routes, et parce que peu de villageois ont des téléphones portables", poursuit-il. Le même jour, des attaques identiques ont eu lieu à 100 kilomètres à l’est de Tse Jor, dans le village de Yelewata. Sept personnes ont été massacrées, et une trentaine de maisons brûlées. Peu de temps avant, du 26 février au 2 mars, à la frontière de Benue avec le Cameroun, les raids peuls ont coûté la vie à plus de 50 paroissiens catholiques dans les montagnes reculées du comté de Kwande.

"Il s’agit d’attaques terroristes des Peuls contre des villages innocents", assène le père Remigius Ihyula dans une interview donnée à l'Aide à l'Église en détresse. "Nous pensons de plus en plus que ce sont les islamistes qui utilisent les Peuls pour déplacer la population locale", poursuit-il. Les chrétiens "considèrent en effet que les Peuls fournissent le gros des troupes du groupe djihadiste Boko Haram", selon la Fondation pour la recherche stratégique, un groupe de réflexion sur les questions de sécurité internationale et de défense, qui estime malgré tout que la plupart des milices peules restent autonomes. Pour le père Ihyula , un goût amer d’abandon et de solitude subsiste. "Nos gouvernants négligent notre sort parce que nous ne parlons pas leur langue ni ne pratiquons la même religion", estime-t-il. "C’est comme si nous étions des êtres humains inférieurs et que notre sort ne les concernait pas. Notre peuple est massacré. Massacré quotidiennement. Et notre président ne vient pas. Ce peuple mérite-t-il d’être puni comme ça ?"

Le Nigeria est l’un des pays où les chrétiens sont les plus persécutés au monde. Il représente à lui seul près de 90% des chrétiens tués pour leur foi en 2022, selon l’Index mondial de persécution publié par l’ONG protestante Portes Ouvertes. En un an seulement, plus de 5.000 chrétiens nigérians ont été assassinés. En face, le gouvernement réagit peu, voire pas du tout, comme le déplorent de nombreuses ONG. 

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