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Jacques de Jésus, une figure inspirante pour les éducateurs chrétiens

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Province de Paris des Carmes Déchaux

Père Jacques de Jésus, octobre 1939.

Amir Jasniak - publié le 28/01/23 - mis à jour le 16/02/23

Le Père Jacques de Jésus, rendu célèbre par le film "Au revoir les enfants", était un prêtre Carme de la première moitié du XXe siècle. Il s’est illustré par sa fibre éducative et son travail admirable au sein du Petit Collège Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus d’Avon qu’il a fondé en 1934.

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Père Jacques de Jésus, Lucien Bunel à l’état civil, est né le 29 janvier 1900 et mort d’épuisement en juin 1945, quelques semaines après la libération du camp de Mauthausen, après s’être donné aux autres sans mesure dans un flot continu de charité et d’amour. Membre de l’Ordre des Carmes Déchaux, frère Jacques a cette fascinante particularité d’être un religieux-pédagogue, un carme-éducateur. Sa vision de l’éducation et ses méthodes pédagogiques sont profondes et ambitieuses, seuls l’intérêt et la construction des jeunes qui lui sont confiés comptent. Son œuvre au service des jeunes qui lui sont confiés est complémentaire de l’éducation et de la formation des familles avec qui le Père Jacques reste en relation.  

L’éducation chrétienne se déploie d’abord dans cette belle et noble structure qu’est la famille, où chaque enfant reçoit le patrimoine moral et spirituel légué par ses parents. Les vertus chrétiennes y sont exaltées et les termes de charité, de fraternité, de pardon et d’effort ne tombent pas en désuétude. Les parents qui ont eu à cœur d’élever leurs enfants dans la foi de l’Eglise connaissent la difficulté d’éduquer sa progéniture dans une société largement sécularisée, où la Passion et la Croix du Christ ne trouvent presque plus aucun écho.  S’il est bien un domaine dans lequel l’Eglise Catholique a investi de nombreuses forces, depuis des siècles, c’est sans doute celui de l’éducation. Convenons-en ensemble, pas toujours brillamment. 

L’Eglise accompagne encore aujourd’hui l’éducation chrétienne des familles par bien des chemins : catéchisme, aumônerie, patronages, structures d’accueil chrétiennes, scoutisme, séjours spirituels, soirées fraternelles etc. Les occasions ne manquent plus. Le Père Jacques de Jésus cocha un certain nombre de ces cases.

Une fibre scoute

La vision éducative de frère Jacques n’est pas celle des intellectuels, même s’il l’est sans doute par bien des aspects. Elle est avant tout une réalité ancrée dans les cœurs et les esprits. L’éducation devient son quotidien : en 1919 le jeune séminariste s’occupe d’un patronage et y organise des camps. En 1925, tout jeune prêtre, il devient professeur et surveillant au collège Saint Joseph du Havre où sa fibre éducative se déploie. Il est parallèlement à cela aumônier scout. Sa troupe, la 2e Le Havre, intègre les Scouts de France en 1921 peu de temps après leur création. Il n’hésite pas à vanter les mérites du scoutisme au sein même de son établissement. 

C’est sous son action qu’un premier camp scout a lieu en dehors de France, avec des boy-scouts anglais en 1928. Il dira au sujet de ce camp, dans une lettre qu’il adresse au journal La Croix : « Je tenais à vous signaler ce résultat heureux, obtenu par une visite d’une troupe catholique dans un pays protestant. N’y aurait-il pas intérêt à renouveler et à multiplier de semblables visites ? Le bien qui a été amorcé va continuer son œuvre. » Il accompagne également les débuts du scoutisme féminin en France, et les photos de l’Abbé Bunel célébrant la messe à un des premiers camps de guides sont fièrement exposées au Carmel d’Avon. La plus grande œuvre éducative de frère Jacques est sans doute le collège qu’il fonde à Avon, où il est envoyé sur demande de son supérieur provincial en 1934. Le frère Jacques y développe, avec son équipe éducative, toute la puissance de sa pédagogie et noue avec chacun des élèves et des membres du personnel une relation teintée de profond respect, de fraternité et d’ambition. Les témoignages d’hommes qui, bien des décennies avant, ont été leur élève foisonnent et attestent cette présence joyeuse et réconfortante du Père Jacques et de son impact sur le restant de leurs vies. 

Liberté et confiance

Sa pédagogie se fonde sur deux aspects primordiaux qui, dans la France de la première moitié du XXème siècle, semblent complètement novateurs en termes d’éducation : la liberté et la confiance. Pas de liberté sans confiance : cette théorie semble se confirmer au quotidien pour les élèves du Petit Collège d’Avon. Ces deux grands principes se croisent avec les grandes visions spirituelles des deux Thérèse, qu’il affectionne et étudie énormément et qu’il a à cœur de faire découvrir aux jeunes gens de son établissement. 

Il écrit en 1943 : « L’éducation, la vraie, consiste à apprendre aux enfants de faire usage de leur liberté. L’enfant est un être né pour être libre, qu’il est vite conscient et avide de sa liberté, qu’il n’admet pas qu’on touche à ce bien le plus précieux de son être. L’enfant doit sentir chez son éducateur ce respect vrai et profond de sa liberté. »

En ce sens, il rejoint un autre grand religieux-éducateur qui l’a précédé, Don Bosco, qui aimait à répéter « il ne suffit pas que les jeunes soient aimés, mais qu’ils se sachent aimés »

Arrestation par la Gestapo

Lucien Bunel a connu personnellement et dans sa propre chair toutes les horreurs perpétrées par les nazis. Il est arrêté et déporté en 1944, dans la cour du collège d’Avon qu’il a fondé. Là encore, l’histoire de cette arrestation est tout aussi sublime que tragique. Le père Jacques est engagé tout entier dans la lutte contre le nazisme et intègre les premiers milieux de résistance locaux. Plus fort encore, il décide d’accueillir des enfants juifs en les dissimulant sous une autre identité et il recommande volontiers à ses fidèles de lui adresser tous les juifs qui auraient besoin de son secours. Pédagogue jusqu’au bout, il met les plus grands élèves de l’établissement dans la confidence. Une simple fuite de l’information aurait pu conduire à son exécution mais le père Jacques place toute sa confiance dans ses élèves.  

Il est arrêté, avec les trois enfants juifs, le 15 janvier 1944. Ils quittent la cour du collège par le petit escalier situé à l’entrée, désormais fermé. Cette scène est retranscrite dans le film de Louis Malle, ancien élève du Petit Collège, Au revoir les enfants sorti en 1987 et qui porte le nom de cette dernière parole adressée par le père Jacques aux enfants. 

Jacques de Jésus est une personnalité tout à fait singulière, tant dans sa religiosité que dans son tempérament. Le récit de sa vie inspire admiration et humilité, courage et espérance. Cette personnalité relativement peu connue gagnerait grandement à le devenir rapidement. Chose heureuse : son procès en canonisation est ouvert depuis 1997 et en étude à Rome, où il est parvenu en 2006. L’Eglise portera donc sans doute un jour cette figure éducative surprenante comme exemple et source d’inspiration pour les éducateurs, les pédagogues et les jeunes parents chrétiens. Les actuels frères Carmes d’Avon prient ardemment pour cela, avec une belle prière qu’ils ont pris soin d’imprimer en petit format et qu’ils distribuent aux réguliers visiteurs du Carmel, situé à quelques centaines de mètres du château de Fontainebleau. 

Prière pour demander la canonisation du père Jacques de Jésus 

Père infiniment bon,
Tu as donné au Père Jacques de Jésus
Le désir de t’aimer et d’aimer tous les hommes
D’un cœur sans partage.
Tu l’as comblé de dons pour l’éducation des jeunes,
Tu l’as choisi comme prêtre,
Tu l’as appelé dans l’Ordre des Carmes Déchaux.
Dans la détresse inhumaine des camps de déportation,
Tu as fait de lui un témoin brûlant de foi et d’amour,
Jusqu’au don total de sa vie.
Accorde-nous les grâces que nous te demandons
Par son intercession et, si telle est ta volonté,
Glorifie-le dans ton Église
Par ton Fils Jésus-Christ notre Sauveur.

Amen.

Tags:
Béatification et canonisationSeconde guerre mondiale
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