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Birmanie : un village catholique et son église incendiés par la junte

Cécile Séveirac - publié le 19/01/23
La junte birmane a mis le feu à un village peuplé de catholiques de la région de Sagaing, dans le nord-est du pays, le dimanche 15 janvier 2023. Les militaires ont incendié l’église ainsi qu’un couvent voisin et 500 maisons.

En Birmanie, le cauchemar se poursuit pour les catholiques. L’agence Fides rapporte que les militaires de la junte birmane ont mené une action de grande envergure contre un village catholique du diocèse de Mandalay, à Chan Thar (nord-est de la Birmanie), le dimanche 15 janvier. L’église de l’Assomption, construite en 1894, a été incendiée, ainsi que le couvent des sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie (FMM), contraintes de quitter les lieux. La chapelle de l’adoration n’a miraculeusement pas été touchée par les flammes. 

Les militaires ont également incendié volontairement le village tout entier : quelque 500 maisons sont totalement détruites, forçant les 3.000 villageois qui y habitaient à fuir. "Nous avons demandé aux habitants du village de quitter leurs maisons, de ne pas s'opposer aux soldats et de ne pas résister, pour éviter les massacres et les brutalités", a témoigné sœur Rita, religieuse de la communauté des FMM. "Les soldats veulent écraser toute résistance de la part des civils. Ils entrent dans les villages, occupent des bâtiments comme les écoles et les églises et y campent", poursuit-elle. "De là, ils effectuent des raids de maison en maison pour débusquer les rebelles. Ils sont restés dans notre église pendant trois jours et quand ils sont partis, ils ont mis le feu à l'église et à notre couvent".

Le nord de la Birmanie régulièrement ciblé

Le nord de la Birmanie est en proie à des affrontements violents entre la junte militaire — au pouvoir depuis le coup d’État du 1er février 2021 —, et les Forces de défense du peuple (PDF) qui s’opposent à la dictature militaire et ont organisé un vaste mouvement de désobéissance civile. Cette zone, où sont concentrés de nombreux villages catholiques, est considérée comme l’un des bastions majeurs des rebelles, raison pour laquelle l’armée y effectue régulièrement des descentes. Les civils pâtissent particulièrement de cette brutalité, visés par de nombreux massacres. 

Le père Penha, prêtre de nationalité birmane, a pu témoigner il y a quelques jours auprès de Aleteia des discriminations et des persécutions subies par cette minorité. Il sera en France pour la Nuit des Témoins organisée par l’Aide à l’Eglise en Détresse du 21 au 27 janvier, qui permet à tous les chrétiens de s’unir par la prière au martyre enduré par les chrétiens dans le monde au cours de l’année écoulée. 

Seuls 3% de la population birmane est de confession catholique, mais l’armée s’acharne de plus en plus sur cette minorité. Villages incendiés, églises profanées et détruites, fidèles et prêtres sauvagement assassinés : les exactions sont presque quotidiennes. Les chrétiens de toutes confessions sont déplacés et vivent dans des conditions extrêmement précaires. La Birmanie est classée 14ème parmi les 76 pays recensés par l’ONG protestante Portes Ouvertes dans son Index mondial des persécutions 2023. La persécution contre les chrétiens, toutes églises confondues, y est considérée comme forte et en hausse sur l’année 2022.

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