Le chrétien ne peut mener "une vie tranquille", a averti le pape François en rencontrant l’évêque, les prêtres, les consacrés, séminaristes et agents pastoraux de la petite communauté catholique de la Péninsule arabique, dans l’église du Sacré-Cœur de Manama, à Bahreïn, le 6 novembre 2022. Pour ce dernier rendez-vous de son voyage de quatre jours dans le royaume, le pape a encouragé à l’unité en "valorisant les charismes de tous sans mortifier personne".
Dans ses paroles d’introduction au début de la rencontre, l’administrateur apostolique du vicariat apostolique d’Arabie du Nord, Mgr Paul Hinder, a précisé que la région comptait une soixantaine de prêtres servant quelque deux millions de catholiques à Bahreïn, au Koweït, au Qatar et en Arabie saoudite. Quelque 1.300 catéchistes sont également impliqués, "parfois dans des conditions très difficiles en raison des restrictions imposées par certains pays en matière de liberté religieuse, de permis de travail et de permis de séjour", a souligné le prélat.
Appel à "une action pastorale vivante"
Devant un parterre de prêtres, religieux et laïcs provenant d’origines bigarrées – la plupart des catholiques de la région étant des migrants – le pape François a appelé à "une action pastorale vivante" qui ne se limite pas "à répéter des gestes par habitude, sans enthousiasme, sans créativité". Il s’agit, a-t-il expliqué, de partager la joie chrétienne qui "ne peut être gardée pour soi".
Depuis la plus ancienne église catholique construite dans le golfe Persique (1939), le 266e pape a souligné que "nous ne sommes pas chrétiens en raison de nos mérites" mais par "l’eau vive de l’Esprit" reçue au baptême. Et d’insister sur la certitude du baptisé "de ne jamais être seul sur le chemin de la vie". L’Esprit Saint, a-t-il affirmé, "encourage nos rêves les plus beaux et nos plus grands désirs", et avec lui, "nous pouvons tout affronter et surmonter".
Le chef de l’Église catholique a appelé longuement le troupeau composite du vicariat d’Arabie du Nord à l’unité malgré les "différences ethniques, culturelles et rituelles" des fidèles. Rien qu’à Bahreïn, les 80.000 catholiques se partagent les quelque 25 messes célébrées chaque week-end selon leurs langues et leurs rites, dans l’unique paroisse de la ville. Contre "les divisions, les querelles, les médisances, les bavardages", le pape a exhorté à "l’unique langage de l’amour" et à "aller à la rencontre des autres avec la force désarmante de la miséricorde". "Pour être crédibles dans le dialogue avec les autres, vivons la fraternité entre nous", a-t-il martelé, assurant que l’unité était "le premier témoignage que nous pouvons donner au monde".
Prendre soin des prisonniers
Le pape François a également invité les représentants catholiques présents venus de toute la Péninsule arabique à vivre une "vocation prophétique". "Nous ne pouvons pas prétendre que nous ne voyons pas les œuvres du mal, (et) rester dans une "vie tranquille" pour ne pas nous salir les mains", a-t-il averti à ce propos.
Répondant au témoignage d’une religieuse qui avait parlé de son ministère auprès des femmes détenues, le pontife argentin a déclaré que "prendre soin des prisonniers est bon pour tous, en tant que communauté humaine". "C’est à la manière dont on traite les derniers que l’on mesure la dignité et l’espérance d’une société", a-t-il averti. Plusieurs ONG de défense des droits de l’homme ont dénoncé ces derniers temps les procès fictifs et les discriminations dont sont victimes les prisonniers politiques et religieux chiites, dans le royaume du Golfe dirigé par une famille sunnite.
S’adressant par ailleurs aux Libanais présents dans l’Église, le successeur de Pierre a assuré de ses "prières" et de sa "proximité" à "ce pays bien-aimé, si fatigué et éprouvé, et à tous les peuples qui souffrent au Moyen-Orient". Enfin, concluant son dernier discours public avant de se rendre à l’aéroport, le pontife a remercié le roi Hamad bin Isa Al Khalifa et les autorités du pays "pour leur merveilleuse hospitalité".