À Cologne, elle est sainte patronne. La ville en a même gardé une mention discrète dans ses armoiries. Les onze flammes de sable sur fond d’argent viennent en effet de sainte Ursule et de ses compagnes, fêtées le 21 octobre. Cette cité germanique a, en effet, été le siège de plusieurs légendes autour d’un martyre de plusieurs jeunes femmes, avéré, perpétré par les Huns à la fin du IVe siècle. Même si les versions divergent, on en trouve notamment une dans la fameuse Légende dorée de Jacques de Voragine, il semble que le nombre de 11.000 – auquel se rapportent les flammes des armoiries – est le fruit de l’imagination.
Sainte Ursule donc, jeune fille chrétienne, est envoyée avec d’autres compagnes, pour être mariée de force. Parties de Londres, les concernées débarquent en Germanie à la suite d’une tempête. Là, les Huns qui les ont capturées, voudraient profiter d’elles. Ayant refusé de céder au plaisir de leurs geôliers, elles sont massacrées.
Comme une Maria Goretti au début du XXe siècle, l’Église vénère en ces martyrs de la pureté la force d’une vie sans accommodement.
Comme une Maria Goretti au début du XXe siècle, l’Église vénère en ces martyrs de la pureté la force d’une vie sans accommodement. Le saint pape Jean Paul II l’a bien résumé (il parlait de Maria Goretti, mais sainte Ursule ne rougirait pas) : "[Elle] rappelle aux jeunes du troisième millénaire que le véritable bonheur exige du courage et un esprit de sacrifice, le refus de tout compromis et d'être disposé à payer en personne, même par la mort, la fidélité à Dieu et à ses commandements."
Patronne de la Sorbonne dès sa fondation
Est-ce pour cette raison que la sainte de Cologne est devenue une figure tutélaire de l’éducation des jeunes gens ? À vrai dire, voilà encore un mystère d’Ursule… Si la Sorbonne, dès sa fondation au XIIIe siècle, l’adopte pour patronne, ce qu’elle est encore aujourd’hui, c’est avant tout parce que l’inscription évoquant le martyre de sainte Ursule est découverte un peu plus tôt à Cologne. Dès lors, la dévotion pour cette jeune fille, dont le courage ne peut venir que de Dieu, se répand dans l’Europe tout entière.
Quand, en 1535, Angèle Mérici crée son ordre à Brescia, en Italie, elle choisit aussi la bienheureuse Ursule pour protéger sa compagnie de jeunes femmes qui donnent leur vie pour les autres. Un nouvel ordre sans habit ni vœu ni cloître, des laïques à la recherche de la sainteté. Les Ursulines, depuis devenues religieuses, se consacreront à l’éducation.
Aujourd’hui encore, dans le monde entier, de nombreux jeunes vivent donc sous le patronage de l’étonnante et méconnue sainte de Cologne. Pour apprendre d’elle, et confier à son intercession, le désir de se donner entièrement à Dieu, sans regarder en arrière. En particulier dans les études, qui demandent persévérance et fidélité. Mais tout le travail fourni ne doit pas faire oublier que seul le Sauveur donne la victoire. Celle qu’il a donnée à sainte Ursule et à ses compagnes, pleines de courage et désormais auprès de Lui.