Bénédicte regarde avec une légère appréhension son petit collégien rejoindre les rangs des scouts, se demandant si ces grands lycéens sauront s’occuper de son jeune garçon. Pas évident pour elle de rester sereine en voyant ces grands gaillards qui font trois têtes de plus que son fils le prendre sous le bras pour un week-end en pleine nature. Pourtant, ce choix de rejoindre les scouts a été fait en toute connaissance de cause, convaincue que cela serait bon pour son enfant.
De son côté Constance se souvient de la richesse de ses années de scoutisme et elle est heureuse de voir cette année son fils monter à la troupe. Elle voit les étincelles d’admiration chez son collégien, alors qu’il paraît si petit devant son chef d’1m90 ! Celui-ci l’accueille en lui disant "On va faire de toi un homme, mon p’tit gars." Un commentaire qui est bien loin de rassurer Bénédicte. Qu’est-ce que ce chef, à l’air tout à fait bienveillant, veut vraiment dire par "devenir un homme" ? Elle le reconnaît : elle a demandé confirmation que les smartphones seraient rangés pendant le week-end et qu’il n’y aurait pas d’images malheureuses qui circuleraient au coin du feu. Les parents apprennent à lâcher prise, ce qui n’enlève pas la nécessité de la prudence.
Quels liens vont se créer entre ces collégiens et ces lycéens, alors que la différence d’âge compte tant à cette période de la vie ? Les plus jeunes vont-ils souffrir de leur séparation avec leurs parents, leur maturité étant bien moindre que celle des lycéens ? Ces jeunes hommes ont certainement des préoccupations et des centres d’intérêt bien différents de ces nouveaux enfants qui les rejoignent. Ces appréhensions sont bien naturelles, et, en même temps, les parents verront probablement leur enfant rentrer heureux de son expérience. Fatigué sûrement, la résistance n’étant pas la même à 11 ans qu’à 17 ans, fatigué mais heureux. Heureux de voir un exemple de jeunes partageant les mêmes valeurs que les leurs à la maison.
Les collégiens rentreront fatigués et peut-être chamboulés par les expériences nouvelles auxquelles ils auront fait face, mais ils auront appris avec leur troupe, ils auront atteint certaines de leurs limites, ils en auront peut-être dépassées aussi, grâce au soutien et à l’encouragement des chefs. Le week-end de rentrée n’est pas entièrement confortable, mais il montre au collégien que d’autres sont passés par là et qu’il peut accomplir de grandes choses, en avançant pas à pas, soutenu par les autres scouts qui sont à ses côtés. Il trouve auprès de ses pairs un soutien complémentaire de celui de ses parents, un socle qui lui donnera une stabilité pour sa vie d’adulte. Constance confirme : "Les chefs sont de très bons messagers de notre éducation, ils sont de bons exemples, notre fils veut leur ressembler."
Au fur et à mesure des années, les collégiens vont développer leur autonomie, leur résistance, leur confiance en leurs capacités. Cela ne se fera pas en un jour. Les parents, se familiarisant avec leurs propres réticences, apprennent à faire confiance à leur jeune, à le laisser apprendre à voler, progressivement, pour pouvoir, dans pas si longtemps, le voir déployer tous ses talents.