Au centre de Chymkent, ville située au sud du Kazakhstan, se trouve une petite église dédiée à sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus. Deux prêtres trentenaires y officient : les pères Esteban et Lorenzo, originaires d’Argentine et d’Italie. Un samedi matin de juin, quinze adolescents kazakhs pénètrent dans la cour, impatients de participer à la sortie du jour. Ils sont d'origine russe, polonaise, allemande ou encore arménienne. Ils forment la troisième génération des habitants déportés par Staline sous l’ère soviétique, venue avec leur religion.
Une oasis verte en plein désert
"L’été est une période très intense pour nous", relève le père Esteban. "Après la sortie d’aujourd’hui, débute demain un camp d’une semaine avec les plus grands. Ensuite ce sera le camp des enfants. Suivront beaucoup d’autres activités." Pour cette sortie, il a troqué sa soutane pour un tee-shirt de l'équipe nationale kazakh, un soleil et un aigle jaune vif, sur fond bleu azur. Deux jeunes sœurs de la même famille religieuse que les pères sont de la partie.
Après une heure de route sous une chaleur accablante, le groupe arrive dans une oasis de fraîcheur cachée dans un vallon au milieu de la sécheresse. Un magnifique lac d’eau glacée entouré par des bosquets d’arbres à l’ombre desquels sont disposées des tables sur pilotis typiques de la région. C'est parti pour une après-midi entre pique-nique, chants, sauts dans l’eau et volley-ball, sport qui a les faveurs de la jeunesse kazakh.
Créer une nouvelle génération de catholiques
Lors de la messe dominicale du lendemain, sur la trentaine de fidèles, 80% ont moins de 20 ans. "Nous avons très peu de familles, trois tout au plus", explique le père Esteban. "Viennent principalement des jeunes qui sont invités par leurs voisins, leurs amis, pour participer à nos activités. Quelques fois ils emmènent leurs parents à l’église, cela est beau à voir, mais c’est très rare."
"Notre première mission est donc de former une communauté catholique, poursuit le prêtre, car en dehors de l’église les jeunes ne reçoivent pas de culture chrétienne. Leurs parents n’ont pas cette culture assez ancrée en eux pour la leur transmettre."
La communauté se renouvelle.
Mais ces jeunes quittent souvent le Kazakhstan à cause du peu de perspectives qu'offre le pays. "Cela est très difficile, car ce sont des jeunes que nous avions patiemment formés", confie le père Esteban. "Mais heureusement nous en voyons d’autres arriver. La communauté se renouvelle". "Un travail qui prend des années, dont les missionnaires ne voient pas forcément les fruits. "Mais Dieu sait plus que nous", ajoute le prêtre.
"Les jeunes pousses", c’est par cette expression que le pape François désigne les communautés catholiques d’Asie centrale. Une expression qui convient donc parfaitement à la communauté de Shymkent composée principalement d’enfants, d’adolescents et de jeunes adultes. Une petite communauté, fragile, mais appelée à s’épanouir.