Après l’inquiétude grandissante qui a étreint Royaume-Uni ce jeudi 8 septembre et la vague de prières qui a submergé les réseaux sociaux, l’annonce tant redoutée a eu lieu : la reine Elisabeth II s’est éteinte "paisiblement" dans l'après-midi du 8 septembre à l’âge de 96 ans dans sa résidence écossaise de Balmoral, a annoncé Buckingham Palace.
Les médecins de la reine s’étaient déclarés ce jeudi "préoccupés" par son état de santé et avaient "recommandé qu'elle soit placée sous surveillance médicale", tandis que sa famille s’est rassemblée au château de Balmoral. Peu de temps après l'annonce de sa disparition, le pape François a rendu hommage au "dévouement" et au "témoignage inébranlable de foi en Jésus-Christ" de la reine d’Angleterre.
Gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre
La monarque bien-aimée des Britanniques, à la longévité record et à l’immense popularité, avait fêté en juin ses 70 ans de règne. Un Jubilé de platine pour lequel le pape François lui avait adressé un télégramme, assurant la souveraine de ses prières pour que Dieu lui accorde, ainsi qu’à sa famille et à son peuple, des "bénédictions d’unité, de prospérité, et de paix". En effet, en tant que suzeraine du Royaume-Uni, Elisabeth II était aussi gouverneur suprême de l’Église d’Angleterre. Dans les faits, il ne s’agit que d’un rôle titulaire, le chef spirituel de l’Église anglicane – séparée de l’Église depuis 1534 – étant l’archevêque de Cantorbéry – actuellement Justin Welby.
Elisabeth II avait vu sa santé se dégrader depuis une nuit à l'hôpital il y a près d'un an, pour des raisons jamais précisées. Elle n'apparaissait plus que rarement en public, ses services évoquant des problèmes de mobilité épisodiques, et déléguait de plus en plus de fonctions à ses héritiers directs, Charles et William.
15 Premiers ministres... et cinq papes
Lors de sa dernière apparition en public, la reine avait officialisé mardi 6 septembre la nomination de Liz Truss au poste de Premier ministre, son 15e chef de gouvernement en 70 ans de règne. Elle avait décidé de rester à Balmoral au lieu de rentrer à Londres où se passe d'habitude la transition entre les Premiers ministres, en raison de ses problèmes de santé.
La reine qui a régné sous sept pontificats au total, avait personnellement rencontré cinq papes. Dès 1951, alors princesse héritière, elle rencontre le pape Pie XII au Vatican. Elle reviendra en tant que reine dix ans plus tard : le 5 mai 1961, la jeune monarque est solennellement reçue avec le prince Philip par Jean XXIII, l’orchestre de la Garde suisse entonnant le God save the Queen. En 1980, la reine revient au Vatican pour y rencontrer Jean-Paul II, en préparation du déplacement du pape polonais au Royaume-Uni. En tant que chef de l’Église anglicane, elle assure alors soutenir "l’unité croissante entre les Églises chrétiennes dans le monde entier" et dit espérer que la visite du Pape "nous permette à tous de voir plus clairement, sous un jour nouveau et constructif, ces vérités qui nous unissent et nous divisent".
En 1982, en pleine Guerre des Malouines qui oppose l’Argentine au Royaume-Uni, le pape Jean Paul II effectue la visite historique prévue au Royaume-Uni durant laquelle il est reçu par la reine d’Angleterre au château de Buckingham. Il reverra la reine une troisième et dernière fois en l’an 2000, au Vatican. Benoît XVI, pour sa part, a rencontré la reine en septembre 2010 à Édimbourg, en Ecosse, dans le cadre de sa tournée au Royaume-Uni pour la béatification du cardinal John Henry Newman. La reine n’a pas rencontré Paul VI, pourtant grand artisan du rapprochement œcuménique avec l’anglicanisme, ni Jean Paul Ier, dont le pontificat fut trop bref. Mais sa rencontre avec le pape François fut particulièrement chaleureuse, et observée avec une certaine curiosité par la presse britannique compte tenu du contentieux territorial qui persiste entre le Royaume-Uni et le pays d’origine du pontife, l’Argentine, au sujet de l’archipel des Malouines, appelées “Falklands” par les Britanniques.
Elizabeth II était veuve depuis la mort de son époux Philip en avril 2021, peu avant ses 100 ans. Le déclin de la santé de la reine, arrivée sur le trône le 6 février 1952, à 25 ans, après la mort de son père George VI, avait d’ailleurs relancé des questions sur l'avenir de la monarchie.