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“Jean Paul Ier”, un choix de nom audacieux

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Mathilde de Robien - publié le 03/09/22
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Albino Luciani, plus connu sous le nom de Jean Paul Ier, est béatifié ce dimanche 4 septembre lors d’une célébration présidée par le pape François place Saint-Pierre. Il avait fait preuve d’une certaine audace en choisissant un nom composé et non encore usité.

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"Quo nomine vis vocari ?" ("De quel nom voulez-vous être appelé ?"). C’est la question posée par le doyen du Collège des cardinaux au pape nouvellement élu à l’issue du conclave. Le nom du nouveau pape est alors proclamé à la foule depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre après la célèbre formule latine "Habemus papam". 

Le 26 août 1978, Jean Paul Ier, originaire de Vénétie, élu pape à l’âge de 65 ans, bouscule quelque peu la tradition. En effet, depuis Landon, pape en 913, les papes prennent le nom d’un de leurs prédécesseurs. Mais tout comme le pape François en 2013, Jean Paul Ier innove, et d'autant plus radicalement qu'il opte pour un nom composé, une première dans l’histoire de l’Église. Un nom qui n'est pas choisi au hasard. Une manière, pour Jean Paul Ier, de rendre hommage aux deux papes qui l’ont précédé, chevilles ouvrières du Concile Vatican II : saint Jean XXIII et saint Paul VI.

Au lendemain de son élection, lors de l'Angélus, Jean Paul Ier revient sur ce choix peu commun : "Ensuite il s'est agi de choisir un nom. Car on demande même le nom qu'on veut prendre ! Moi, j'y avais si peu pensé ! J'ai fait le raisonnement suivant : Le Pape Jean m'a consacré de ses mains, ici dans la Basilique de Saint-Pierre, puis, bien qu'indignement, je lui ai succédé à Venise, sur le Siège de Saint Marc. Ensuite, non seulement le Pape Paul m'a nommé Cardinal, mais quelques mois auparavant, sur la passerelle de la Place St Marc, il m'a fait devenir tout rouge devant 20.000 personnes, car il a pris son étole et l'a déposée sur mes épaules, jamais je ne suis devenu aussi rouge ! D'autre part, en 15 ans de pontificat, ce Pape a montré non seulement à moi, mais au monde entier, comment on aime, comment on sert, comment on travaille et on souffre pour l'Eglise du Christ. Pour cela j'ai dit: "Je m'appellerai Jean Paul"". Avec humilité, vertu dont il avait d'ailleurs fait sa devise épiscopale, il poursuit : "Je n'ai ni la "sagesse du cœur" du Pape Jean, ni la préparation et la culture du Pape Paul. Cependant je suis à leur place, je dois tacher de servir l'Eglise".

Certains spécialistes voient également dans ce choix un clin d’œil à la basilique des Saints-Jean-et-Paul (connue sous le nom de San Zanipolo, contraction en vénitien de Santi Giovanni e Paolo), où reposent les doges de Venise et où travaillait sa mère, Bortola Tancon.

33 jours de pontificat

Décédé d’une crise cardiaque la nuit du 28 septembre 1978, Jean Paul Ier n’aura régné que 33 jours. Jean Paul II lui succède en octobre de la même année. En reprenant le même nom, ce dernier s’inscrit dans la droite lignée de ses prédécesseurs. Il explique son choix dans sa première encyclique Redemptor hominis du 4 mars 1979 : "J'ai voulu porter les noms mêmes qu'avait choisis mon très aimé prédécesseur Jean Paul Ier. Déjà en effet, le 26 août 1978, lorsqu'il déclara au Sacré Collège qu'il voulait s'appeler Jean Paul - un tel double nom était sans précédent dans l'histoire de la papauté -, j'avais vu là un appel éloquent de la grâce sur le nouveau pontificat. Ce pontificat n'ayant duré qu'à peine trente-trois jours, il m'appartient non seulement de le continuer, mais, d'une certaine manière, de le reprendre au même point de départ."

Le court pontificat de Jean Paul Ier est cependant l’occasion de plusieurs évolutions notoires : l’abandon du "nous" de majesté jusqu’alors employé ; ou encore celui de la tiare pontificale, qu’il refuse lors de son intronisation. Le détail le plus marquant est son sourire qui lui vaudra son surnom de "pape au sourire".

Le 13 octobre 2021, le pape François avait approuvé un décret de la Congrégation pour les causes des saints reconnaissant un miracle survenu le 23 juillet 2011 à Buenos Aires (Argentine) : une fille de onze ans aurait guéri inexplicablement d’une "encéphalopathie inflammatoire aiguë sévère" et "d’une épilepsie réfractaire maligne et d’un choc septique" après plusieurs mois à l’hôpital et alors que son pronostic vital était fortement engagé. 

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