Le massacre, dimanche 5 juin, d’une quarantaine de chrétiens alors qu’ils assistaient à la messe dans l’église Saint-François-Xavier au sud-ouest du Nigeria, à Owo, restera gravé dans les mémoires. Deux mois après les faits, le 10 août, l’un des responsables de l’armée nigériane, le générale Jimmy Akpor, a annoncé l’arrestation de deux responsables présumés : Al-Qasim Idris et Abdulhaleem Idris. Cette arrestation faisait suite à celle de quatre autres personnes, appréhendés début août à Eika, dans l’état de Kogi, lors d’une opération coordonnée entre l’armé et le renseignement militaire.
"Nous voulions présenter immédiatement les suspects au public, mais nous n’avons pas pu le faire car certaines enquêtes sont toujours en cours", a déclaré le général, qui a annoncé la capture, le 7 août à Aiyetorosi, dans l’état d’Ondo, d’Idris Ojo (37 ans), l’un des membres les plus en vue de l’Etat islamique dans la province d’Afrique de l’Ouest (ISWAP) qui s’était échappé de la prison de Kuje. "Ojo planifiait d’autres attaques meurtrières et perfectionnait ces plans avec ses acolytes avant d’être capturé", a déclaré le chef d’état-major des armées dans des propos rapportés par l’agence Fides. "En temps voulu, le monde verra qui est derrière d’autres attaques dans le pays".
L'ISWAP responsable en partie du massacre
Selon les autorités, le massacre de l’église d’Owo est également l’œuvre de l’ISWAP. Arakunrin Akeredolu, le gouverneur de l’état d’Ondo, a déclaré qu’une personne qui avait fourni un logement aux suspects avant l’attaque a également été arrêtée. L’ISWAP a également revendiqué une série d’attaques et l’assaut contre de la prison d’Abuja au début du mois de juillet, qui a permis l’évasion de plus de 400 prisonniers, dont la plupart ont ensuite été arrêtés par les forces de sécurité.
Avec près de 210 millions d’habitants, le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique et l’un des pays les plus peuplés au monde. Il souffre d’une insécurité rampante et préoccupante. Théâtre de violences djihadistes depuis douze ans dans le nord-est, de mouvements séparatistes au sud-est, de pilleurs au nord-ouest, le pays voit maintenant l’insécurité gagner le sud-ouest. Les massacres de chrétiens ainsi que les enlèvements et assassinats de prêtres soulèvent l’indignation et la colère de nombreux religieux et évêques pour qui la situation sécuritaire du pays est devenue hors de contrôle. Fin juillet, alors qu’il célébrait les obsèques d’un prêtre sauvagement assassiné au Nigeria, le père Jega Daniel Romanus a affirmé que les chrétiens au Nigeria sont devenus "une espèce en voie de disparition" . "Aujourd’hui, nous enterrons un prêtre qui est la victime d’un gouvernement local défaillant, d’un État défaillant et d’un pays défaillant", a-t-il repris. Et de conclure : le Nigeria est "un pays où les animaux sont plus libres que les êtres humains ; un pays où les animaux ont plus d’espoir d’atteindre le lendemain que les êtres humains".